Wagner- Tannhausser- Ono/Fabre- La Monnaie - 06/2004

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tuano
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Message par tuano » 10 juin 2004, 10:02

philou a écrit :Tuano, comme je le disais un peu plus haut, Elisabth ou Elsa sont plus lyriques. Dalayman peut chanter Ariadne, ou Cassandre j'imagine, mais beaucoup moins facilement Elisabeth, de même qu'elle peut chanter la teinturière mais l'impératrice lui causerait plus de soucis !
Bon... OK. Je suis étonné quand même qu'on puisse chanter Tosca, Elisabeth de Valois et Desdemona mais pas les rôles de sopranos
wagnériens.

Nerone a écrit :Mattila ne devait-elle pas faire ses débuts dans Isolde en 2007 à Covent Garden ? Il me semble avoir lu ce truc-là quelque part...
Quant aux graves de Salomé, elle les poitrinait comme une vache.
Même dans la Ferme célébrités, les vaches ne poitrinent pas ! Ou alors il faut vite que je me mette à regarder TF1 !

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Xavier
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Message par Xavier » 10 juin 2004, 10:44

philou a écrit :Mais il n'y a pas que chez Wagner qu'on retrouve des tessitures 'à cheval'. Qui peut affirmer avec certitude que Lady Macbeth, Abigaille, Odabella, Eboli ou Santuzza sont de rôles de mezzo pur sucre. Eboli monte au contre ut b quand même,et certaines soprano dramatiques s'y sentent à l'aise !
8O 8O 8O

J'ose espérer que tu voulais écrire : "des rôles de soprano pur sucre", Certes Eboli est en effet un rôle un peu "à cheval", puisque pendant la composition, on a changé de chanteuse, passant d'une tessiture à une autre. Sinon toutes les autres sont des rôles de sopranos ! :evil:

Certes, Santuzza est (trop) souvent chanté par des mezzos. Il n'empèche qu'à l'origine c'était un rôle pour soprano dramatique comme Gioconda, voire Tosca. C'est l'absence chronique de sopranos dramatiques pour l'opéra italien qui a poussé à engager des mezzos dramatiques aigues dans ce rôle. Mais ce n'était pas le cas quand on avait le choix : c'était Milanov et Tebaldi qui le chantaient pas Barbieri ou Stignani.

Pour Lady Macbeth, tu es comme bien d'autres victime du syndrome Verrett. Ce n'est pas parce que des chanteuses de cet acabit (Verrett, Bumbry, dans une moindre mesure Cossotto, voire Zajick ou plus récement Urmana) ont pu, bien qu'originellement mezzos, chanter ce rôle, que c'est pour autant celui d'un mezzo soprano ! Là encore, c'est un rôle de soprano dramatique dont l'aigu (ut dièse, et piano en plus !) est d'ailleurs, si je ne me trompe pas, la note la plus haute écrite par Verdi pour une femme.

Quant à Odabella et Abigaille... J'écoutais hier soir Bumbry en pleine période soprano dans cette dernière, je n'ose imaginer un vrai mezzo.

Et puis parmi les rôles de mezzo qui aiment l'équitation, tu as oublié Turandot !

Philou, quand même !

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lachlan
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Message par lachlan » 11 juin 2004, 14:44

Lady and Gentlemen, your attention please! Les representation de la production du Tann de Fabre (comme il convient desormais de l appeler, sorry Lyrico) est SOLD OUT en l espace d une seule et unique representation.

On ne se bousculait pas au portillon malgre les echos du scandale scenographique du remuant Jan Fabre et la proximite des vacances estivales. Puis, il a suffit d un raz de marre mediatique sans precedent pour que affluent de toute part un public cosmopolite et que le pelerinage a Bayreuth ne se transforme en procession virginale a Bruxelles ou la vision bien relle des femmes fecondes portant vie et sacralisation sous le voile d une Mater en piete dans un Venusberg au ciel menacant d epees loin de choques les contempteurs emerveillerent les incredules.

Et la distribution dans tout cela? Le flop du Tannhuasser de Gentile? Gageure des casting directors. Il faudra attendre son recite de Rome pour lui triuver quelques circonstances attenuantes parait il. Quid de Venus? Un peu distanste, envoutante... le tout et son contraire pour Petrinsky. Et si on loue d une part la vaillance des aigus de l Elizabeth de Dugger, c est pour regretter aussitot son manque d assisse dans son qir d entre...

Ect.

Reste qu il s agissait aussi et surtout du Tann de Balsodonna qui termine ainsi en beaute une collaboration a la tete des choeurs du TRM de presque 10 ans avant de rejoindre des la Saison prochaine le ROH.

Alors?

Alors comme souvent avec Wagner, de l impossibilite de transmettre l heritage, avalange de poncif et provocation sont de mises pour Tann.

C est a la lumiere des inonbrables articles lus dans la presse que j en tire cette amere conclusion. Vivement dimanche!

L.

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lachlan
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Message par lachlan » 14 juin 2004, 14:03

SUBLIME!

Voila comment il convient de resumer la derniere production de Tannhausser au TRM. Tres rapidement... Je ne vais pas revenir sur le concept scenographique de Jan Fabre, la presse nous a deja assez bassine les oreilles avec ca. Cependant, comment rester insensible a cette lecture coherente et intuitive, la superbe plastique de ses corps mouvant (et pas seulement ephebes et muses mais les femmes enceintes et les grassouillets), le derviche infernal qui tournoie au Venusberg, debauche plastique glorifiant l hedonisme, sensualite exarcerbe et puissance evocatrice d une musique, peut etre l une des plus belles jamais ecrites par Wagner.

Les pelerins en route pour Rome sont des Clowns et Tannhausser maudit sera affuble d un nez rouge de clown. Trop d image tue la musique. Trop de beaute relegue dangeureusement l orchestre a l arriere plan. Car si Jan Fabre a reussi son pari on ne peut pas en dire autant de la direction musicale de Ono. Une difficile et meme tres penible mise en condition d un orchestre qui tatonne et se cherche tout au long du 1er acte. Un prelude massacre, des dephasages honteux fosse scene. Du bruit et des approximation qui relegue le prestigieux orchestre du TRM au rang de fanfare du village. J etais furieux.

Il faudra attendre l acte 2 et surtout le 3eme acte pour que Ono trouve enfin l inspiration, plus a l aise dans le dechainement des cordes que dans les piani. Peu de lyrisme donc mais une velocite surexploitee avec effets sensationnels garanti.

Cote voix, on n est pas non plus a la fete. Louis Gentile est completement a cote de la plaque. Germanite approximative, voix beaucoup trop courte au registre donc restreint, pousse a la limite de ses possibilites et suintant la souffrance meme dans le plaisir. Timbre monochrome, debit plat, les aigus sont poussifsm les graves maigrichons. Jusqu aux recitatifs manquant a la fois d evocation et de tonalite, un calvaire.

Stephen Milling en Hermann est une basse legere, peut etre un peu trop pour le role? Lyrisme exarcerbe, ligne fluide, timbre clair.

Roman Trekel est assurement celui qui tire le mieux son epingle du jeu. En Wolfram, il se joue d une parfaite musicalite, un timbre souple et clair, chatoyant dirais je. Le phrase est plein, voluptueux, la voix bien projete et nuance. Le meilleur de cette catastrophique distribution.

L Elizabeth d Adrienne Dugger debute avec un vibrato envahissant et particulierement deplaisant. Il lui faudra aussi du temps pour trouver ses marques. Mais elle possede le bagage vocal et la puissance requise pour ce role, meme si elle convainc que tres moyennement dans l emotion. Elle se contentera trop souvent d enchaine les contres notes avec brio et eclat sans se soucier de son impact emotionnelle. Son duo avec Tannhausser sera la demontrastion flagrante d un desequilibre et d une absence d interiorite qui donnerait plus d epaisseur emotionnelle a la sublime partition d Elizabeth.

Notons cependant que dans l acte 3, lorsque Heinrich evoque son chemin de croix et sa deconvenue, il est tout simplement divin!

La Venus de Petrinsky me gene profondement. Les graves sont des vrais graves de mezzo, grassouillet et peu visqueux en ce qui la concerne. Une voix qui s empate libere par des aigus criads, le phras se veut incisif, la diction plus academique que celle d un prof d allemand a l universite de Heidelberg. Mais elle sait aussi faire preuve d une extraordinaire nuance, sans effet ou cabotinage, elle possede son role et sait colore la partition.

Deuxieme veritable coup de chapeau.

A noter la belle performance de Gillet (ein junger hirt), toujours aussi epatante et qui tarde a etre enfin reconnu comme une des grandes revelations de la scene internationale.

Mon commentaire ne serait evidemment pas complet sans la mention des choeurs, plus que jamais prodigieux et qui offrent une sortie, un baisser de rideau somptueux au formidable Balsadonna qui quitte le TRM pour le ROH.

Les choeurs de Tannhausser sont a mon avis les plus reussit de toute l oeuvre de Wagner.

Le travail enfin des danseurs doit absolument etre salue, veritable delire physique.

Tannhausser est donc un spectacle a voir d abord en esperant que sa reprise beneficiera d une distribution plus convaincante.

L. [/b]

Verrouillé