Puccini La Bohème-Hussain-Laffargue-Rouen- 06 / 2017

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pingpangpong
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Puccini La Bohème-Hussain-Laffargue-Rouen- 06 / 2017

Message par pingpangpong » 03 juin 2017, 17:48

Opéra en quatre tableaux
Livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa d’après le roman de Henry Murger, Scènes de la vie de bohème (1851)
Création au Teatro Regio de Turin, le 1er février 1896

Direction musicale Leo Hussain assisté d’Antoine Glatard
Direction musicale Antoine Glatard (lundi 12 juin)
Mise en scène Laurent Laffargue assisté de Clovis Bonnaud
Décors Philippe Casaban, Éric Charbeau
Costumes Hervé Poeydomenge
Lumières Patrice Trottier

Distribution:
Rodolfo Alessandro Liberatore
Mimi Anna Patalong
Schaunard Mikhael Piccone
Marcello William Berger
Benoît Gilen Goicoechea
Alcindoro Nicolas Rigas
Colline Yuri Kissin
Musetta Olivia Doray
Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie
Chœur accentus / Opéra de Rouen Normandie
Maîtrise du Conservatoire à Rayonnement Régional de Rouen
Production
Production de l’Opéra de Rouen Normandie d’après une Production originale de l’Opéra National de Bordeaux


Venue de Bordeaux où elle fut créée et reprise respectivement en septembre 2007 puis 2014, cette production vise juste en plaçant les héros de Murger juste avant l'implosion de la société française en 1968. Warhol, Fontana ou le général de Gaulle sont donc de la partie. Le livret n'étant que rarement en porte-à-faux avec les images pop qui nous sont proposées, il y a de quoi jubiler d'autant que la fluidité du spectacle, la direction des personnages principaux comme des mouvements de foule, le dispositif même, les transitions entre les actes, servent efficacement les rouages de l'opéra de Puccini que sont l'amour de la vie et la jeunesse.

Le hic est que la dèche, la débrouille, les lendemains qui ne chantent pas toujours, la maladie, ne nous prennent pas par la main pour nous conduire vers la tragédie finale, et à l'émotion qui devrait en découler. La faute peut-être à des costumes d'époque redevenus pour la plupart au goût de la nôtre, nostalgiques que nous sommes de meubles en formica ou de vêtements Velvet Underground, que l'on peut, en 2017, acquérir, souvent au prix fort, dans les boutiques vintage qui fleurissent un peu partout. Les personnages paraissent ainsi plus “branchés“ que pauvres. Mimi n'a rien d'une cousette ni d'une phtisique, ni dans ses tenues, ni dans son jeu. Pas plus l'équipe de joyeux lurons qui l'entoure jusqu'à l'ultime instant n'a-t-elle l'air de tirer le diable par la queue, et, si ces jeunes sont issus de familles bourgeoises comme mentionné par le metteur en scène, on ne comprend pas ce qui les empêche de faire soigner leur amie à l'article de la mort. Et si la mansarde est modestement meublée c'est sans doute plus par choix d'une vie en rupture avec les familles que par manque d'argent.
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Malgré tout, Alcindoro est toujours là pour régler la note à Momus, Colline pour mettre sa “vecchia zimarra“ au clou, et les petites gens tôt levés dans le froid hivernal pour demander l'ouverture de la Barrière d'Enfer, ici les portes de la boîte de nuit justement nommée La Bohème où les héros sont allés passer la nuit.
Chef dynamique et soucieux du détail, Léo Hussain met en valeur les raffinements de la partition, tirant de ses musiciens le meilleur d'eux-mêmes, lyrisme et poésie mêlés, le choeur suivant sans peine ce mouvement.
Côté solistes, la prestation de Alessandro Liberatore laisse dubitatif, aucune annonce n'ayant été faite. En difficulté dès le début, souffrant visiblement, et audiblement, de problèmes d'émission l'empêchant de pousser sa voix, de tenir les notes et la ligne, de nuancer, il en vient même à concurrencer Mimi au III, toussant et tentant de s'éclaircir la gorge discrètement. Seul le dernier acte le verra moins trémulant. La voix possède pourtant un beau timbre solaire comme il sied à Rodolfo. Dommage...
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Souplesse vocale et souffle ne manquent pas à A.Patalong, Mimi cependant sans fragilité, à laquelle on a du mal à croire, appliquée et bien chantante.
O.Doray déçoit un peu en Barbarella / Musetta, bombe sexuelle à libérer d'urgence, aux aigus trop durcis pour l'effet escompté vocalement.

Le niveau monte nettement du côté des trois compagnons de Rodolfo, à commencer par un Marcello/ William Berger solide, chant aéré, timbre ferme et tenue exemplaire. Y.Kissin/Colline, lui aussi, fait montre de classe dans ses adieux à son blouson, tandis que le Schaunard de Mikhael Piccone complète efficacement le quatuor. Et leur complicité fait plaisir à voir comme il est plaisant de voir le Benoit bon enfant de G. Goicoechea, qui trouve le moyen de nous placer un “J'aime les filles“ de J.Dutronc de son cru, le temps d'un changement de plateau avant l'acte IV.

En sortant, il ne restait plus au public, peu regardant sur les quelques défauts de ce spectacle, qu'à prendre la direction de la plus ancienne discothèque de France, à quelques rues de là, bien connue des rouennais et baptisée …. La Bohème.

E.Gibert
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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