DIALOGUES DES CARMÉLITES
LIVRET DE FRANCIS POULENC D’APRÈS UN SCÉNARIO DE PHILIPPE AGOSTINI ET RAYMOND LÉOPOLD BRUCKBERGER,
D’APRÈS LES DIALOGUES DE GEORGES BERNANOS, INSPIRÉ DE LA DERNIÈRE À L’ÉCHAFAUD DE GERTRUD VON LE FORT
DIRECTION MUSICALE DAVID REILAND
MISE EN SCÈNE JEAN-LOUIS PICHON
DÉCORS ALEXANDRE HEYRAUD
COSTUMES FRÉDÉRIC PINEAU
LUMIÈRES MICHEL THEUIL
CHEF DE CHŒUR LAURENT TOUCHE
BLANCHE DE LA FORCE ÉLODIE HACHE
MME DE CROISSY SVETLANA LIFAR
MME LIDOINE VANESSA LE CHARLÈS
MÈRE MARIE DE L’INCARNATION MARIE KALININE
MARQUIS DE LA FORCE MARC BARRARD
CHEVALIER DE LA FORCE AVI KLEMBERG
SŒUR CONSTANCE DE SAINT-DENIS CAPUCINE DAUMAS
L’AUMÔNIER DU CARMEL ÉRIC HUCHET
LE GEÔLIER, 2ND COMMISSAIRE CYRIL ROVERY
MÈRE JEANNE DE L’ENFANT JÉSUS JEANNE-MARIE LÉVY
THIERRY, M. JAVELINOT, UN OFFICIER FRÉDÉRIC CORNILLE
1ER COMMISSAIRE PHILIPPE NONCLE
SŒUR MATHILDE ANNE CRABBE
ORCHESTRE SYMPHONIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE
CHŒUR LYRIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE
DÉCORS ET COSTUMES FABRIQUÉS DANS LES ATELIERS DE L’OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE
COPRODUCTION OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE,TEATRO DE LA MAESTRANZA DE SÉVILLE – AVRIL 2003
Opéra de Saint Etienne, vendredi 10 mars 2017
L’opéra de Saint Etienne reprend la mise en scène de Jean-Louis Pichon donnée en 2005 ici même, et créée en 2003 en coproduction avec l’opéra de Séville. Cette mise en scène est assez austère et reste traditionnelle, n’inventant rien, et ne gênant rien non plus. On peut lui reconnaître cependant la capacité à garder l’auditeur concentré et absorbé grâce au système de panneaux coulissants, permettant un changement de décors en douceur, évitant ainsi les temps morts. En fond, une projection de la fosse commune de Picpus où sont ensevelies les seize carmélites de Compiègne apparait à chaque changement de tableau. A la fin, ce sont les guillotines dans une mer agitée qui disparaissent dans un flot de sang à chaque exécution, avant que la mer ne se calme et fasse apparaître un coucher de soleil apaisant.
A la baguette, David Reiland parait moins inspiré qu’à l’accoutumée. Dans son ensemble, l’orchestre reste engouffré dans la fosse et souffre d’un manque d’esprit révolutionnaire même si la tension dramatique se ressent un peu plus dans le dernier tableau.
Côté voix, on ne peut que saluer le haut niveau, l’homogénéité et l’excellente diction du plateau, composé essentiellement de jeunes chanteurs. Malgré une première scène au jeu d’acteur engoncé et hésitant, Marc Barrard (Marquis de la Force) et Avi Klemberg (Chevalier de la Force) incarnent parfaitement leurs rôles.
Souvent confiée à des voix poitrinaires et fatiguées, le rôle de Mme de Croissy est tenu de belle manière par Svetlana Lifar aux médiums et aigus très équilibrés. A la fois autoritaire avec une once de bienveillance lors de son entrevue avec Blanche, son agonie blasphématoire est particulièrement marquante. Marie Kalinine en Mère Marie est également très convaincante. Le vibrato excessif qui lui fait parfois défaut est ce soir gommé, et laisse entendre une belle palette riche et étendue. Son jeu est également investi et naturel à la fois autoritaire mais aimante. Vanessa Le Charlès (Madame Lidoine) a quelques aigus stridents dans lesquels la diction se perd, mais les médiums plus appuyés sont soyeux. Dotée d’une belle présence, sa dernière bénédiction est émouvante.
Capucine Daumas (Sœur Constance) égaye sans cesse. Vive mais fervente son timbre fruité sied à son caractère jovial, tout en ramenant plus de profondeur lorsqu’elle se fait réprimander par Blanche, ou qu’elle avoue son vote. Enfin, Elodie Hache porte avec force et conviction sa Blanche. Sans jamais paraître forcer, le timbre est clair, l’amplitude grande, la projection aisée, l’équilibre des registres bien maitrisé. Son jeu de scène complète parfaitement son incarnation du personnage : elle reste solide face à ses peurs, ses angoisses et ses doutes, recherchant désespérément l’apaisement qu’elle finira par trouver à l’échafaud.
Si le tomber de rideau laisse toujours le public glacé d’effroi, il a néanmoins salué de manière enthousiaste et à raison cette représentation.
Perrine
Crédit photo : Cyrille Sabatier
Poulenc - Dialogues des carmèlites -Reiland / Pichon-Saint Etienne 03/2017
Poulenc - Dialogues des carmèlites -Reiland / Pichon-Saint Etienne 03/2017
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- Mezzo Soprano
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Re: Poulenc - Dialogue des carmèlites - Pichon / Reiland -Saint Etienne 03/2017
J'y étais hier après midi.
J'ai beaucoup aimé Elodie Hache tant vocalement que pour son interprétation. Svetlana Lifar et Marie Kalinine incarnaient vraiment leurs personnages et j'ai aimé la couleur de leurs voix. Vanessa le Charlès a en effet une très belle présence et un beau medium mais ses aigus sont tendus, voire stridents et cela m'a beaucoup génée. Capucine Daumas avaait dans la voix, la fraicheur et la légèreté qui sied à Constance. J'ai moins été convaincue par les hommes. Marc Barrard a certes une belle voix mais autant lui que Avi Klemberg semblent un peu extérieurs, moins impliqués dans leur jeu. Et j'avoue ne pas avoir aimé le timbre du ténor.
A la fin de la représentation David Reiland avait l'air épuisé. La représentation d'hier était pleine d'émotions. Et la mise en scène respectait l'oeuvre : la musique se suffit à elle-même. Je tiens à souligner l'excellent diction du plateau qui n'oblige pas à lire les surtitres.
J'ai beaucoup aimé Elodie Hache tant vocalement que pour son interprétation. Svetlana Lifar et Marie Kalinine incarnaient vraiment leurs personnages et j'ai aimé la couleur de leurs voix. Vanessa le Charlès a en effet une très belle présence et un beau medium mais ses aigus sont tendus, voire stridents et cela m'a beaucoup génée. Capucine Daumas avaait dans la voix, la fraicheur et la légèreté qui sied à Constance. J'ai moins été convaincue par les hommes. Marc Barrard a certes une belle voix mais autant lui que Avi Klemberg semblent un peu extérieurs, moins impliqués dans leur jeu. Et j'avoue ne pas avoir aimé le timbre du ténor.
A la fin de la représentation David Reiland avait l'air épuisé. La représentation d'hier était pleine d'émotions. Et la mise en scène respectait l'oeuvre : la musique se suffit à elle-même. Je tiens à souligner l'excellent diction du plateau qui n'oblige pas à lire les surtitres.
- Piero1809
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Re: Poulenc - Dialogues des carmèlites -Reiland / Pichon-Saint Etienne 03/2017
Merci pour ces comptes rendus.
Dans certaines oeuvres, lorsque le texte et la musique sont intenses, la mise en scène doit être discrète sans toutefois s'effacer et cela semblait être le cas à Saint Etienne d'après vos textes.
Dans certaines oeuvres, lorsque le texte et la musique sont intenses, la mise en scène doit être discrète sans toutefois s'effacer et cela semblait être le cas à Saint Etienne d'après vos textes.
Rundinella http://piero1809.blogspot.fr