Berlioz - Les Troyens - Foster - vc - Marseille - 07/2013

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Berlioz - Les Troyens - Foster - vc - Marseille - 07/2013

Message par corinne » 14 juil. 2013, 15:28

Personne n'est allé voir cet ouvrage marathon ? J'y étais vendredi (je retourne lundi) et franchement je n'ai pas vu le temps passer. Après 4h40 et trois entre-actes, le bonheur d'avoir entendu un ouvrage trop rarement donné (en intégralité, ou presque) avec surtout une distribution vocale totalement française (à part un ténor américain dans de brèves apparitions). Donc merci à Maurice Xiberras (directeur de l'Opéra de Marseille) pour cette belle initiative (et merci aussi pour la climatisation, grandement appréciée). Vocalement un bon plateau dirigé par un chef qui a fait l'unanimité : que demander de plus ? :P

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Re: Berlioz-Les Troyens - Marseille-07/13

Message par muriel » 14 juil. 2013, 17:04

j'y étais vendredi et j'y retourne lundi ....
soirée formidable, musique captivante du début à la fin, orchestre remarquable, chœur un peu fouilli au début et trop fort , beaucoup mieux par la suite.
distribution homogène de grande qualité dominée par l'incroyable performance de Béatrice Uria Monzon qui enchaîne les 2 rôles Cassandre et Didon avec un grand professionnalisme, beaucoup de sensibilité et d'humilité.
Roberto Alagna fait son grand show avec une projection et une diction exemplaires, des aigus en force mais bien sortis (pas de falsetto cette fois...) sauf" Bienfaitrice des miens" carrément hurlé, un petit ratage dans "Blonde Phoebé" parti trop tôt. Ce qui est insupportable, c'est sa façon de se "moucher" bruyamment sur scène une bonne dizaine de fois et le fait de venir saluer en dernier comme la grand vedette (je suppose que Béatrice trop modeste lui a demandé).
La révélation de la soirée pour moi c'est Clémentine Margaine qui campe une Anna sublime, son timbre est incroyable. Dès la première note on croit entendre Borodina. Enorme succès pour elle.
Barrard, Courjal, Duhamel excellents.
Seul regret ce ténor américain qui n'avait rien d'exceptionnel . Il y a bien 2 ou 3 jeunes ténors français capables de chanter les 2 romances aussi bien.

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Re: Berlioz-Les Troyens - Marseille-07/13

Message par corinne » 14 juil. 2013, 17:26

muriel a écrit :La révélation de la soirée pour moi c'est Clémentine Margaine qui campe une Anna sublime, son timbre est incroyable. Dès la première note on croit entendre Borodina. Enorme succès pour elle.
Barrard, Courjal, Duhamel excellents.
Seul regret ce ténor américain qui n'avait rien d'exceptionnel . Il y a bien 2 ou 3 jeunes ténors français capables de chanter les 2 romances aussi bien.
En effet, j'ai moi aussi été conquise par l'interprétation de cette jeune femme qui surpassait la prestation (pourtant très bonne) de Uria Monzon. Que venait faire cet intrus américain qui était le seul "point négatif" de cette soirée. Vivement lundi....

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Re: Berlioz-Les Troyens - Marseille-07/13

Message par Poliuto » 14 juil. 2013, 17:42

Formidable duo Didon/Anna.
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Re: Berlioz-Les Troyens - Marseille-07/13

Message par Catherine » 14 juil. 2013, 19:18

Muriel a tout dit, exactement.

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Re: Berlioz-Les Troyens - Marseille-07/13

Message par mc06 » 14 juil. 2013, 20:15

corinne a écrit :
muriel a écrit :La révélation de la soirée pour moi c'est Clémentine Margaine qui campe une Anna sublime, son timbre est incroyable. Dès la première note on croit entendre Borodina. Enorme succès pour elle.
Barrard, Courjal, Duhamel excellents.
Seul regret ce ténor américain qui n'avait rien d'exceptionnel . Il y a bien 2 ou 3 jeunes ténors français capables de chanter les 2 romances aussi bien.
En effet, j'ai moi aussi été conquise par l'interprétation de cette jeune femme qui surpassait la prestation (pourtant très bonne) de Uria Monzon. Que venait faire cet intrus américain qui était le seul "point négatif" de cette soirée. Vivement lundi....

Comme vous j'ai passé une bonne soirée avec ces Troyens bénéficiant d'une distribution pratiquement francophone permettant de restituer toute son authenticité au livret .

Béatrice Uria-Monzon et Roberto Alagnq ont plutôt bien assuré leur partie même si leur tandem me semblait plus fusionnel dans le Cid au point d'être éclipsé par moments par les interprétations ,de Clémentine Margaine et d'Alexandre Duhamel sous distribués dans leurs rôles respectifs . Deux grandes voix françaises à suivre .

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Re: Berlioz-Les Troyens - Marseille-07/13

Message par Piem67 » 15 juil. 2013, 09:29

J'y serai ce soir pour ma part. J'ai hâte !

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Message par romain » 15 juil. 2013, 10:17

LES TROYENS de Hector Berlioz
Opéra en cinq actes
Livret de Berlioz d’après Virgile

Version de Concert
Opéra de Marseille
Vendredi 12 juillet 2013

Didon/Cassandre/Spectre de Cassandre : Beatrice Uria-Monzon
Ascagne : Marie Kalinine
Anna : Clementine Margaine
Hécube/Polyxène : Anne-Marguerite Werster
Enée : Roberto Alagna
Chorèbe/Spectre de Chorèbe : Marc Barrard
Panthée/Mercure : Alexandre Duhamel
Narbal/Priam/Ombre d’Hector/Spectre de Priam : Nicolas Courjal
Iopas/Hylas : Gregory Warren

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille
Direction musicale : Lawrence Foster

L’opéra de Marseille, en coordination et avec le soutien de Marseille Provence 2013 propose au public mélomane marseillais la prise de rôle de Roberto Alagna dans le tant attendu rôle de Enée. On sait que le ténor cherche depuis plusieurs années à interpréter le héros troyens (rôle préparé avec Plasson, extraits dans le récital Berlioz sous la direction de De Billy…).
Maurice Xiberras réunit une distribution de premier ordre presque intégralement française…c’est assez rare pour être salué.
L’opéra de Marseille a une certaine histoire avec les Troyens montés pour la première fois en 1978 en séparant les deux grandes parties du livret : La prise de Troie traitant des actes 1 et 2 puis, deux ans après, Les Troyens à Carthage traitant des actes 3 à 5.
Cette production de Jacques Karpo a été reprise pour la dernière fois en 1989. Cela fait donc 24 ans que l’ouvrage n’avait pas été monté ! C’est dire que l’attente était aussi très grande. Il convient de noter enfin l’héritage, pour tout amoureux du chant lyrique, avec pas moins que Guy Chauvet en Enée, Robert Massard en Chorèbe, Charles Burles en Iopas et Grace Bumbry en Didon qui ont brûlé les planches de la cité phocéenne dans les rôles principaux à divers horizons.

La version est donnée ici en concert, mais la partition est jouée dans sa quasi intégralité si on enlève les ballets du deuxième tableau de l’acte 4.
Commençons par l’incompréhension : pourquoi avoir distribué un ténor américain Gregory Warren en Iopas ? Le timbre est ingrat, la musicalité minimale, l’éclat terni et l’articulation « exotique » ! Il en ressort un chant de Iopas « O blonde Ceres », complètement gâché, sans l’aigu final interpolé ! On préfère de loin un Jean Luc Viala incandescent en 1989 et je suis certain qu’un certain Stanislas de Barbeyrac aurait magnifiquement incarné le poète ! Erreur de casting donc...d’autant plus regrettable, que les Troyens ne se montent pas tous les jours avec une distribution (voire « troupe » dans notre cas tellement la cohésion est évidente) aussi homogène !
Alexandre Duhamel, baryton français montant en parallèle de Messieurs Degout et Tezier campe des superbes mais trop courts Panthée/Mercure. La prononciation, la puissance, la dynamique et le timbre sont autant des ses atouts qui donnent à chacune de ses interventions un retentissement particulier.
On ne peut que lui souhaiter de suivre la même trajectoire que Marc Barrard qui a chanté Panthée en 1989 sur cette même scène et qui interprète aujourd’hui Chorèbe !
Le baryton français impose son chant superbement stylé, une musicalité sans faille et une prononciation toujours aussi élégiaque ! Voila un rôle à sa parfaite mesure !
Nicolas Courjal, jeune basse d’essence typiquement française est à placer au tout premier niveau de la distribution. Le timbre est d’airain, les graves et le métal somptueux ! Nous sommes face à un immense Diable de Gounod ! Son Narbal est tout simplement irradiant, et, ce titre, ses interventions avec Clémentine Margaine allias Anna sont parmi les points forts de cette soirée
La jeune mezzo française passe l’examen sans aucune difficulté. Elle constitue la grande révélation de la soirée. On sait que les allemands et en particulier le public berlinois l’a déjà adoubé dans Carmen, mais c’est bien ici une Dalila qui nous apercevons…la relève de Beatrice Uria Monzon est donc assurée avec Clémentine mais aussi Karine Deshayes ! La puissance est phénoménale sur tout le registre. Le style, dans ce répertoire, ne fait pas défaut à la différence d’autres grandes mezzos du même gabarit vocal (Bordodina, Zajick). Une grande et belle surprise !
Terminons par les deux protagonistes principaux, les deux stars pour qui et sans qui ce spectacle n’aurait pas vu le jour. Osons dire que la réussite du Cid de Massenet dans cette même salle en 2011 est renouvelée !
Roberto Alagna est à comparer, bien évidemment, au plus haut niveau !
Il se démarque de certains de ses prédécesseurs comme Vickers par un timbre haut et fier ! Un aigu éclatant (une fois seulement poussif sur le contre ut de son grand air « ah quand viendra le temps », souvent coupé par les autres grands ténors). Il surclasse sans difficulté Domingo qui n’a tenu le rôle qu’une seule fois au Metropolitan Opera en 1983 par la beauté du timbre, la hauteur d’émission, la tenue de la tessiture. A mon sens, aucun passage n’est abaissé d’un demi ton, tout est dans la tessiture originale jusqu’à l’ut dans le duo « O nuit d’ivresse ». Le rôle est harassant, très long, très central, demande une qualité de projection dans la masse de cuivre et une prononciation que seul Roberto Alagna peut assumer aussi crânement dans le monde des ténors (même Hymel ne possède pas ce naturel aussi confondant). Tout juste, nous lui reprocherons de ne pas avoir su mieux placer sa voix, alléger dans le duo d’amour de la fin du quatrième acte avec Didon. La partition n’exige plus ici un ténor dramatique, mais bien un demi-caractère d’essence lyrique comme Faust ou Romeo. Mais comment une voix peut en même temps, dans la même soirée, tenir la tessiture si exigeante de « O lumière de Troie », « Du peuple et des soldat » ou « Debout Troyens » tout en caressant le duo d’amour quasiment en piano…c’est la quadrature du cercle ! Peut être que la représentation de ce soir permettra de mieux apprécier ce passage, mais soulignons qu’après une prégénérale dimanche, une générale mardi, une première vendredi…quand on sait que le ténor se donne quasiment à 100% à chaque fois, tenir encore le rôle avec le même éclat, le même style et les mêmes intentions relève de l’exploit ! Il confirme en tout cas ici que les grands rôle dramatiques (à petites doses…) sont enfin pour sa vocalita ! A lui les Otello ou Pollione !

Terminons par la prouesse immense de la soirée ! Béatrice Uria Monzon nous donne ce soir une leçon d’engagement, d’interprétation, d’abandon de soi, avec la prise de risque énorme (je dirais presque suicidaire) de chanter, lors de la même soirée, Didon et Cassandre. Les tessitures sont relativement différentes et remarquons que la mezzo ne reprendra l’année prochaine que Didon à Berlin !
Le timbre est celui que nous connaissons, chaud, mordoré. Les nuances parfaites, les cloueurs variées…du grand art. La voix parfois se noie un peu dans les graves…et c’est là qu’on remarque l’écart de puissance entre Anna et Didon…Mais Beatrice Uria Monzon se tire admirablement de cette partition, elle porte toute la soirée sur ses épaules en chantant quasiment 4 heures sur scène cette musique magnifique mais tellement exigeante de Berlioz ! Tout simplement Bravo !
Ne pas oublier le chœur parfait de l’opéra de Marseille et l’orchestre sublime, et au complet du théâtre ! Le tout dirigé de main de maître par Lawrence Foster qui exalte cette masse sonore et fait ressortir tout le génie de Berlioz balayant ainsi les critiques sur cette musique si inspirée ! Lui sera reproché simplement cette tendance à ralentir trop le tempo mettant en danger les chanteurs ! Je ne sais pas si des chanteurs moins expérimentés que Roberto Alagna ou Beatrice Uria Monzon auraient pu gérer certains passages comme le duo « Nuit d’ivresse » pris trop lentement et demandant un effort sur le souffle quasi insurmontable. Ceci explique peut être aussi la difficulté (relative) du ténor pour tenir la dynamique élégiaque du duo !

La deuxième représentation de Lundi 15 juillet permettra de mieux se faire une idée de l’avis proposé ci-dessus. Rappelons que France musique enregistre les représentations. Tout ceci est donc immortalisé ! Alexandre Duhamel reprendra Panthée à La Scala de Milan et Roberto Alagna et Beatrice Uria Monzon leur rôle respectif à Berlin en 2014 !
Souhaitons que l’Opéra de Paris, avec l’arrivée de Lissner, se laisse aller à cette folie de monter Les Troyens de Berlioz ! On dit souvent qu’on manque de ténor pour monter ces grands opéras (Africaine, Juive, Sigurd, Cid, etc…), Alagna, Kauffman et enfin l’incroyable jeune Bryan Hymel (Enée superlatif du Metropolitan au Met en 2012) sont là pour démontrer le contraire !

Bravo à Marseille Provence 2013 pour le soutien, à l’Opéra de Marseille pour cette immense réussite et aux artistes pour leur engagement. Souhaitons que de nouvelles aventures se reprogramment à l’avenir dans ce même théâtre, qui démontre chaque saison un peu plus, sa place particulière pour les amoureux de l’opéra sur la scène lyrique française!

Romain Genoyer

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Re: Berlioz - Les Troyens - Foster - vc - Marseille - 07/201

Message par aurele » 15 juil. 2013, 12:12

C'est une bonne nouvelle si cela a été capté par France Musique. Cela permettra aux personnes qui n'ont pas pu être sur place de se faire une idée de la prise de rôle d'Alagna et du risque pris par Uria-Monzon d'assurer les deux rôles.

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Re: Berlioz - Les Troyens - Foster - vc - Marseille - 07/201

Message par muriel » 15 juil. 2013, 13:35

on trouve une douzaine de vidéos sur le tube

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