Récital P. Petibon / S. Manoff-Salle Gaveau-9-03-2017

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JdeB
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Récital P. Petibon / S. Manoff-Salle Gaveau-9-03-2017

Message par JdeB » 10 mars 2017, 10:22

Patricia Petibon, soprano
Susan Manoff, pianiste

Mélodies et chansons de Barber, Britten, Bacri, De Falla, Rodrigo, Obradors, Villa-Lobos, Poulenc, Mignone, Granados, Turina, Guastavino, Lara, Glanzberg.

Paris, Salle Gaveau, le 9 mars 2017

Le je-ne-sais-quoi et le presque trop.

"Notre amour est réglé comme les calmes étoiles
Or nous savons qu'en nous beaucoup d'hommes respirent
Qui vinrent de très loin et sont un sous nos fronts."
Guillaume Apollinaire, Sanglots

Très émue par la disparition de sa professeur de chant la veille et par le contexte global dont elle a voulu exorciser les "périls pour la pensée et pour l'humain" en chantant d'abord avec ferveur ces vers mis en musique par Poulenc puis en les déclamant en fin de récital d'une voix empreinte d'émotion, Patricia Petibon nous a fait voyager dans les deux Amériques avec quelques allers-retours furtifs sur le Vieux Continent.

Ce fut donc comme une fête en larmes.

Avec "tout un solfège" de sanglots, de facéties et d'éclats poétiques, elle a su, comme toujours, dynamiter le rituel lugubre du récital avec piano. En faisant apparaître souvent de petits objets saugrenus (avec même une séance d'étendage de linge), le petit chaperon vert accompagné de ses nains de jardin a joué les bonnes fées en instaurant un univers singulier entre Peau d'âne, Walt Disney et le locus amoenus du Seigneur des anneaux. Et un zeste de Golum ('My preciousssssss!!!) à la clé.

Elle a uni les suavités sensuelles et sucrées du Brésil (Dona Janaina, Nesta rua), les exclamations ensauvagées des dérivés du chant flamenco (El vito, Cantares, Granada), la gouaille bouleversante de Piaf (Padam Padam) et le peps jazzy et syncopé de Busy Line. Les Lamenti et les hymnes à la vie.

Avec un chant toujours assuré, toujours prolongé par le geste éloquent et inattendu. Des presque raucités d'un registre grave plus charnu que naguère aux envolés fauves d'un registre aigu forte de plus en plus éclatant.
Toujours à l'orée mais toujours du bon versant du Presque trop. Avec ce je ne sais quoi de charme allègre, d'inquiétude pudique et de rire friable.

Susan Manoff se montre excellente et complice. Comme à son habitude.

Le garçonnet de Patricia Petibon introduisit la séance de dédicace avec force klaxons, puis il prit la parole pour demander si quelqu'un parlait finnois (à part lui), se fit sage lorsque JP Marlière vint saluer longuement sa maman, griffonna quelques logos "dérivés de celui de Carrefour" sur des programmes. S'agita et sourit. Beaucoup.
Puis Patricia Petibon entonna a cappella un Joyeux anniversaires pour une admiratrice et m'assura qu'elle reprendrait salle Favart la production de Manon selon Py où elle était éblouissante à Genève en septembre dernier.
Comme on a hâte d'être en 2019 !

Jérôme Pesqué.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra

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