Wagner-Die Meistersinger von Nürnberg-Pappano/Holten-ROH-03/2017

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HELENE ADAM
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Wagner-Die Meistersinger von Nürnberg-Pappano/Holten-ROH-03/2017

Message par HELENE ADAM » 11 mars 2017, 10:02

Die Meistersinger von Nürnberg

Richard Wagner
(musique et livret)

Royal Opera House, Londres, mars 2017

Première le 11 mars

Mise en scène : Kasper Holten
Direction musicale : Antonio Pappano


Avec

Hans Sachs : Bryn Terfel
Sixtus Beckmesser : Johannes Martin Kränzle
Walther von Stolzing : Gwyn Hughes Jones
Eva : Rachel Willis-Sørensen
Veit Pogner : Stephen Milling
David : Allan Clayton
Magdalene : Hanna Hipp
Fritz Kothner Sebastian Holecek
Kunz Vogelgesang Andrew Tortise
Balthasar Zorn Alasdair Elliott
Konrad Nachtigal : Gyula Nagy
Ulrich Eisslinger : Samuel Sakker
Augustin Moser : David Junghoon Kim
Hermann Ortel : John Cunningham
Hans Schwarz :Jeremy White
Hans FoltzBrian : Bannatyne-Scott
Nightwatchman : David Shipley

Prise de rôle pour Bryn Terfel après Wotan et le Hollandais, un des artistes qui aime apprendre son nouveau rôle sous la direction attentive (et efficace) d'Antonio Pappano, qui sait brider son fort tempérament, et canaliser sa voix parfois un peu débridée.
Très belle mise en scène, esthétique magnifique.
J'y reviendrai après la Première de ce soir mais ces Meistersinger devraient rencontrer un beau succès mérité. :D

Bryn Terfel en Sachs-Photo ROH

Image
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Re: Wagner-Die Meistersinger von Nürnberg-Pappano/Holten-ROH-03/2017

Message par leporenski » 11 mars 2017, 10:12

Impressions de la générale (à prendre avec toutes les réserves d'usage donc :
Des Meistersinger qui m'ont semblé un cran en dessous de ceux récents de Berlin et Munich et Paris(/Salzbourg). Mais la barre était placée très très haut, en particulier pour les deux 1ers, exceptionnels à tout point de vue (direction, mise en scène et distribution hors-pair).
Cette réserve/crainte mise à part, j'ai passé un très bon moment. La distribution très anglo-saxonne qui comprend de nombreux jeunes se défend très bien, avec un Bryn Terfel qui domine sans surprise de la tête et des épaules.
Le tempo m'a semblé très très rapide (et l'opéra a d'ailleurs fini avec 1/4h d'avance).
En conclusion : prometteur

philipppe
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Re: Wagner-Die Meistersinger von Nürnberg-Pappano/Holten-ROH-03/2017

Message par philipppe » 12 mars 2017, 23:07

Représentation du 11 mars :
- Bryn Terfel extraordinaire, éblouissant dans le deuxième et troisième acte, mais , dans la lignée de son Falstaff, dans une sorte d'économie des moyens mis en œuvres, sans effet ni ostentation. Il EST Hans Sachs, physiquement, scéniquement, tres en verve, mais aussi avec une douleur retenue dans son renoncement. Une incarnation extrêmement tenue, assez arsitocratique, très différente de celle de Wolfgang Koch l'an dernier ã Munich.
- le Walther de Gwyn Hughes Jones est assez décevant de mon point de vue : une très belle voix, qui se libère dans l'aigue d'une façon surprenante, malheureusement grevée d'effet stylistique désastreux, comme une sorte de cri au deuxième acte sensé traduire son agacement qui est ã peu pré l équivalent de celui de Carmen/Lemieux rendant son anneau à José au TCE il y a quelques semaines . Une prononciation médiocre de l'allemand qui prend très peu appui sur les consonnes, de sorte qu'il semble qu'il chanter avec une patate chaude dans la bouche. Assez mauvais acteur, il campe un Walther qui n'évolue pas d' un poil dans les trois actes, déplaisant et exaspéré. Je n'ai pas énormément apprécié tout en reconnaissant ses qualités vocales
- Beckmesser bien chantant et drôle de Kranzle
- une Eva au vibrato assez marqué, ã la voix dure et un peu avare de nuance. Elle lance le quintette de façon assez prosaïque
- trés beau David de Allan Clayton

Papano conduit très bien l'orchestre, dans un tempo relativement vif. Sa gestion des plan sonores permet d'entendre des bois virtuoses, en particulier le très beau basson dans les formules musicales humouristiques de Beckmesser. Ceci dit le son de l'orchestre m'a paru assez prosaïque tout au long de la soirée.

Pour ma part j'ai trouvé la mise en scène assez mauvaise. Après un premier acte opulent plutôt sympathique, le énième retour des désormais très académiques idées de deconstruction du théâtre et de la représentation et l'accumulation d'effets hétéroclites traduisent une grande vacuité dans la conception à laquelle le retournement final ne substitue qu'une stupide et pretentieuse réthorique politiquement correcte.

Une plutôt belle soirée malgré touts ces bémols.

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Re: Wagner-Die Meistersinger von Nürnberg-Pappano/Holten-ROH-03/2017

Message par Hiero von Stierkopf » 13 mars 2017, 00:08

Merci Philippe.
Comment as-tu trouvé le Pogner de Stephen Milling ?
Comment ça, merde alors ?! But alors you are French !

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Re: Wagner-Die Meistersinger von Nürnberg-Pappano/Holten-ROH-03/2017

Message par HELENE ADAM » 13 mars 2017, 00:13

Je reviendrai demain sur ces Meistersinger mais en attendant, merci Philippe et chapeau pour la réactivité de ce jour sur ODB... deux Traviata différentes, un récital, plusieurs opéras à Paris, Munich, Londres etc.... :wink:
Formidable à lire... :clapping:
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Re: Wagner-Die Meistersinger von Nürnberg-Pappano/Holten-ROH-03/2017

Message par HELENE ADAM » 13 mars 2017, 18:14

Retour sur ces Meistersinger de Londres, pour lesquels je n'ai pas regretté le déplacement même s'il s'agissait uniquement de la Générale. Mise à part la tenue très débraillée du maestro, le reste était parfaitement en place comme pour la Première et le CR fait par Philippe confirme mes impressions générales.
Je ne compare pas non plus aux grandes réussites qu'ont été les Meistersinger récemment donnés à Munich (que j'ai eu la chance de voir avec la meilleure distribution) ou à Paris (que j'ai vus deux fois pour les deux Sachs), mais ces Meistersinger ont de grandes qualités musicales à commencer par la Direction d'Antonio Pappano.

Pourtant le Vorspiel (magnifique partition qui représente au travers de ses thèmes musicaux, la compétition entre l'art et la tradition), n'était pas encore au point. Mais dès l'acte 1, Pappano avait pris les choses en main et le dialogue entre les longues phrases musicales des chanteurs et les répliques de l'orchestre était au point avec cette éternelle magie wagnérienne qui fait que l'on pénètre dans un monde codé et qu'on n'en ressort qu'à regret lorsque les dernières notes retentissent.
Pappano pour donner le maximum de relief au final d'ailleurs, avait placé deux séries de trompettes à l'amphithéâtre (sympa pour nos oreilles... :wink: ). Je suppose que du parterre l'effet stéréo devait être particulièrement riche mais pour la plèbe des sommets de l'opéra, c'était un peu... comment dire ? Agressif... Il avait fait la même chose pour la version concert de son Aida à Rome à la Santa Cecilia et nous étions déjà à des places plébéiennes, presque collés aux trop fameuse trompettes... ceci dit une fois la surprise passée, la beauté des sons a primé tout le reste.

La mise en scène ne m'a pas déplu même si elle manque sans doute d'originalité : les Meister sont une sorte de club de gentlemen très british aux rites initiatiques style franc-mac, le décor est très beau et l'ensemble esthétiquement très plaisant...
Un énorme bouleversement intervient pendant le charivari (incroyable visuellement, je ne peux pas le décrire...tout est sens dessus dessous), et on se retrouve à l'envers de la scène, dans les coulisses, où l'on voit les arrières d'une opéra et d'une scène. Avant l'ultime retournement pour le final. Beaucoup de bonnes idées pour ce final qui raconte à grands coups de "symboles" l'histoire héroïque de la ville de Nuremberg et la grandeur de ses arts et traditions.
Mais tout cela n'est rien sans un bon Sachs et un plateau globalement équilibré.

Bryn Terfel solidement encadré par le metteur en scène et le chef, est parfait. Pas de clins d'oeil égrillards, pas de blagues, une voix disciplinée, qui donne toutes ses capacités d'expression en gardant un très beau chant, bref, du grand Terfel qui nous donne un grand Sachs.
Les deux meilleurs parmi ses partenaires sont incontestablement (Philippe dit la même chose), le Sixtus Beckmesser de Johannes Martin Kränzle, drôle, bien chantant, formidable présence sur scène et le lumineux et juvénile David d' Allan Clayton, qui déploie un chant magnifique, un charme fou et que j'aurais bien vu en Walther pour en profiter davantage...
Les autres Meistersinger ont également une sacrée présence et de bien belles voix notamment le Veit Pogner de Stephen Milling ou le Augustin Moser de David Junghoon Kim (et le Nightwatchman de David Shipley, absolument superbe lui aussi).
Eva (Rachel Willis-Sørensen) et Magdalene (Hanna Hipp) tiennent également tout à fait correctement leurs rôles, bonnes actrices avec de très beaux moments musicaux.

Le bât blesse en effet avec le Walther von Stolzing de Gwyn Hughes Jones dont l'accent british (Gallois?) est vraiment très caricatural alors même que le rôle demande une grande maitrise de l'allemand, puisqu'il va chanter plusieurs fois (presque) le même air, tout étant dans le "presque", qui symbolise l'évolution de son chant pour le concours. Le timbre n'est pas très beau et le jeu est assez maladroit. Or l'attention se focalise à plusieurs reprises sur celui qui doit réussir pour épouser son amour, Eva, et c'est bien dommage quand il s'agit du moins bon chanteur de la troupe....
Pour le reste, un bon et solide spectacle.

Et toujours le génie de Wagner

Le décor du final
Image

et le charme discret du ROH, avec ses pas trop riches qui se massent dans les coursives de l'amphi pour manger le petit sandwichs apporté dans un sac en plastique, les un peu plus fortunés qui s'en achètent au bar de l'amphi un peu plus loin, les plus à l'aise qui prennent le petit bol de pâtes au basilic avec une coupe de champagne au Paul Hamlyn Hall Champagne Bar, et les hors de prix qui trônent sur les balcons du même bar au restaurant du même nom, nappes blanches, service pile poil calculé pour retourner à l'heure à sa place...
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Wagner-Die Meistersinger von Nürnberg-Pappano/Holten-ROH-03/2017

Message par paco » 13 mars 2017, 18:57

HELENE ADAM a écrit :
13 mars 2017, 18:14
Le bât blesse en effet avec le Walther von Stolzing de Gwyn Hughes Jones
J'ai un assez mauvais souvenir de son Don Carlo parisien à la fin des années 90 (il alternait avec Neil Shicoff)... Il est le seul élément qui m'ait fait hésiter à prendre une place, mais finalement j'ai quand même craqué...
HELENE ADAM a écrit :
13 mars 2017, 18:14
et le charme discret du ROH, avec ses pas trop riches qui se massent dans les coursives de l'amphi pour manger le petit sandwichs apporté dans un sac en plastique, les un peu plus fortunés qui s'en achètent au bar de l'amphi un peu plus loin, les plus à l'aise qui prennent le petit bol de pâtes au basilic avec une coupe de champagne au Paul Hamlyn Hall Champagne Bar, et les hors de prix qui trônent sur les balcons du même bar au restaurant du même nom, nappes blanches, service pile poil calculé pour retourner à l'heure à sa place...
:wink: Bien vu... (j'adore moi aussi, même si avec les travaux en ce moment c'est un peu le cafouillis)

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Re: Wagner-Die Meistersinger von Nürnberg-Pappano/Holten-ROH-03/2017

Message par Philippes » 20 mars 2017, 19:22

Vu la représentation d'hier après midi 19 mars, avec un public enclin à rire de façon un peu exagérée à mon goût.
Je suis globalement d'accord avec les avis précédents, je ne vais donc pas répéter.
Il faut quand même abonder sur l'interprétation excellente de Terfel qui campe un très grand Sachs qui ne pourra que s'approfondir après cette prise de rôle réussie (si le chanteur garde cette sobriété bienvenue). Rien à ajouter sur les autres interprètes qui forment, malgré quelques faiblesses, une distribution de très bon niveau.
Pour ma part j'ai vraiment adoré la direction de Pappano que je mets au même rang que Petrenko et Barenboim (ne parlons pas de Jordan à cent lieues en dessous) mais dans une approche totalement différente : il crée une sorte de conversation en musique où les instruments de l'orchestre dialoguent entre eux et avec le plateau, c'est vraiment remarquable. Sa direction est plutôt enlevée mais contrastée avec une prise de risque de lenteur dans le prélude du 3e acte brillamment relevée par l'orchestre (moins par le public un peu dissipé sur le moment).
Malheureusement toute l'action est concentrée dans la fosse : la mise en scène et la direction d'acteurs sont d'une platitude rarement égalée, les idées sont totalement absentes (ne parlons même pas de bonnes idées ou d'idées intelligentes), le retournement pendant le charivari déjà décrit n'a aucun intérêt car il n'a aucune conséquence sur la dramaturgie (la seule chose intéressante à la toute fin (l'attitude d'Eva à l'égard de Beckmesser et de Walther) n'est même pas portée jusqu'au bout).

Voilà un spectacle qui aurait pu être marquant et qui ne l'est pas à cause de Kasper Holten.

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Re: Wagner-Die Meistersinger von Nürnberg-Pappano/Holten-ROH-03/2017

Message par Philippes » 21 mars 2017, 10:46

Philippes a écrit :
20 mars 2017, 19:22
Voilà un spectacle qui aurait pu être marquant et qui ne l'est pas à cause de Kasper Holten.
Pourtant, Kasper Holten fait écrire sur un mur par Walther la fameuse phrase prononcée par Wagner, sur laquelle des générations de metteurs en scène se sont appuyé pour justifier leurs audaces : "Kinder, schafft Neues !". Malheureusement il ne s'est pas appliqué à lui même cette maxime et ne fait rien de neuf (et d'intéressant, ce qui est plus important).

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Re: Wagner-Die Meistersinger von Nürnberg-Pappano/Holten-ROH-03/2017

Message par paco » 21 mars 2017, 11:19

Je ne verrai ces Meistersinger que le week-end prochain, mais à la lecture des divers CR je constate une chose : lors de la nomination de Kasper Holten à la tête du ROH, la blogosphère UK avait applaudi à tout rompre car il était considéré comme un excellent metteur en scène, on allait voir ce que l'on allait voir... Bilan des courses : sur les productions qu'il aura lui-même mises en scène au ROH, seules deux sont des réussites incontestables (Krol Roger et surtout l'Ormindo). Les autres ne sont pas indignes mais, le moins que l'on puisse dire est qu'elles n'ont pas soulevé l'enthousiasme...

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