Bellini - I Puritani - Armiliato-Pido/Dew - Vienne 03/2015-01/2018

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HELENE ADAM
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Re: Bellini - I Puritani - Armiliato/Dew - Vienne 03/2015

Message par HELENE ADAM » 13 mars 2015, 17:29

PlacidoCarrerotti a écrit :
HELENE ADAM a écrit :
MariaStuarda a écrit :
jerome a écrit :
HELENE ADAM a écrit :C'est incontestablement un soprano léger
oui et c'est donc problématique dès le départ pour ce répertoire qui n'est absolument pas destiné aux sopranos légers! :wink:
sans remettre une pièce dans le bastringue, c'est bien pour ça que je préfère Agresta

Incontestablement pas le même genre (j'ai bien aimé aussi Agresta ) mais, personnellement, je peux être séduite par deux interprétations très différentes d'Elvira sans problème. Du moment que la qualité vocale et technique y est et que les interprètes vivent le drame de leur personnage avec suffisamment de crédibilité, je trouve que ces démarches sont intéressantes.... (il n'y a pas que moi si j'en juge par le succès qu'a Peretyatko dans ce rôle qu'elle va à présent prendre à Turin sous la direction de Michele Mariotti avec Korchack comme partenaire).

On est quand même à des années lumières de Sutherland, Anderson, voire Gruberova et Devia ...
De Sutherland et Anderson, c'est sûr !!! :D Mais même Netrebko ne leur arrivait pas à la cheville du temps où elle chantait Elvira ...
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Bellini - I Puritani - Armiliato/Dew - Vienne 03/2015

Message par Leporello84 » 13 mars 2015, 17:33

PlacidoCarrerotti a écrit :On est quand même à des années lumières de Sutherland, Anderson, voire Gruberova et Devia ...
Je suis d'accord (quoique je n'aie vu aucune des susdites sur scène).
Quand j'entends Peretyatko, j'ai l'impression d'entendre une Olympia: très bien huilé, très propre, mais mécanique et froid. En plus la voix est trop légère.

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Re: Bellini - I Puritani - Armiliato/Dew - Vienne 03/2015

Message par HELENE ADAM » 13 mars 2015, 17:42

Un article avait été écrit à ce sujet dans Res Musica dont le titre est lui-même évocateur :
Puritani : Qui après Joan Sutherland ?
Et qui commence ainsi :
"S’il a peiné pour trouver le sujet de son opéra, quand Vincenzo Bellini compose I Puritani, il sait qu’il peut compter sur Giulia Grisi, La Grisi, pour interpréter Elvira et imagine qu’un peu plus tard, la non moins célèbre Malibran reprendra le rôle. Il sait aussi qu’il écrit la musique de Sir George Walton pour le célèbre Luigi Lablache et celle d’Arturo Talbot pour l’extraordinaire Rubini. Depuis ces temps glorieux, les interprètes les plus marquants de ces rôles n’ont pas été pléthore. Bien sûr, la postérité (et le disque) se souviendra de l’Elvira de Maria Callas, de celle de Joan Sutherland ou, dans une moindre mesure de Mirella Freni et autre Edita Gruberova. Tout comme des Arturo Talbot lumineux de Luciano Pavarotti ou d’Alfredo Kraus."

Je laisse de côté l'affaire du ténor (n'ayant été pour le coup, convaincue ni par Eric Cutler, ni par Dmitri Korchak, ni par John Tessier pour citer les trois derniers que j'ai entendus), mais, concernant la soprano, le problème est réel.
L'article a surtout pour objet d'émettre des réserves concernant l'interprétation d'Elvira par une autre soprano (Diana Damrau) en ces termes : "Bellini a d’autres exigences. Avec Diana Damrau, on se sent frustré car, même si elle possède les moyens vocaux du rôle, elle n’est pas investie de cette fibre théâtrale, de cette rage, de cette audace, de cette envie de se surpasser, de cet art du chant belcantiste qui soulève les foules et qui bouleverse les âmes."
Il me semble que c'est un problème général concernant ce rôle et, de ce point de vue, Olga Peretyatko atteint souvent "l'art de bouleverser les âmes "(la mienne en tous cas...).
http://www.resmusica.com/2011/01/29/qui ... utherland/
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Re: Bellini - I Puritani - Armiliato/Dew - Vienne 03/2015

Message par PlacidoCarrerotti » 13 mars 2015, 18:35

"Qui après Joan Sutherland ?". Ben, Anderson, par exemple. Ce qui veut dire que, même si le profil vocal est rare, il n'est quand même pas "unique".

Mais même des voix moins intrinsèquement idoines comme celles de Devia, Mosuc, Deutekom ou Gruberova me semblent à des années lumière de ce que proposent, de manière assez opposées, Agresta ou Peretyatko.


je précise que j'ai entendu toutes ces dames sur scène
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Bellini - I Puritani - Armiliato/Dew - Vienne 03/2015

Message par Verdiprati » 14 mars 2015, 03:39

HELENE ADAM a écrit :La mise en scène est classique, joue un peu sur une symbolique des décors (pas forcément très bien vus dans le cadre d'une retransmission), sur les lumières, le tout de manière constructive, l'histoire est bien traité et l'ensemble se suit avec beaucoup d'intérêt.
Cette production de John Dew date de mai 1994, et elle a été créée par Gruberova et Giordani.
J'ai vu la reprise en septembre 1995 avec les deux mêmes chanteurs comme protagonistes.
Le metteur en scène anglais d'origine cubaine, formé à l'école de Felsenstein était une personnalité de second plan dans le Regietheater, quand même bien actif en Allemagne dans les années 80-90.
On a vu sa Tosca même à l'Opéra Comique en juin 99 avec Scarpia métamorphosé en cardinal.

En 95 Arturo est poignardé par Riccardo à la fin. Les chanteurs et l'assistant, ont-ils abandonné cette idée dans cette énième reprise probablement sans répétition ?

Gruberova a bien chanté la cabaletta / stretta finale « Ah! sento o mio bell'angelo » en 95. Peretyatko, l'a-t-elle chantée ?
jerome a écrit :
HELENE ADAM a écrit :La "nouvelle Netrebko"
euh ... non! rien à voir! Netrebko il y a 15 ans avait des moyens vocaux d'une toute autre ampleur.
Peretyatko, c'est pas une très grande voix! C'est un bon lyrique léger efficace à la technique éprouvée et au style tout à fait satisfaisant mais elle ne se hisse pas au niveau de ses illustres devancières (Sutherland, Anderson et Devia pour ne citer que ces 3 là! mais la liste est beaucoup plus longue!). Même Gruberova (plus discutable ces dernières années sur le style!) a toujours eu une voix infiniment plus grande que la jolie Olga.
Mais bon, comme je dis toujours, faute de grives, on n'a pas le choix: faut se contenter des merles ... lol
Leporello84 a écrit :
PlacidoCarrerotti a écrit :On est quand même à des années lumières de Sutherland, Anderson, voire Gruberova et Devia ...
Je suis d'accord (quoique je n'aie vu aucune des susdites sur scène).
Quand j'entends Peretyatko, j'ai l'impression d'entendre une Olympia: très bien huilé, très propre, mais mécanique et froid. En plus la voix est trop légère.
Pour Elvira j'ai entendu Anderson et Devia en 87, Gruberova en 95, Peretyatko en 12 et Agresta en 13.
Anderson sort du lot nettement par sa coloratura di forza, Devia est soprano léger avec sûreté d'intonation incomparable, Peretyatko « joli produit » qui ne me déplaît pas même stylistiquement. Agresta a la voix corsée mais sans aucune technique adéquate au bel canto.

Reste le cas Gruberova.
Je ne crois pas du tout qu'elle soit simple soprano colorature léger condamné à chanter Zerbinetta et Adele comme Segalini ( pour qui j'ai pourtant beaucoup d'estime ) l'a taxée autrefois.
En l'entendant chanter Elvira, j'ai eu la curieuse impression que sa voix est à la fois puissante et légère.

J'ajoute que j'ai eu l'impression semblable en entendant Sutherland en fin de carrière dans le récital en 87 et dans Lucrezia Borgia en 89.
Même à travers les disques je ne suis pas sûr du tout que Sutherland soit soprano drammatico d'agilità comme certains le disent, bien qu'elle chante même Wagner.

Plus tard j'ai appris qu'il y avait des témoignages d'époque contradictoires sur la voix d'Aloysia Lange, créatrice de Donna Anna à Vienne; elle est « trop petite » pour certains et « très grande » pour d'autres.
Leopold Mozart l'explique en disant que sa voix est puissante pour les notes expressives et fine pour l'aigu et la colorature.
Elle chante également Konstanze, Herz et même Sesto.

Je suppose que la description de Leopold pourrait être valable pour Gruberova et Sutherland.

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Re: Bellini - I Puritani - Armiliato/Dew - Vienne 03/2015

Message par jerome » 14 mars 2015, 09:51

Verdiprati a écrit :Devia est soprano léger avec sûreté d'intonation incomparable, Peretyatko « joli produit » qui ne me déplaît pas même stylistiquement. Agresta a la voix corsée mais sans aucune technique adéquate au bel canto.
Reste le cas Gruberova.
Je ne crois pas du tout qu'elle soit simple soprano colorature léger condamné à chanter Zerbinetta et Adele comme Segalini ( pour qui j'ai pourtant beaucoup d'estime ) l'a taxée autrefois.
En l'entendant chanter Elvira, j'ai eu la curieuse impression que sa voix est à la fois puissante et légère.
J'ajoute que j'ai eu l'impression semblable en entendant Sutherland en fin de carrière dans le récital en 87 et dans Lucrezia Borgia en 89.
Même à travers les disques je ne suis pas sûr du tout que Sutherland soit soprano drammatico d'agilità comme certains le disent, bien qu'elle chante même Wagner.
Plus tard j'ai appris qu'il y avait des témoignages d'époque contradictoires sur la voix d'Aloysia Lange, créatrice de Donna Anna à Vienne; elle est « trop petite » pour certains et « très grande » pour d'autres.
Leopold Mozart l'explique en disant que sa voix est puissante pour les notes expressives et fine pour l'aigu et la colorature.
Elle chante également Konstanze, Herz et même Sesto.
Je suppose que la description de Leopold pourrait être valable pour Gruberova et Sutherland.
Gruberova et Sutherland sont 2 voix totalement différentes typologiquement parlant! Sutherland était dès ses débuts un grand lirico coloratura dont nous n'avons pas eu le moindre équivalent depuis! Sa puissance vocale (littéralement wagnérienne), aigu, suraigu et coloratura compris, était extraordinaire! Puis, le timbre s'est progressivement assombri sans qu'elle perde en extension, en facilité technique, en puissance et elle est devenue un drammatico coloratura à partir de la fin des années 60/début des années 70.
June Anderson a été la directe héritière (et pour le moment la seule) de Sutherland avec toutefois des moyens vocaux, certes appréciables, mais moindres.
Gruberova, elle, n'est pas un soprano léger (Mesplé, Grist, Köth, Dessay, ça ce sont des sopranos légers!). Elle est dès le départ et elle est restée un lirico coloratura avec une voix peu puissante dans le grave, normalement puissante dans le medium et exceptionnellement puissante dans l'aigu et le suraigu (sauf que depuis presque 10 ans elle aurait mieux fait de s'abstenir du dit-suraigu ...)
Mariella Devia n'a jamais été soprano léger (la nature même du timbre interdit qu'on la range dans cette catégorie!) et sa voix d'une homogénéité totale, sans être exceptionnellement puissante, était admirablement projetée sur tout l'ambitus. Une sorte de Giulia Grisi contemporaine.
Agresta a une nature vocale tout à fait pertinente pour le répertoire belcantiste (timbre, puissance, extension, une certaine facilité technique) mais il lui faut discipliner davantage ses beaux moyens aux codes belcantistes. Encore que dans le désert actuel, son Elvira et sa Norma, sa Gemma di Vergy ainsi que ses Verdi d'écriture belcantiste restent très intéressants. Un beau potentiel à affiner.
Quant à Peretyatko, c'est une sorte d'Eva Lind techniquement et stylistiquement mieux disciplinée.

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Re: Bellini - I Puritani - Armiliato/Dew - Vienne 03/2015

Message par Verdiprati » 14 mars 2015, 17:37

Merci, Jerome.
- Gruberova, est-elle soprano colorature léger ?
- Sutherland, est-elle soprano drammatico d'agilità ?
A ces deux questions, personne ne m'a répondu avec telle clarté jusqu'ici.

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Re: Bellini - I Puritani - Pido/Dew - Vienne 10/01/2018

Message par HELENE ADAM » 10 janv. 2018, 22:25

J'ai récidivé, j'ai vu la retransmission de Vienne de ces Puritani cette fois dirigés par Pido ( :cry: ) pour entendre l'Elvira de Venera Gimadieva (une des jeunes sopranos Russes qui m'intéresse beaucoup) et réentendre Dmitri Korchak quelques années après l'expérience assez ratée de son Arturo à Bastille quand Pelly lui avait fait le cadeau d'un décor totalement ouvert où le jeune ténor avait failli y laisser sa voix.
Très beau couple ce soir.
Détails plus tard... :wink:
(toujours la même "trahison" du livret puisque Arturo est tué à la fin par Riccardo mais, bon, la mise en scène date de 1994, j'imagine que tout le monde est au courant).
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Re: Bellini - I Puritani - Armiliato/Dew - Vienne 03/2015

Message par jean-didier » 11 janv. 2018, 09:34

Verdiprati a écrit :
14 mars 2015, 17:37
Merci, Jerome.
- Gruberova, est-elle soprano colorature léger ?
- Sutherland, est-elle soprano drammatico d'agilità ?
A ces deux questions, personne ne m'a répondu avec telle clarté jusqu'ici.
A mon avis une analyse spectrale des voix de ces chanteuses (je crois d'ailleurs que ça a été fait, je me demande si ça n'est pas présent dans la 1ere biographie de Gruberova) permettrait de différencier toutes ces chanteuses de manière très objective, sans termes tarabiscotés italiens qui sont revus par tout le monde à sa sauce et pour lesquels aucun critère objectif n'est associé. On y verrait j'imagine pour Gruberova une puissance importante dans les fréquences élevées et Sutherland, un spectre plus homogène avec une puissance allant dans les fréquences moins élevées. Tout ça pour des sons identiques évidemment.

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Re: Bellini - I Puritani - Armiliato&Pido/Dew - Vienne 03/2015 et 10/01/2018

Message par HELENE ADAM » 11 janv. 2018, 19:19

I Puritani

Vincenzo Bellini

Direction : Evelino Pido
Mise en scène : John Dew

Sir Giorgio : Jongmin Park
Lord Arturo Talbo : Dmitry Korchak
Sir Riccardo Forth : Adam Plachetka
Elvira : Venera Gimadieva
Lord Gualtiero Valton : Ryan Speedo Green
Sir Bruno Roberton : Leonardo Navarro
Enriquetta di Francia : Ilseyar Khayrullova

Séance du 10 janvier 2018, retransmission en livestream.
CR à suivre.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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