La Chauve-souris - Guschlbauer/Lawless - Genève - 12/2013

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La Chauve-souris - Guschlbauer/Lawless - Genève - 12/2013

Message par dge » 20 déc. 2013, 20:15

Johann Strauss fils : La Chauve-souris
Opérette en trois actes sur un livret de Carl Haffner et Richard Genée crée au Theater an der Wien le 5 avril 1874 .
version française de Paul Ferrier

Grand Théâtre de Genève – Décembre 2013



Direction musicale : Theodor Guschlbauer
Mise en scène : Stephen Lawless
Décors : Benoît Dugardyn
Costumes d’après les modèles de : Ingeborg Berneth
Lumières : Simon Trottet
Chorégraphie : Nicola Bowie

Gabriel von Eisenstein : Nicolas Rivenq
Rosalinde : Mireille Delunsch
Adèle : Teodora Gheorghiu
Prince Orlofsky : Marie-Claude Chappuis
Dr Falke : Dominique Côté
Franck : René Schirrer
Alfred : Marc Laho
Dr Blind : Fabrice Farina
Ida : Marion Jacquemet
Frosch : Dimitri
Ivan : Omar Keita

Orchestre de la Suisse Romande
Chœur du Grand Théâtre de Genève
( direction Ching-Lien Wu)



Représentation du 17 décembre 2013



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La Chauve-souris ne connut lors de sa création qu’un succès mitigé expliqué en partie par le krach boursier qui avait frappé la Bourse de Vienne un an plus tôt et qui avait sérieusement atteint le moral des Viennois dont bon nombre avaient été ruinés. Mais l’œuvre allait rapidement connaître un succès mondial d’autant que la fête et le champagne qui sont si bien célébrés dans ce premier chef d’œuvre de l’opérette viennoise justifient pleinement sa programmation régulière lors des fêtes de fin d’année.

La production donnée au Grand Théâtre de Genève a été crée au Festival de Glyndebourne en 2003 et en langue originale, puis donnée ici même en décembre 2008. Mais elle est cette fois reprise dans la version française conçue par Paul Ferrier en 1904 pour le Théâtre des Variétés à Paris.


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Le metteur en scène Stephen Lawless situe quand même l'action à Vienne au début du 20eme siècle ( mais les personnages ont gardé leur nom allemand) et c’est la Vienne de la Sécession qui inspire le magnifique et imposant décor de Benoît Dugardyn qui met en contraste des couleurs or et noir : une immense verrière circulaire dont le châssis métallique est fait de motifs géométriques si caractéristiques de cet art nouveau viennois. Cet ingénieux dispositif scénique offre de larges échappées sur un jardin au premier acte et en tournant sur lui même permet des changements de lieu très rapides assurant une parfaite continuité de l’action. Et c’est souvent à Klimt que renvoient certains des très beaux costumes de Ingeborg Berneth comme l’impressionnante robe de chambre de Eisenstein. Alors d’où vient que, malgré une belle direction d’acteurs et une première partie très enlevée, le rythme baisse un peu jusqu’au dénouement final ? Le livret n’est certes pas un chef d’œuvre de dramaturgie mais il faut peut-être en trouver la cause dans le choix de la version française qui, si elle permet une bonne compréhension des dialogues, gomme toutes les références viennoises en tirant l’action vers Feydeau ou le théâtre de boulevard et induisant ainsi un hiatus avec la musique.


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crédit GTG/Isabelle Meister


L’opérette viennoise exige de vraies voix pour lui rendre justice et comme il y a trois ans pour La Veuve joyeuse, le Grand Théâtre a su réunir une équipe de chanteurs de qualité .

Vocalement très à l’aise, Nicolas Rivenq est un Gabriel von Eisenstein très élégant. Grâce à un bel abattage scénique il caractérise très bien l’aristocrate roublard et fêtard prompt à tromper sa femme.
Teodora Gheorghiu est une Adèle pleine de jeunesse et de charme et qui maîtrise parfaitement la tessiture exigeante du rôle avec un beau timbre et des aigus lumineux.
Marie-Claude Chappuis incarne un prince Orlofsky désabusé à souhait. Le mezzo est beau et la ligne de chant exemplaire. Marc Laho est un Alfred plein d’ardeur dont on apprécie le phrasé et la projection. Le baryton québecois Dominique Côté fait une remarquable composition du Dr Falke et René Schirrer est un Frank débonnaire à souhait.
Le cas de Mireille Delunsch est plus problématique. Appelée peu avant la première pour suppléer l’indisposition de Noëmi Nadelmann, la soprano française n’a eu que quelques jours pour apprendre la mise en scène et le rôle de Rosalinde en Français alors qu’elle l’a déjà chanté en allemand à Salzbourg. On ne peut que lui être reconnaissant du travail effectué et du résultat obtenu. Mais on sent quand même une certaine prudence et un petit déficit inhabituel d’engagement, comme si l’appropriation du rôle dans cette langue et cette mise en scène n’était pas complètement terminée. L’intelligibilité du texte est parfaite mais la voix se fait moins ample dans le registre grave. Sa csardas du deuxième acte Klänge der heimat , chantée en allemand, est cependant parfaitement rendue.
Enfin on accordera une mention très bien au Frosch confié au clown Dimitri, gloire nationale du cirque en Suisse. Il arrive sur le devant de la scène avant le troisième acte avec des alambics disposés sur une carriole pour nous vanter l’absinthe qu’il distille…manière d’affirmer que le clown refuse de se soumettre aux lois.


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Theodor Guschlbauer adopte des tempis retenus et si tout est très bien en place on regrette quand même un petit manque de folie, cet ingrédient si constitutif de l’opérette viennoise.

Lorsque l’on pénètre dans la salle on est attiré par un très beau rideau de scène représentant une étiquette de champagne et logiquement en sortant on se demande comment était celui bu chez le prince Orlofsky. Très bon assurément ; mais quelques bulles supplémentaires auraient pu en faire un champagne millésimé.




Gérard Ferrand

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