Airs, duos et scènes du répertoire français
Gaëlle Arquez mezzo-soprano
Jean-Sébastien Bou baryton
Mathieu Pordoy piano
Programme
Gluck —
Iphigénie en Aulide : « Dieux puissants que j'atteste »,
Iphéninie en Tauride : « Dieux protecteurs... Le calme entre dans mon coeur »
Iphéninie en Tauride : « Non, cet affreux devoir... Je t'implore et je tremble »
Orphée et Eurydice : Ballet des ombres heureuses
Bizet —
Carmen : Séguedille
Les Pêcheurs de Perles : « L’orage s’est calmé... Ô Nadir »
« Rêvons »
Thomas —
Hamlet : « La fatigue alourdit mes pas... Comme une fleur pâle »
Massenet —
Werther : « Werther, Werther... Ces lettres »
Debussy —
Clair de lune
Fêtes Galantes II : « Les ingénus », « Le Faune », « Colloque sentimental »
Pelléas et Mélisande : scène 1 de l'acte II (Duo de la fontaine)
Ravel —
A la manière de Chabrier
L'Heure Espagnole : « Oh ! la pitoyable aventure »
Don Quichotte à Dulcinée
Chabrier —
Le Roi malgré lui : Barcarolle
BIS —
Saint-Saëns - Boléro
Messager - Véronique : « De ci de là »
C’est une soirée exquise que nous ont offert Gaëlle Arquez et Jean-Sébastien Bou à la salle Favart, ravissante bonbonnière et écrin idéal pour servir la musicalité subtile de ces deux artistes. Appartenant dorénavant à la Nouvelle Troupe Favart, la mezzo-soprano et le baryton français désiraient entamer une collaboration artistique avant les répétions du Comte Ory, opéra de Rossini qui sera donné à l’Opéra Comique au mois de décembre prochain et dans lequel ces deux chanteurs tiendront respectivement les rôles d'Isolier et de Rimbaud, aux côtés de Philippe Talbot et Julie Fuchs. Il s’agissait donc pour eux deux d’une première rencontre musicale : à cette occasion, ils ont proposé au public un récital composé exclusivement de morceaux extraits du répertoire français où se rencontrent mélodies et airs d’opéra, solos et duos, airs connus et raretés, morceaux du XVIIIe siècle et d’autres du XXe. Ainsi, on a pu juger de leur talent protéiforme et apprécier leur complicité et leur enthousiasme communicatif.
Les différents airs des opéras de Gluck présentés ici n’ont pas mis en valeur les deux artistes, révélant plutôt dans leur chant un certain manque de souplesse, d’aplomb et de feu pour ce répertoire, même si on remarque leur attention extrême portée au texte. Bizet, cependant, met au jour leurs charmes respectifs, la séduction du timbre et l’art de la ligne chez Gaëlle Arquez, la profondeur psychologique et cette qualité indicible, le « style », chez Jean-Sébastien Bou. Les deux artistes servent ensuite avec délicatesse et en parfait accord un très beau duo de Bizet, peu connu, intitulé « Rêvons ». Après l’arioso d’Hamlet tiré de l’opéra éponyme d’Ambroise Thomas, subtilement interprété par Jean-Sébastien Bou, Gaëlle Arquez a choisi d’incarner Charlotte dans le fameux Air des Lettres, extrait du Werther de Massenet, où elle s'investit complètement et fait montre de ses plus belles qualités, notamment sa capacité à varier les intentions et son aptitude à déployer les beautés et la puissance de son instrument. Trois mélodies de Debussy, composées sur des poèmes de Verlaine, ont ensuite été interprétées par Jean-Sébastien Bou : il y dévoile ses talents de diseurs, sa musicalité soignée et son chant gracieux, surtout dans un magnifique « Colloque sentimental », mélodie qui propose un exercice similaire à celui du lied de Schubert « Erlkönig », dans lequel le baryton doit emprunter successivement les voix de plusieurs personnages. C’est avec un immense plaisir qu’on retrouve le baryton, un mois après les représentations au Théâtre des Champs-Élysées de l'opéra de Debussy, en Pelléas noble, avec à ses côtés la Mélisande sensuelle et mutine de Gaëlle Arquez. On oublie un temps que nous sommes en récital devant l’implication dramatique des deux chanteurs, complices comme jamais. Enfin, la mezzo-soprano chante avec une grande maîtrise et une espièglerie délicieuse « Oh ! la pitoyable aventure » : assurément un des grands moments de la soirée. Les trois mélodies du cycle de Ravel Don Quichotte à Dulcinée ne sont pas moins bien servies par un émouvant Jean-Sébastien Bou. Les deux chanteurs, pour finir, unissent leurs voix dans la Barcarolle du Roi malgré lui de Chabrier, chantée avec amour et finesse.
Devant l’enthousiasme du public (clairsemé dans une salle qui n'était pas intégralement remplie), les deux chanteurs accordent deux bis, un Boléro de Saint-Saëns et le ravissant duo « De ci de là » tiré de l’opérette Véronique de Messager. Encore une fois, c’est un très grand bonheur.
Il faut pour terminer saluer le talent de Mathieu Pordoy, pianiste qui accompagnait impeccablement les deux chanteurs et qui a également proposé quelques solos, dont on retiendra surtout le Ballet des ombres heureuses extrait d'Orphée et Eurydice de Gluck, arrangé pour piano, et le Clair de lune de Debussy, superbement interprétés, avec un doigté délicat et un excellent phrasé. Deux grands moments d'émotion.
Clément Mariage
Récital G. Arquez/J.-S. Bou - M. Pordoy - Favart - 10/06/2017
Récital G. Arquez/J.-S. Bou - M. Pordoy - Favart - 10/06/2017
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
— Shakespeare, Macbeth
— Shakespeare, Macbeth
Re: Récital G. Arquez/J.-S. Bou - M. Pordoy - Favart - 10/06/2017
Pour moi, une petite soirée sympathique, sans plus.