Falvetti:Il Diluvio Universale-Capella Mediterranea/Chœur de Namur/Garcia Alarcon-Lyon 5/2017

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petitchoeur
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Falvetti:Il Diluvio Universale-Capella Mediterranea/Chœur de Namur/Garcia Alarcon-Lyon 5/2017

Message par petitchoeur » 13 mai 2017, 23:39

Michelangelo Falvetti (1642-1692) : Il Diluvio Universale
Dialogue à cinq voix et cinq instruments (1682)
Livret de Vincenzo Giattini (1630-1697).

Roberta Mammeli : soprano (Rad)
Fernando Guimarães : ténor (Noé)
Evelyn Ramirez Munoz : mezzo-soprano (la Justice divine)
Fabián Schofrin : contre-ténor (la Mort)
Magali Arnault Stanczak : soprano (l'Eau)
Matteo Bellotto : basse (Dieu)
Emmanuelle de Negri : soprano (l'Air & la Nature humaine)
Mathieu Montagne : ténor (le Feu)
Sergio Ladu : basse (la Terre)
Keyvan Chemirani : zarb, udu, darf

Cappella Mediterranea
Chœur de chambre de Namur
Leonardo García Alarcón : direction


Auditorium Maurice Ravel à Lyon le 9 mai 2017.

Oublié depuis trois siècles Il Diluvio Universale de Michelangelo Falvetti a été exhumé de la bibliothèque de la Fondation Giorgio-Cini de Venise, pour le livret, et de la Biblioteca Regionale Universitaria de Messine, pour la musique, par Nicolo Maccavino, musicologue italien, professeur au conservatoire F.Cilea de Reggio de Calabre, qui en a assuré l’édition en 2002. C’est le ténor Vincenzo Di Betta qui, en Sicile, l’a proposé à Leonardo Garcia Alarcon. « Dans cette œuvre, les forces les plus primitives de la nature surgissent au moment où l’on prononce le mot déluge. La peur et l’instinct de survie s’entrelacent, puis surgit Dieu, dont on implore la pitié par des cris de douleur indéfinissables. En lisant cette partition, j’ai compris à quel point il était évident que ce territoire entouré d’eau ait inspiré au compositeur cette musique capable de transmettre les émotions contenues dans cette histoire si particulière » (Leonardo Garcia Alarcon in le livret de l’enregistrement qu’il a réalisé du Diluvio sous le label Ambronay en 2011. Diffusion HM).
C’est en 1682 qu’est créé ce Diluvio Universale à Messine où le Calabrais Falvetti (1642-1692) vient d’être nommé maître de chapelle de la cathédrale. L’effectif instrumental de la cathédrale de l’époque explique le choix obligé des cinq voix de l’orchestre : violons, violes, luth, sacqueboutes et orgue. Le livret est concis : peu de personnages (les quatre éléments, la Nature Humaine, Noé et Rad, son épouse, la Mort et Dieu) et pas de narrateur. Un chœur qui tient un rôle important.
Alternent, dans la partition, des passages lyriques, méditatifs très variés et des sections narratives sous forme de récitatif ou d’arioso. S’ajoutant aux musiciens baroques habituels, Garcia Alarcon a fait appel à Keyvan Chemirani, percussionniste de tradition iranienne qui, en improvisant au zarb, à l’oud et au darf, amplifie les forces de la nature submergeante, accentue la peur et les cris de douleur des hommes face à la punition divine, soutient la miséricorde réclamée à Dieu par Noé. Le résultat est impressionnant. Pour Garcia Alarcon, Chemirani est le gardien d’une tradition de la musique populaire sicilienne : un musicien improvisateur tout à l’écoute des sentiments exprimés par les chanteurs et les instrumentistes.
Il Diluvio Universale fut la révélation du Festival d’Ambronay 2010. Depuis les mêmes interprètes que ce soir à Lyon (en dehors de quelques solistes) ont donné ce chef-d’œuvre oublié près de cinquante fois dans le monde entier avec un immense succès. A Lyon l’enthousiasme fut tel que les musiciens ont offert quatre bis dont l’air éblouissant a sei voci extrait du Dialogo del Nabucco du même Falvetti ! Enregistré lui aussi sous le label Ambronay en 2012 par la même équipe. Tous ces musiciens sont à louer : les instrumentistes de la Capella Mediterranea, créée par Garcia Alarcon en 2005, à la technique parfaite et la musicalité séduisante, particulièrement Gustavo Gargiulo et Rodrigo Calveyra aux cornets, Fabien Cherrier et Jean-Noël Gamet aux sacqueboutes. Le Chœur de Chambre de Namur, dirigé par Garcia Alarcon depuis 2010, criant sa douleur face à la montée inexorable des flots, implorant en vain de l’aide puis louant Dieu au retour du soleil et de la vie. Noé (Fernando Guimaraes au timbre lumineux) et Rad (Roberta Mammeli à la voix magnifiquement projetée) forment un duo d’amoureux pleins d’espérance. Matteo Belloto à la voix puissante et au timbre profond est Dieu furieux, que Noé parvient à attendrir. Emmanuelle de Negri, est aérienne dans le rôle de l’Air et très émouvante dans la Nature Humaine, avec quelle intensité! La voix de Magali Arnault Stanczak (l’Eau) est limpide et cristalline. Evelyne Ramirez Munoz est une impérieuse et intraitable Justice Divine. Fabian Schofrin, la Mort, est un contre-ténor puissant et un remarquable comédien. Matthieu Montagne (le Feu) et Sergio Ladu, (la Terre), tous deux issus du chœur, sont, eux aussi, excellents.
Leonardo Garcia Alarcon dirige orchestre, chœur et solistes d’une gestuelle dynamique et efficace. Il a su créer une entente, voire une connivence, qui irradie tous les pupitres. Et son enthousiasme est communicatif. C’est un grand découvreur de compositeurs rares. Précipitez-vous si Falvetti est programmé près de chez vous. Sinon rendez-vous chez votre disquaire !
Pierre Tricou

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