Rossini - Semiramide - Hindoyan/Raab - Nancy - 05/2017

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Re: Rossini - Semiramide - Hindoyan/Raab - Nancy - 05/2017

Message par jerome » 09 mai 2017, 23:21

on pourrait discuter longtemps des dégradations irréversibles que certaines prises de rôles (y compris celles pour uniquement le disque!) ont provoquées sur la voix de Scotto qui a toujours voulu jouer à la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf en se prenant pour le spinto qu'elle n'a jamais pu être.
Fagioli, c'est différent parce qu'il ne force pas ses fabuleux moyens et qu'il assume cette prise de rôle comme étant une expérimentation musicale.
Evidemment qu'il n'est pas Horne! Malheureusement personne ne l'a été jusqu'ici et personne ne l'est! Pour autant, c'est fait avec brio, style et goût et à aucun moment on n'entend un contre-ténor (au sens où on l'entend habituellement ...)

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Re: Rossini - Semiramide - Hindoyan/Raab - Nancy - 05/2017

Message par Peleo » 10 mai 2017, 12:44

mes: Je n'ai rien compris même après avoir lu l'article du programme.
costumes étranges; celui d'Idreno est une ridicule adaptation d'une tenue Louis XIV, les autres naviguent entre les styles Louis XV et Louis XVI, et Azema est une domestique louis-philipparde...
Jicia, plus crédible que dans Elena ne se fatigue pas beaucoup à faire des variations. La voix de Di Pierro manque d'impact mais il a vraiment bien varié la reprise de sa cabalette. Grills ne nous fait pas regretter l'air du I. Beggi très très impressionnant, voix superbe.
Reste Fagioli pour qui j'ai une immense admiration et que j'ai entendu de nombreuses fois. Bien sûr, j'étais à Nancy pour lui; comme j'étais allé à Lille. De plus j'ai beaucoup aimé son CD Rossini. Mais Arsace n'est pas pour lui. On arrive à y croire parfois; aria et cabalette du I, aria du II. Parfois il est complètement inexistant, duo avec Assur, ensembles. Et les duos avec Semiramide sont corrects mais m'ont laissé assez indifférent. Du coup, j'attends avec impatience l'occasion de l'applaudir à nouveau dans un rôle qui lui conviendra.

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Re: Rossini - Semiramide - Hindoyan/Raab - Nancy - 05/2017

Message par Peleo » 10 mai 2017, 20:10

J'ai oublié; je ne sais pas ce qui cloche, orchestre ou chef, c'est assez routinier.
Mais quel CANON !

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Re: Rossini - Semiramide - Hindoyan/Raab - Nancy - 05/2017

Message par Michel » 10 mai 2017, 21:56

J'étais à la première et j'y suis retourné hier.
jerome a écrit :
09 mai 2017, 23:21
Fagioli, c'est différent parce qu'il ne force pas ses fabuleux moyens et qu'il assume cette prise de rôle comme étant une expérimentation musicale.
Evidemment qu'il n'est pas Horne! Malheureusement personne ne l'a été jusqu'ici et personne ne l'est! Pour autant, c'est fait avec brio, style et goût et à aucun moment on n'entend un contre-ténor (au sens où on l'entend habituellement ...)
Contrairement à toi, je trouve qu'il force nettement ses moyens, qu'il a évidemment exceptionnels, personne ne le conteste. Le suraigu en devient forcé, tendu, crié et surtout les graves superpoitrinés sont moches, grasseyants, sans plus aucune soudure entre registre de poitrine et de tête. Clairement, j'ai entendu constamment un contre-ténor qui essaye de se faire aussi gros que le boeuf/taureau (au choix :lol: ). Pour faire court, il parvient à chanter Arsace, et c'est une sacrée performance sportive, mais le résultat musical ne m'a pas franchement convaincu. Et pourtant, j'étais un des premiers à porter aux nues son Arbace dans Artaserse...
Stefano P a écrit :
09 mai 2017, 21:47
Bon, tant mieux ! Je m'étonne quand même un peu que toi qui es (à juste titre, d'ailleurs) si pointilleux sur le fait d'attribuer un rôle à une voix qui en a la capacité intrinsèque, la largeur, la puissance et le "format" adéquats (et qui argumente souvent sur un plan historique en faisant référence aux formats vocaux des créateurs des rôles, en montrant qu'ils ne correspondaient en rien à ceux de certains interprètes modernes imprudents ou trop présomptueux) ne soit pas plus interpellé par le fait qu'on attribue un rôle de contralto à un contre-ténor, et tout particulièrement un rôle aussi lourd et exigeant que celui d'Arsace, où l'expressivité compte beaucoup, au-delà d'une virtuosité dont certainement Fagioli n'est pas dépourvu.
A mon avis aussi, Fagioli s'égare en s'attaquant à ce type de rôle. Jusqu'ici, il nous a éblouis mais en chantant des rôles écrits spécifiquement pour des castrats. Même Sesto dans La Clemenza di Tito (qu'il a chanté à Nancy) ou Arbace dans Aureliano in Palmira (à Martina Franca en 2011) étaient prévus pour des castrats. Là, c'est un rôle écrit pour une voix féminine de contralto/mezzo. Et c'est complètement différent.
Pour ma part, j'y préfère une mezzo : timbre plus riche, colorations plus variées , projection quand même supérieure (même si celle de Fagioli est supérieure aux autres contre-ténors)
L'expressivité est effectivement fondamentale dans ce répertoire, et pas seulement la virtuosité. La variété des colorations possibles y contribue. Avec une technique, même superlative, de contre-ténor, c'est très monochrome par essence. Je rajouterai que Fagioli m'a paru tellement engagé physiquement dans l'émission vocale qu'il lui était impossible d'encore tenter d'incarner le personnage. La mise en scène avec ses geste et attitudes antinaturels et outrés ne l'y aidait certes pas non plus.
Peleo a écrit :
10 mai 2017, 20:10
J'ai oublié; je ne sais pas ce qui cloche, orchestre ou chef, c'est assez routinier.
Mais quel CANON !
Je suppose que tu parles du chef. Ma voisine a fait la même remarque aux saluts. Au cas où tu l'ignorerais, c'est le mari de Sonya Yoncheva.

Stefano P

Re: Rossini - Semiramide - Hindoyan/Raab - Nancy - 05/2017

Message par Stefano P » 10 mai 2017, 22:17

Michel a écrit :
10 mai 2017, 21:56
Je suppose que tu parles du chef. Ma voisine a fait la même remarque aux saluts. Au cas où tu l'ignorerais, c'est le mari de Sonya Yoncheva.
Ah, c'est sûr qu'elle a pas choisi le plus moche ! :wink:

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Re: Rossini - Semiramide - Hindoyan/Raab - Nancy - 05/2017

Message par Peleo » 10 mai 2017, 22:17

Oui, on m'a dit ça.
MALEDIZIONE !!!

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Re: Rossini - Semiramide - Hindoyan/Raab - Nancy - 05/2017

Message par Remigio2 » 11 mai 2017, 08:43

Ca finit à quelle heure ce soir ? Avec un début à 20H, même avec les coupes, ça doit nous emmener facilement vers minuit, non ?

Rendez-vous ODBien à l'entracte ?

R.
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Stefano P

Re: Rossini - Semiramide - Hindoyan/Raab - Nancy - 05/2017

Message par Stefano P » 11 mai 2017, 08:54

Rappelons que c'est aussi diffusé à 20h00 ce soir sur Culturebox, mais pas en direct (il s'agit si j'ai bien compris d'un montage à partir des captations du 7 et 9 mai).

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Re: Rossini - Semiramide - Hindoyan/Raab - Nancy - 05/2017

Message par aurele » 11 mai 2017, 09:32

Remigio2 a écrit :
11 mai 2017, 08:43
Ca finit à quelle heure ce soir ? Avec un début à 20H, même avec les coupes, ça doit nous emmener facilement vers minuit, non ?

Rendez-vous ODBien à l'entracte ?

R.
Mardi, cela a fini aux alentours de minuit, en comptant les saluts.

De ma place, je devais me pencher assez régulièrement pour voir ce qui se passait sur l'estrade de droite et je n'ai pu qu’entrapercevoir le miroir.
Le concept de la mise en scène n'apporte rien à cet opéra. Il n'y a pas de véritable direction d'acteurs. Les costumes ne sont pas toujours très pertinents, même dans cette optique de mise en scène baroque, notamment celui d'Idreno. Néanmoins, sur le plan esthétique, c'est globalement agréable à regarder.

J'ai trouvé la direction de Domingo Hindoyan très réussie. La musique de Rossini coule de source sous sa baguette, il n'en fait jamais trop.
Salomé Jicia manque de brillant comme certains d'entre vous l'ont fait remarquer. Certains aigus m'ont paru un peu tendu. La vocalisation est globalement bien assurée mais il manquait quelque chose en matière d'incarnation, même si à partir du second acte, je l'ai sentie plus impliquée. La voix est intéressante et le registre grave est bien développé.
Concernant Franco Fagioli, on ne l'entend pas ou quasiment pas dans le grand ensemble qui termine l'acte I et dans certaines notes aigus effectivement, même de la première galerie. Néanmoins, je l'ai trouvé remarquable en particulier dans ses deux grands airs. Évidemment qu'interpréter ce rôle relève de l'expérimentation mais j'ai été enchanté de l'entendre pour la première fois en salle. Ses graves poitrinés, je les adore personnellement. Je lui trouve une vraie présence scénique.
Nahuel di Pierro a surtout été très bon dans sa grande scène du deuxième acte. La vocalisation rossinienne ne lui convient pas totalement et il lui manque une certaine ampleur dans le grave. Néanmoins, c'était plus que satisfaisant.
Matthew Grills a été très decevant dans son deuxième air et je n'ai pas été fan de ses aigus.
Fabrizio Beggi a une voix superbe et une autorité naturelle en Grand Prêtre et ombre de Nino. Une très belle découverte que cette basse.
Inna Jeskova et Ju In Yoon ont assuré dans leurs rôles très secondaires.
Globalement, surtout grâce à la direction orchestrale et au chant, j'ai passé une très bonne soirée.

Stefano P

Re: Rossini - Semiramide - Hindoyan/Raab - Nancy - 05/2017

Message par Stefano P » 13 mai 2017, 08:05

J'ai vu la captation (et uniquement la captation, j'insiste : ce que l'on pouvait ressentir en salle pouvait être évidemment différent, je le conçois :wink: ) et je dois dire qu'elle a confirmé les doutes que je pouvais avoir (le CD Rossini de Fagioli était déjà pour moi un ratage absolu) ; c'est évidemment autour de l' "événement" que constitue l'Arsace de Fagioli que cette production a dû être montée, et c'est bien sûr ce qui focalise l'attention du spectateur. On a pu parler d' "expérimentation musicale" à ce propos, je parlerais plutôt pour ma part d'aberration historique et stylistique : il est évident que le contralto rossinien n'a rien à voir avec la figure du castrat, et qu'il constitue un type vocal autonome et un canon esthétique et musical particulier, qu'un contre-ténor ne saurait substituer, comme cela peut-être le cas dans le répertoire baroque (et dans Haendel tout particulièrement).

Quand on voit cette prestation absurde, on est à la fois consterné et attristé : le malheureux Fagioli, dont je reconnais que les moyens sont nettement supérieurs à ceux de la plupart de ses collègues, doit se contorsionner en permanence pour tenter de trouver la voix d'Arsace qu'il ne possède évidemment pas ; il essaie d’unifier désespérément des registres beaucoup trop disparates, entre les aigus tendus et forcés et les graves poitrinés à mort, le medium fibreux n'ayant évidemment pas le velouté et la plénitude qui seraient nécessaires. Alors évidemment, entre les grands écarts de registre et les respirations intempestives, l'expressivité se perd et le sens du texte s'étiole, on ne comprend plus grand chose dans cette bouillie laborieuse et maniérée qu'il nous sert. Le duo magnifique du deuxième acte Giorno d'orrore n'est plus qu'un long chemin de croix, avec le cantabile où les deux voix doivent se fondre (In cor sensibile / Trovar pietà) réduit ici à une triste caricature, une union laborieuse et forcée là où l’on devrait entendre une fusion extatique. C'est vraiment la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, comme le dit l'un des commentateurs précédents, et j'ai du mal à comprendre comment on peut qualifier de géniale une catastrophe vocale de cette ampleur (ou alors disons que c'est génialement raté, ce qui peut aussi se concevoir)...

C'est d'ailleurs tout le spectacle qui passe à côté de la démesure du Rossini seria : la mise en scène stylisée et vaguement baroquisante empêche le spectacle de vraiment décoller (et quitte à avoir un homme dans le rôle d'Arsace, il n'était sans doute pas nécessaire de l'affubler d'une jupe emphatique transformée ensuite en jupon à baleines, de façon assez mystérieuse) ; dans les airs, les duos et les ensembles, tout reste toujours très appliqué. Sémiramis a une belle voix mozartienne, mais on a davantage l'impression de voir et d'entendre Donna Anna plutôt que la fascinante reine de Babylone ; Assur a une belle présence, et il se tire assez bien de sa grande scène de la fin de l'Acte II, mais il est difficile de chanter Rossini quand on est incapable de vocaliser correctement, et cette lacune technique est souvent rédhibitoire dans sa prestation ; pour Idreno, je dirais que l'on n'a pas regretté la suppression de son air du premier acte, au vu de ce que l'on a entendu dans le second, correctement chanté mais là-aussi assez appliqué et retenu ; deux adjectifs qu'on peut aussi utiliser pour caractériser la direction de Hindoyan, qui accompagnait parfaitement les chanteurs, mais manquait de flamme et d'emballement ; de ce côté-là aussi, le dynamisme et la démesure rossiniennes n'étaient pas non plus pleinement perceptibles...

(Pour ceux qui ne voudraient pas se contenter du streaming, je signale que la captation est disponible chez notre ami catalan.)

Pour le fun, ce petit lien ; ça s'intitule sobrement : L'oltraggio di Nancy

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