Verdi - Otello - Chung/Duffaut - Orange - 08/2014

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jerome
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Re: Verdi - Otello - Chung/Duffaut - Orange - 08/2014

Message par jerome » 06 août 2014, 04:15

Quand je pense qu'à l'époque où Pavarotti a abordé le rôle en version de concert qui a d'ailleurs donné lieu à l'intégrale DECCA, il avait été, à juste titre, très critiqué pour son timbre trop lyrique et une aisance relative dans la tessiture! Mais à côté de ce qu'Alagna a présenté, Pavarotti, qui est une bien plus grande voix, est un Otello d'une pure splendeur.
Sans remonter à Del Monaco, Vickers et Domingo qui sont les trois grandes références, on peut dire ce qu'on veut sur Antonenko ou un José Cura ou Galouzine mais au moins, eux, tiennent ou tenaient le rôle vocalement.
Là, par delà certains rares moments pas trop mal réussis par Alagna, on a assisté à une débâcle vocale complète. Jamais le timbre d'Alagna n'a sonné aussi usé voire laid, jamais ses aigus n'ont été aussi criés ou éraillés voire totalement ratés. Si l'intelligence interprétative est un critère recevable, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit aussi de chant et le chant d'Alagna est là assez peu défendable dans sa globalité.
Effectivement, reste à espérer pour sa santé vocale que l'aventure d'Otello s'arrête là pour lui. Et dire ça, ce n'est pas faire du bashing! C'est exprimer les plus vives inquiétudes face à des prises de rôle de plus en plus inconséquentes. La Fontaine a très bien expliqué ce qu'il advenait de la grenouille qui voulait imiter le boeuf ...

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Re: Verdi - Otello - Chung/Duffaut - Orange - 08/2014

Message par KITTY » 06 août 2014, 04:55

Personne pour se souvenir et parler de Vladimir Atlantov à Orange dans 'Otello" ???

Optimum
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Re: Verdi - Otello - Chung/Duffaut - Orange - 08/2014

Message par Optimum » 06 août 2014, 04:57

Je n'ai pas vu ce que pouvait donner la diffusion télévisuelle (ou radio) car j'étais sur place. Je comprends que la perception puisse être légèrement différente, mais sur la prestation de Roberto Alagna, dans le théâtre antique, mon impression est d'abord que l'engagement d'Alagna fut exceptionnel. Il est à 100% dans son personnage, sans discontinuer, et sa prestance, la théâtralité qu'il a donnée sont plutôt impressionnantes. Au delà du jeu (mais est ce dissociable ?), j'ai trouvé que par son chant il faisait bel et bien de l'impact dans son interprétation du Maure. Le final en particulier était magnifique, mais tout au long des 4 actes il y a eu de très beaux moments, appréciés à leur juste valeur par le public sur place (aussi derrière les écrans si j'en crois les tweets et autres commentaires du direct sur les réseaux sociaux, qu'ils émanent de spectateurs "physiques" ou "à distance"). Certes certains passages aigus ont été tendus, mais ils sont passés, et il n'y a pas eu de "craquage". Le timbre clair ne me gêne pas un instant car je pense qu'il faudrait arriver sans a priori sur ce sujet : les passages "lyriques" n'en ressortent que plus brillants, en contraste avec la voix de Iago-Ko mais aussi donnant corps à la transformation progressive d'Otello sombrant peu à peu dans le doute, la colère, le vertige de son destin tragique. La voix se colore au fur et à mesure. La projection, la diction, je n'en parle pas, ce sont des qualités évidentes du ténor, que peu d'autres peuvent prétendre maîtriser aussi bien que lui dans ce lieu si particulier qu'est Orange. A aucun moment je n'ai trouvé le timbre "laid", pas du tout ! Il lui a donné de la profondeur, tout en conservant sa clarté. Je pense aussi qu'Alagna a su exprimer de multiples nuances dans son interprétation et qu'il a "embarqué" le public dans l'émotion également grâce à cela. Dans les premiers commentaires que j'ai lus, certains appellent ça magnétisme, d'autres conviction, autorité, ... Toujours est-il que par l'intensité de son interprétation, il a été capable de donner chair au drame, et c'est bien cela le but ultime de l'opéra il me semble. Evidemment le rôle d'Otello est pour le ténor semé de nombre de difficultés, et les conditions dans lesquelles les chanteurs ont dû aborder les Chorégies cette année ne les ont certainement pas aidé à les braver. Reports, pluies, rhume, mistral en rafales, froid, incidents techniques ... Non seulement Alagna n'a pas démérité (aussi je trouve complètement disproportionné les qualificatifs d'indigne et affligeant, de même que débâcle), mais au contraire je trouve qu'il a été capable d'apporter avec beaucoup d'intelligence, et de réussite, sa lecture propre du personnage abordée avec sa voix, et toutes les choses qu'il avait prévu de mettre en œuvre au cours de sa préparation. Cela a fonctionné avec l'assistance dans le Théâtre, lui valant des applaudissements nourris et chaleureux aux saluts. Je ne crois pas que le public d'Orange lui fut particulièrement acquis pour qu'il lui réserve un tel triomphe si sa prestation avait été aussi affligeante que certains l'écrivent.
3 tweets par exemple : mystic_cat @mystic_cat : Roberto, beware. Am among those who saw del Monaco, Vickers, Domingo as Otello. + Vien! Venere splende. Roberto in beautiful shape so far. + Tout de même. Ce final d'Otello. Quelle splendeur.

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Re: Verdi - Otello - Chung/Duffaut - Orange - 08/2014

Message par abaris » 06 août 2014, 07:53

jerome a écrit : Là, par delà certains rares moments pas trop mal réussis par Alagna, on a assisté à une débâcle vocale complète. Jamais le timbre d'Alagna n'a sonné aussi usé voire laid, jamais ses aigus n'ont été aussi criés ou éraillés voire totalement ratés. ....
Oui. Il y a un monde entre l'Alagna d'hier soir et celui, splendide, qui chantait Werther à Paris il y a quelques mois.

Je rappelle avoir désigné RA meilleur chanteur de la dernière saison. :roll:
jerome a écrit :Si l'intelligence interprétative est un critère recevable, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit aussi de chant et le chant d'Alagna est là assez peu défendable dans sa globalité....
Personne ne niera son engagement mais je n'ai pas été convaincu non plus par l'incarnation, très sommaire à mon avis. Le vide de la mise en scène et la direction d'acteurs pataude n'ont pas dû l'aider...

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Re: Verdi - Otello - Chung/Duffaut - Orange - 08/2014

Message par DelBosco » 06 août 2014, 08:14

Bonjour,

Que Monsieur Alagna ait eu "envie" de chanter Otello, soit (tous les ténors en rêvent).
Ce qui est plus que contestable, c'est qu'un festival prestigieux comme le furent les Chorégies lui permette de le faire (car compte tenu de la nature vocale d'Alagna, le naufrage vocal était prévisible), et que ce soit ce spectacle qui donne lieu à l'une des seules retransmissions d'opéra de l'année sur une chaine nationale à une heure de grande écoute !

Quant à Bergonzi, même si son unique Otello fut un désastre, il faut relativiser en rappelant que le ténor avait pris là un risque inconsidéré : c'était en 2000 (il avait 75 ans) et il était donc au-delà de la fin d'une carrière au cours de laquelle il aura servi Verdi (principalement) à un tout autre niveau que Roberto Alagna !!

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Re: Verdi - Otello - Chung/Duffaut - Orange - 08/2014

Message par romain » 06 août 2014, 08:30

Bonjour

La prestation de Roberto Alagna hier soir ne peut effectivement pas être qualifiée d’historique. Car c’est bien au plus haut niveau que nous essayons de commenter ses prestations scéniques.

Pour avoir assisté à la générale, on ne peut bien sûr pas attendre la même chose devant sa radio, sa télé ou sur les pierres du théâtre…c’est le jeu et les règles des retransmissions !

Ce que je retiens de cet Otello à Orange :
- Un dramatisme et une implication scénique énormes du début à la fin de l’opéra dans les conditions qu’on connaît (pluie, vent, report, 4 représentations en 1 semaine avec les pré générales et générales chantées à pleine voix).
- Du très beau chant, un lyrisme et un style superbes. Les meilleurs moments sont les actes 1 et 4 mais également un aria du III à faire pleurer les pierres du théâtre antique tant le style verdien est présent (hormis l’aigu un peu décharné)
Le seul point dur aura été l’aigu. En effet, après l’acte 1 et un magnifique Esultate, l’aigu devient presque constamment crié et blanchi. Méforme légère, suite de rhume ou sinusite (mistral de fou à la générale), fin de saison, rôle l’emmenant à ses limites, etc…on peut trouver plein de raison. Ce qui est certain c’est que cela n’a rien à voir avec un raté, une mauvaise préparation ou une méconnaissance de ses moyens. Il suffit d’écouter Pleyel pour s’en rendre compte et je pense que Roberto Alagna ne se serait jamais lancé dans Otello si, à chaque fois, les aigus de l’acte II ou de la fin du III sortaient comme ceci. Beaucoup de sites ont relayé sa préparation et les répétitions, de même que des interviews de sa conception du rôle…je pense que cela doit suffire à comprendre qu’il était complètement prêt et aguerri !

Ce sera donc une semi réussite pour moi car le rôle est taillé pour lui mais nécessite qu’il soit à 100% de ses capacités vocales, ce qui n’était pas le cas hier soir. Le pari est réussi pour moi tout de même car on imagine bien ce qu’est faire une prise de rôle d’Otello devant le mur d’Orange (Otello ce n’est pas Desdémona !)
Nous avons souffert devant nos postes hier mais je suis convaincu du bien-fondé des retours des spectateurs dans le théâtre car l’implication et l’atmosphère de cet opéra en plein air live ont surement complètement atténué les difficultés vocales sur lesquelles on se focalise assis dans un fauteuil à la maison…

En tout cas, j’ai vécu sur place à Orange un vrai grand moment d’Opéra et d’émotion ! :D


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Re: Verdi - Otello - Chung/Duffaut - Orange - 08/2014

Message par Polyeucte » 06 août 2014, 08:38

Et juste une question... il n'y avait que Alagna sur scène? :D
jerome a écrit :Sans remonter à Del Monaco, Vickers et Domingo qui sont les trois grandes références, on peut dire ce qu'on veut sur Antonenko ou un José Cura ou Galouzine mais au moins, eux, tiennent ou tenaient le rôle vocalement.
Tiennent... enfin l'année dernière encore!
Cura splendide dans les extraits à Pleyel et avec de très bons retours peut de temps après à Vienne... Galouzine à Marseille qui après un début étrange embarque tout par la suite... et Antonenko la voix est encore à son zénith!

Mais quelle idée de faire Otello à Orange?? Dans un théâtre moins exposé, ce serait sûrement beaucoup mieux passé car il n'aurait pas été obligé de forcer...
Des moments vraiment très très difficiles et un timbre qui s'effondre au fur et à mesure du II dans l'aigu pour finalement contaminer l'ensemble de la tessiture par la suite. Du coup des cris pour racheter...
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Re: Verdi - Otello - Chung/Duffaut - Orange - 08/2014

Message par PlacidoCarrerotti » 06 août 2014, 08:52

xavierscriabine a écrit :C'est sûr que quand on a dû payer un prix exorbitant ça fait suer de se dire que c'était tout pourri...
Hé hé. C’est vrai que le fait de faire le déplacement pour un spectacle introduit un biais positif (à l’inverse, il peut introduire un biais négatif chez des aigris qui n’ont pas pu faire le voyage). Ceci dit, si on avait le même ressenti dans la salle que par une simple écoute radio, ça se saurait. Il y a plein d’exemple de chanteurs qui passent bien à la bande ou, à l’inverse, qui brulent les planches et font oublier leurs défauts, plein de mises en scène qui brouillent l’écoute, etc. ce n’est plus à démontrer.

En ce qui concerne hier soir, tous les défauts (voire qualités) évoqués n’étaient pas nécessairement sensibles dans l’amphithéâtre (et je ne crois pas qu’on puisse me taxer de « fan atitude »). Le fameux « Esultate » qui nous a valu le premier post enthousiaste de Bernard ne cassait pas des briques. A l’inverse, les aigus « criés » ne résonnaient pas comme tel (il y en a eu un de bien faux en tous cas). Le « contre-ut » était moins spectaculaire qu’à Pleyel, mais il était bien là. En revanche, on percevait bien les graillons (déjà présents à Pleyel en seconde partie) qui, à mon avis, montre l’inadéquation de la voix de Roberto à la tessiture(un exemple qui m’avait marqué dans les années 80 : quand Rocky Blake a chanté les Puritains à Favart, ce ne sont pas les aigus qui lui posaient des problèmes mais l’air de l’acte III, dans un medium dont il n’avait pas la largeur : cela l’obligeait à forcer à s’appuyer sur le timbre et il finissait très souvent pas graillonner).
Pour le reste, phrasé, diction, restent de grande qualité, mais j’entends un Roméo ou un Don José comme je l’ai déjà dit.
En revanche, parler de triomphe relève bien de la fan attitude : les quelques minutes d’applaudissements d’hier soir n’ont rien à voir avec des délires dans ce même théâtre comme ceux du Don Carlo (Caballé, Bruson, Aragall, Bumbry, Estes), d’Elektra (Jones, Rysanek), etc.
J’ai de nombreux souvenirs d’Alagna chantant la main sur le cœur devant le trou du souffleur avec une œillade assassine pour la bouchère du premier rang. Plus rarement, il peut être impressionnant scéniquement, comme en Don José par exemple. Cet Otello le trouve entre les deux : il joue, mais il n’est pas à proprement parler possédé par son personnage. A ce titre, la mort est belle, mais pas bouleversante. Le portrait est incomplet, voire superficiel : aucune sauvagerie, aucun délire dans le meurtre, mais pas davantage d’emportement amoureux ; or, ce sont les contradictions entre ces deux facettes qui sont l’intérêt du personnage : c’est un guerrier terrifiant, mais qui a su s’adoucir au point de susciter l’amour de Desdémone malgré les préjugés raciaux.
Au global, un chant moins châtié qu’à Pleyel, un personnage dramatiquement plus fouillé, mais rien qui ne vienne bouleverser l’histoire interprétative du rôle. Après, que les fans d’Alagna soit heureux de l’entendre dans un rôle de plus, c’est leur droit !
A titre de comparaison, j’avais trouvé la seconde représentation de Turandot autrement plus excitante : là, on avait un chanteur qui se battait pour faire oublier le ratage de la première et il y avait de l’électricité dans l’air ; hier, j’ai quand même souvent ressenti de l’ennui.
Rien à dire de plus sur le reste des protagonistes principaux : suivant son degré d’indulgence, on pourra les juger honnêtes ou médiocres, en tous cas peu dignes d’un « festival ».
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Verdi - Otello - Chung/Duffaut - Orange - 08/2014

Message par Lucas » 06 août 2014, 09:12

jerome a écrit : Quand je pense qu'à l'époque où Pavarotti a abordé le rôle en version de concert qui a d'ailleurs donné lieu à l'intégrale DECCA, il avait été, à juste titre, très critiqué pour son timbre trop lyrique et une aisance relative dans la tessiture! Mais à côté de ce qu'Alagna a présenté, Pavarotti, qui est une bien plus grande voix, est un Otello d'une pure splendeur.
Là, je suis en désaccord total : Tamagno (dont on connait certains enregistrements tardifs) qui fut le créateur du rôle avait une voix assez claire de ténor lyrique et je pense, au contraire, que ce type de voix peut apporter un contraste intéressant avec la noirceur de Iago. Encore faut-il que ce ténor lyrique ait toutes les notes d'Othello et c'était justement le cas de Pavarotti qui chantait avec une justesse et une aisance vocale dans l'aigu remarquables mais qui, faute de préparation (il l'a chanté deux fois avec Solti et puis s'en va), ne l'a jamais incarné. C'est pourquoi, Roberto Alagna a eu raison de s'engouffrer dans la brèche en essayant de transformer l'essai de son ainé.
jerome a écrit : Là, par delà certains rares moments pas trop mal réussis par Alagna, on a assisté à une débâcle vocale complète. Jamais le timbre d'Alagna n'a sonné aussi usé voire laid, jamais ses aigus n'ont été aussi criés ou éraillés voire totalement ratés.
Je te trouve excessivement sévère , Jérôme, et pourtant je suis loin de faire partie du fan club d'Alagna (comme Optimum qui n'intervient sur ce forum que pour faire l'hagiographie de son idole). Certes, les aigus d'Alagna, à partir du la, sont difficiles mais le reste de la tessiture (c'est à dire 95% du rôle) est parfaitement maitrisé et le bas médium, particulièrement sollicité, reste fort beau. Se focaliser ainsi sur l'aigu, c'est traiter un chanteur comme un coq de village et une machine à contre ut : heureusement que la musique, c'est autre chose ! Et j'ai trouvé que, dans la noblesse de ses phrasés comme dans la sobriété de son chant, Alagna évitait l'écueil principal de cet opéra : le chant vériste et hurlé symbolisé par Mario del Monaco que tu considères comme un grand Othello et qui, à mes oreilles, est ce qui se fait de pire dans le rôle.

Dans le cas d'Alagna, le problème est ailleurs : un chant terriblement monochrome avec des couleurs uniformes. Plus d'une fois avec lui, j'ai eu le sentiment d'être sur une autoroute avec la monotonie qui va avec. Comment expliquer cela ? Tout simplement parce que le ténor français a perdu toute souplesse dans l'émission (il chante quasiment tout autour du mezza forte) et ne maitrise plus du tout la technique de l'émission en voix mixte. Or c'est cette technique qui permet de varier les couleurs, de faire des diminuendi et des pianissimi parfaitement timbrés et de construire une interprétation personnelle qui surprendra l'auditeur. Et force est d'admettre que ses deux rivaux les plus célèbres (Kaufmann et Grigolo qui m'emportent bien davantage) maitrisent cela à merveille même si certains pourront regretter la voix un peu sombrée du premier et les maniérismes du second.

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Re: Verdi - Otello - Chung/Duffaut - Orange - 08/2014

Message par muriel » 06 août 2014, 09:28

Grande soirée hier soir malgré le mistral qui a soufflé en rafales au dernier acte.
Ce qu'il faut retenir c'est l'extraordinaire direction de Chung, raffinée, sensible avec un orchestre somptueux. Tous les pupitres sont excellents (en particulier les cuivres)
3 grands chanteurs, très investis, chantant sobrement, avec finesse.
Alagna n'a jamais forcé, même s'il a du mal avec les aigus, il s'en sort très bien sans faire son show habituel (mais avec beaucoup de stress).
Superbe Mula, toute en finesse en nuances. C'est elle qu'on entendait le mieux sur les gradins .
Très beau Ko, surexcité, jouant avec le public aux saluts.

Je me demandais si Alagna avait déjà chanté avec Chung qui semble lui apporter plus de simplicité , de douceur et de classe dans son chant ?

Grande classe Mr Chung, il était très très souriant.

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