Liaisons dangereuses - Les ombres - St Etienne - 01/2014

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perrine
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Liaisons dangereuses - Les ombres - St Etienne - 01/2014

Message par perrine » 02 févr. 2014, 22:17

Liaisons dangereuses

Mariana Flores, Soprano
Mélodie Ruvio, Alto

ensemble "Les Ombres"

Marin Marais
Sémélé, tragédie lyrique, extraits
Ouverture
Air pour les ménades
« Quel bruit nouveau se fait entendre »
Air des furies
« Terrible roy des pâles ombres »
Symphonie, 2ème air des guerriers
Chaconne


André Cardinal Destouches
Sémélé, cantate française inédite

Georg Friedrich Haendel
Concerto Grosso op3
Sémélé – Air “Oh sleep”
L’allegro, il pensero ed il moderato – Air instrumental « Sweet Bird »
Tra le fiamme, cantate romaine, HWV 170
Sémélé - symphonie / récitatif « Iris impatient of thy stay » / Air « Endless pleasure » / Récitatif « no more » / Air « Hence, Iris Hence away »
Theodora - o thee, thou glorious son of worth



Sous le titre plein de curiosité du concert « les liaisons dangereuse » se cache le mythe de Sémélé. Mythe transmis par Ovide, et qui a connu une certaine vogue au début du XVIII siècle avec au moins 5 adaptations musicales connues.
Junon épouse de Jupiter est jalouse de sa maîtresse Sémélé. Elle prend alors les traits de la nourrice de Sémélé et la convainc de demander à l’homme qui la séduite (et dont elle est enceinte) de se montrer sous sa véritable apparence. Est il Homme ou Dieu ?
Jupiter qui avait promis à Sémélé de tout lui accorder se voit contraint de se montrer à elle dans toute sa splendeur, porteur de la foudre. Sémélé fera alors les frais de la jalousie de Junon et sera foudroyée.
(L’enfant qu’elle portait sera cousu dans la cuisse de Jupiter et naîtra sous le nom de Bacchus.)

Dans un programme bien construit, ce mythe de Sémélé nous est restitué à travers 3 compositeurs.

Avec Marin Marais pour commencer. Son opéra Sémélé (qui fut son dernier ouvrage lyrique) a été joué en 1709 et fut un échec. Sorti de l’oubli par le Concert Spirituel d’Hervé Niquet en 2007, les pages musicales sont splendides, et font la jonction entre Lully et Rameau.
Le jeune ensemble baroque vocal et instrumental « Les Ombres » trouve dans cette partition le moyen de s’exprimer de manière fraîche et alerte. La fluidité et la cohésion sont remarquables. Tantôt sautillant, tantôt langoureux, tantôt en suspension, on se laisse embarquer dans cette musique souveraine avec délice.
Par défaut de diction, les deux (courtes) interventions chantées de Mariana Flores et Mélodie Ruvio tombent un peu ‘à plat’. S’il n’y a rien à reprocher au style et à l’aspect vocal d'entrée séduisant pour les deux interprètes, il est difficile de raccrocher les extraits chantés à la musique.

10 ans après c’est au tour d’André Cardinal Destouches de s’approprier le mythe et de composer une cantate pour voix seule et instrument. Inédite à ce jour, Mélodie Ruvio lui donne toutes ses lettres de noblesse. Largeur dans la voix, timbre charnu et corsé, homogénéité des registres, graves profonds et appuyés, expressivité toute intérieure, elle délivre cette cantate avec une classe indéniable.
L’aria finale avec le jeu violon/voix est magnifique, faisant ressortir toute la fatalité du mythe.

C’est ensuite Haendel qui est à l’honneur de la suite et fin du programme des « liaisons dangereuses ».

Après le concerto Grosso N°3 qui permet à l’ensemble « les ombres » de s’exprimer une nouvelle fois en toute humilité et tout en finesse et en créativité (le violon finit seul la concerto après le départ de chaque instrumentiste au fil de la fin du morceau), c’est un « Oh Sleep » de Sémélé d’une douceur infinie qui nous est proposée en toute intimité entre le théorbe Vincent Fluckiger et la soprano Mariana Flores.

Une petite incursion dans l’air instrumental « sweet bird » de L’allegro, il pensero ed il moderato nous prépare à un autre type de liaison dangereuse, avec l’histoire de Décale et d’Icare. Le début de la cantate Tra le fiamme est légèrement en retenue, mais rapidement la voix de Mariana Flores prend de l’ampleur, et le papillon sort de sa chrysalide. C’est alors un festival de douceur, de sensualité, de simplicité et de grâce pour évoquer le vol téméraire mais fatal d’Icare, excellemment soutenu par Margaux Blanchard à la viole de gambe.

Retour à Sémélé où à travers les extraits « Endless pleasure » « Awake, Saturnia, from thy lethargy », “With adamant the gates are barr'd,” et “Hence, Iris, hence away”, les deux chanteuses continuent d’explorer la passion et la jalousie, chacune caractérisant parfaitement les situations tant dans les récitatifs que dans les arias.

Fin avec le duo magnifique « to thee, thou glorious son of worth » : « J’espère que nous nous retrouverons sur cette terre, Mais j’ai la certitude que nous nous reverrons au ciel »

Mais non !!!! nous aurons le plaisir de les retrouver sous peu, car ce spectacle est déjà programmé dans quelques salles, et c'est tant mieux !

http://les-ombres.fr/5,5,en,Calendar.html
(Baselbieter Konzerte le 04/02, Montpellier 23/02, Mid summer festival (Condette) le 21/06)

Perrine

ps, le texte de la soirée est téléchargeable sur le site de l'opéra de Saint Etienne :
http://www.operatheatredesaintetienne.f ... semele.pdf
Le problème quand on trouve une solution, c\'est qu\'on perd une question.

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