Rimski-Korsakov - La Fille de Neige - Tatarnikov/Tcherniakov - ONP - 04-05/2017
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Re: Rimski-Korsakov - La Fille de Neige - Tatarnikov/Tcherniakov - ONP - 04-05/2017
Il faut rajouter qu'il y a beaucoup d'humour dans cette production, car, quelque part, Tcherniakov décrit un petit monde attachant, drôle et très humain, alors qu'un autre metteur en scène aurait plus probablement donné une image de sérieux et de premier degré moins intéressant, à mon avis.
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"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
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Re: Rimski-Korsakov - La Fille de Neige - Tatarnikov/Tcherniakov - ONP - 04-05/2017
Ouf, Rimski-Korsakov est en bonne compagnie : celle de Wagner qui reste l'un des plus grands compositeurs d'opéra du XIXème siècle.MariaStuarda a écrit : ↑20 avr. 2017, 22:19Bon, cette charmante bluette et la fièvre m'ont plongé dans une douce torpeur. Après Wagner, j'espère ne pas faire une allergie à Rimski-Korsakov
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Re: Rimski-Korsakov - La Fille de Neige - Tatarnikov/Tcherniakov - ONP - 04-05/2017
Je suis sortie très partagée de la représentation d'hier soir. Je me faisais une fête de la découverte de cet opéra car :
- j'aime généralement beaucoup la musique russe, et j'attendais une oeuvre colorée, vibrante, chaleureuse ;
- j'avais lu le livret et, sans avoir la puissance d'autres oeuvres que je préfère, il ne m'était pas apparu aussi fade que le rendu d'hier soir;
- j'étais séduite par la poésie potentielle de cette Fille de neige (j'adore ce titre), mixant à la fois un regard sur la nature et les saisons (ce qui est toujours important dans la culture russe) et les grandes catégories des émotions humaines - l'amour, la trahison, la finitude, le bien-être ou la malheur, le pouvoir ...;
- la distribution me paraissait sans maillon faible rédhibitoire.
Au final, je suis sortie plutôt déçue, même si je sais que je garderai quelques images sonores et visuelles en mémoire. J'ai d'emblée été rebutée par le premier décor, que j'ai trouvé froid (mais c'était sans doute cela l'effet voulu ?? ) d'une esthétique sommaire, pauvre dans sa capacité d'évocation, agacée par les allers-retours de Printemps la Belle qui arpentait son espace comme un trottoir (voulu en écho à son inconstance passée ?), alors que j'avais du mal à l'entendre (pourtant rang 26 plein centre) tant sa projection était insuffisante. Les oiseaux enfants ? Amusant pour certains, mais le choix de m-e-s ne m'a pas frappé par sa pertinence.
Pour la suite je rejoins des commentaires déjà faits, de Bernard notamment ; Lel m'a sidérée par le choix de Tcherniakov (j'ai immédiatement pensé à Brice de Nice par le look et l'attitude et j'ai eu du mal à prendre au sérieux ce personnage même si sa voix est assez belle, tout en ne collant pas au rôle); le décor de forêt est très beau, la scène des arbres est magnifique, les danses et mouvements collectifs sont bons, ... mais je ne suis pas vraiment entrée dans l'oeuvre, trouvant les personnages et leur mise en action trop décalés par rapport à ce que j'en avais compris à la lecture du livret. Je vais essayer de revoir cette Fille de neige dans une autre m-e-s car l'oeuvre mérite d'avoir une seconde chance. Reste, heureusement, la musique, qui m'a donné l'envie de replonger dans mes vinyles ... Rien que pour cela ma soirée n'a pas été perdue.
- j'aime généralement beaucoup la musique russe, et j'attendais une oeuvre colorée, vibrante, chaleureuse ;
- j'avais lu le livret et, sans avoir la puissance d'autres oeuvres que je préfère, il ne m'était pas apparu aussi fade que le rendu d'hier soir;
- j'étais séduite par la poésie potentielle de cette Fille de neige (j'adore ce titre), mixant à la fois un regard sur la nature et les saisons (ce qui est toujours important dans la culture russe) et les grandes catégories des émotions humaines - l'amour, la trahison, la finitude, le bien-être ou la malheur, le pouvoir ...;
- la distribution me paraissait sans maillon faible rédhibitoire.
Au final, je suis sortie plutôt déçue, même si je sais que je garderai quelques images sonores et visuelles en mémoire. J'ai d'emblée été rebutée par le premier décor, que j'ai trouvé froid (mais c'était sans doute cela l'effet voulu ?? ) d'une esthétique sommaire, pauvre dans sa capacité d'évocation, agacée par les allers-retours de Printemps la Belle qui arpentait son espace comme un trottoir (voulu en écho à son inconstance passée ?), alors que j'avais du mal à l'entendre (pourtant rang 26 plein centre) tant sa projection était insuffisante. Les oiseaux enfants ? Amusant pour certains, mais le choix de m-e-s ne m'a pas frappé par sa pertinence.
Pour la suite je rejoins des commentaires déjà faits, de Bernard notamment ; Lel m'a sidérée par le choix de Tcherniakov (j'ai immédiatement pensé à Brice de Nice par le look et l'attitude et j'ai eu du mal à prendre au sérieux ce personnage même si sa voix est assez belle, tout en ne collant pas au rôle); le décor de forêt est très beau, la scène des arbres est magnifique, les danses et mouvements collectifs sont bons, ... mais je ne suis pas vraiment entrée dans l'oeuvre, trouvant les personnages et leur mise en action trop décalés par rapport à ce que j'en avais compris à la lecture du livret. Je vais essayer de revoir cette Fille de neige dans une autre m-e-s car l'oeuvre mérite d'avoir une seconde chance. Reste, heureusement, la musique, qui m'a donné l'envie de replonger dans mes vinyles ... Rien que pour cela ma soirée n'a pas été perdue.
Re: Rimski-Korsakov - La Fille de Neige - Tatarnikov/Tcherniakov - ONP - 04-05/2017
Oui j'ai bien aimé cet humour. Pendant toute la représentation j'ai imaginé le même spectacle au ROH : je pense que la salle se serait bidonnée assez souvent, là où les parisiens ont réagi avec le silence religieux d'une représentation de Parsifal...David-Opera a écrit : ↑21 avr. 2017, 09:40Il faut rajouter qu'il y a beaucoup d'humour dans cette production, car, quelque part, Tcherniakov décrit un petit monde attachant, drôle et très humain, alors qu'un autre metteur en scène aurait plus probablement donner une image de sérieux et de premier degré moins intéressant, à mon avis.
Re: Rimski-Korsakov - La Fille de Neige - Tatarnikov/Tcherniakov - ONP - 04-05/2017
Je pense que le Prologue est le grand raté de ce spectacle : Manistina insuffisante en termes d'impact (puissance, charisme, diction, etc.), direction d'acteurs quasiment absente, livret d'une grande faiblesse (ou alors peut-être était-ce l'absence de féérie voulue par Tcherniakov qui aurait retiré la force du livret à ce moment-là ?).lionrougeetblanc a écrit : ↑21 avr. 2017, 09:53J'ai d'emblée été rebutée par le premier décor, que j'ai trouvé froid (mais c'était sans doute cela l'effet voulu ?? ) d'une esthétique sommaire, pauvre dans sa capacité d'évocation, agacée par les allers-retours de Printemps la Belle qui arpentait son espace comme un trottoir (voulu en écho à son inconstance passée ?), alors que j'avais du mal à l'entendre (pourtant rang 26 plein centre) tant sa projection était insuffisante. Les oiseaux enfants ? Amusant pour certains, mais le choix de m-e-s ne m'a pas frappé par sa pertinence.
Le problème est que ce Prologue est interminable, du coup après il est très difficile de réussir à "entrer" dans le reste de la Première partie. En ce qui me concerne j'ai décroché et il a fallu l'entracte pour que je me remette en selle...
oui, très bon chanteur (une découverte !) mais absolument pas glamour dans l'accoutrement choisi par Tcherniakov, à aucun moment on ne croit au personnagelionrougeetblanc a écrit : ↑21 avr. 2017, 09:53Lel m'a sidérée par le choix de Tcherniakov (j'ai immédiatement pensé à Brice de Nice par le look et l'attitude et j'ai eu du mal à prendre au sérieux ce personnage même si sa voix est assez belle, tout en ne collant pas au rôle);
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Re: Rimski-Korsakov - La Fille de Neige - Tatarnikov/Tcherniakov - ONP - 04-05/2017
Pour moi c'est voulu. Ce berger est à rapprocher du berger vu par Krzysztof Warlikowski pourLe Roi Roger. Il est présenté comme un reste de l'idéologie 68, c'est à dire un fumiste...
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Re: Rimski-Korsakov - La Fille de Neige - Tatarnikov/Tcherniakov - ONP - 04-05/2017
Personne ne doute de cette affirmation; mais chacun sait ici qu'en matière de "l'un des plus grands compositeurs d'opéra du XIXème siècle", mon cœur est plutôt à papa Verdi. On ne se refait pas. Fin du HS.Lucas a écrit : ↑21 avr. 2017, 09:41Ouf, Rimski-Korsakov est en bonne compagnie : celle de Wagner qui reste l'un des plus grands compositeurs d'opéra du XIXème siècle.MariaStuarda a écrit : ↑20 avr. 2017, 22:19Bon, cette charmante bluette et la fièvre m'ont plongé dans une douce torpeur. Après Wagner, j'espère ne pas faire une allergie à Rimski-Korsakov
Oui, m e s très (trop) tourné vers l'humour, ce qui m'a presque amené à penser que Tcherniakov m'aimait pas finalement le livret et les messages de cet opéra tant il le traite au second degré (voire avec désinvolture). Cela tranche singulièrement avec le sérieux avec lequel il avait traité son Oneguine.paco a écrit : ↑21 avr. 2017, 09:57Oui j'ai bien aimé cet humour. Pendant toute la représentation j'ai imaginé le même spectacle au ROH : je pense que la salle se serait bidonnée assez souvent, là où les parisiens ont réagi avec le silence religieux d'une représentation de Parsifal...David-Opera a écrit : ↑21 avr. 2017, 09:40Il faut rajouter qu'il y a beaucoup d'humour dans cette production, car, quelque part, Tcherniakov décrit un petit monde attachant, drôle et très humain, alors qu'un autre metteur en scène aurait plus probablement donner une image de sérieux et de premier degré moins intéressant, à mon avis.
Considère t'il que ce livret presque benêt s’accommode mieux d'une bande de hippie surement enfumés ayant pour chef un "tsar" qui cueille des fleurs pendant que Kupava lui raconte ses malheurs ?
Rappelons nous aussi que ses admirateurs ne sont que des (jeunes ?) admiratrices.David-Opera a écrit : ↑21 avr. 2017, 10:18Pour moi c'est voulu. Ce berger est à rapprocher du berger vu par Krzysztof Warlikowski pourLe Roi Roger. Il est présenté comme un reste de l'idéologie 68, c'est à dire un fumiste...
Au contraire (n'est ce que la transcription de DT ou cela apparaît il, par ailleurs, dans le livret), les hommes (et les couples conservateurs) semblent le mépriser.
Serait ce un transfert finalement contemporain sur des filles qui "kiffent" les mecs androgynes. Perso, ça m'a fait penser à l’expression des "filles à pédés" qui sont follement amoureuses de leurs copains dont on voit à 10 kms qu'ils ne sont pas fait pour elles.
Transcrit, cela en fait forcément un personnage singulier, éthéré, et surtout éloigné de la brutalité incarné par Mizguir.
Re: Rimski-Korsakov - La Fille de Neige - Tatarnikov/Tcherniakov - ONP - 04-05/2017
Une amie russe qui en est quasiment à sa 100e représentation de cet opéra, qu'elle voit plusieurs fois par saison, m'a dit que c'était trop difficile pour un mes "moderniste" genre Tcherniakov ou Warli de s'attaquer à cet opéra, car il est tellement ancré dans l'univers féérique des contes russes que toute actualisation ou interprétation "occidentale" est quasiment impossible. De fait elle comprend parfaitement le parti-pris de Tcherniakov et elle pense que c'est ce qu'il avait de mieux à faire, car elle est convaincue qu'une approche plus "respectueuse" du livret, plus dans la tradition Korsakovienne, serait hermétique au public parisien tant nous ignorons les codes de cet univers. Nous le trouverions ridicule.MariaStuarda a écrit : ↑21 avr. 2017, 10:21Oui, m e s très (trop) tourné vers l'humour, ce qui m'a presque amené à penser que Tcherniakov m'aimait pas finalement le livret et les messages de cet opéra tant il le traite au second degré (voire avec désinvolture). Cela tranche singulièrement avec le sérieux avec lequel il avait traité son Oneguine.
Considère t'il que ce livret presque benêt s’accommode mieux d'une bande de hippie surement enfumés ayant pour chef un "tsar" qui cueille des fleurs pendant que Kupava lui raconte ses malheurs ?
Re: Rimski-Korsakov - La Fille de Neige - Tatarnikov/Tcherniakov - ONP - 04-05/2017
Intéressante analogie. Ne croyez-vous pas que, lorsqu'on met en scène pour la première fois dans un grand théâtre une oeuvre pratiquement inconnue du public (c'est le cas des deux oeuvres invoquées), la déontologie (l'éthique professionnelle) exige qu'on la serve avec humilité et modestie, en s'efforçant de la représenter aussi fidèlement que possible?David-Opera a écrit : ↑21 avr. 2017, 10:18Pour moi c'est voulu. Ce berger est à rapprocher du berger vu par Krzysztof Warlikowski pourLe Roi Roger. Il est présenté comme un reste de l'idéologie 68, c'est à dire un fumiste...
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Re: Rimski-Korsakov - La Fille de Neige - Tatarnikov/Tcherniakov - ONP - 04-05/2017
Je suis d'accord, et si je devais voir cet opéra dans une mis en scène plus proche de la culture russe, je préfèrerais aller le voir à Moscou ou St-Petersburg, parmi un public autochtone.paco a écrit : ↑21 avr. 2017, 10:44... De fait elle comprend parfaitement le parti-pris de Tcherniakov et elle pense que c'est ce qu'il avait de mieux à faire, car elle est convaincue qu'une approche plus "respectueuse" du livret, plus dans la tradition Korsakovienne, serait hermétique au public parisien tant nous ignorons les codes de cet univers. Nous le trouverions ridicule.
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