Puccini - Turandot - Söndergaard/Marelli - Stockholm - 02-03/2013

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Snobinart
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Re: Turandot - Söndergaard/Marelli - Stockholm - 02-03/2013

Message par Snobinart » 03 mars 2013, 08:58

J'étais tellement enthousiaste aux saluts que j'ai oublie de prendre des photos...

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Bernard C
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Re: Turandot - Söndergaard/Marelli - Stockholm - 02-03/2013

Message par Bernard C » 03 mars 2013, 10:29

Snobinart a écrit :(...)

Je voudrais encore détailler la scène finale, et rentrer dans certains passage (les Masques, le rôle du chœur-public), dire plus sur les interprètes mais le soleil est revenu ici en Suède et je vais sortir profiter (SoFo et le Vasa) avant de prendre mon vol retour.

Au plaisir d'échanger avec les chanceux qui vont (y ont) assisté.
Je vais attendre que tu sois remis de tes émotions et de ta visite au Vasa .

Mais tu nous raconteras ce que tu penses de ce final ?

Bernard

( merci pour ton CR :bowdown: )
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Re: Turandot - Söndergaard/Marelli - Stockholm - 02-03/2013

Message par Snobinart » 04 mars 2013, 16:44

Et donc après le Vasa (et l'expo photo LaChapelle) je peux détailler encore un peu.

J'aime bien cette scène finale. Je sais que certains doivent encore y aller et je ne voudrais pas trop en dire. Mais l'idée du désir-répulsion-séduction (présent dans le livret) y est très bien illustré. Pas besoin d'un Calaf macho marchant triomphalement sur celle qu'il a conquise.

Mais surtout ce qui se passe sur ce lit à barreau de fer une place, continue l'exégèse de l’œuvre jusqu'à son paroxysme : le retour du chœur, le triomphe de l'amour, le triomphe du compositeur et le brusque retour à la réalité.

Tout se déconstruit et l'image triviale des dernières secondes renvoie à la fois à la situation de ce couple né dans le sang de Liu et les souffrances : fini la magie de l'amour place au quotidien de "mari et femme" -non dénué de poésie toutefois. Fin de l'illusion théâtrale aussi. Le chœur c'est le public prêt à partir, rassasié de la représentation après être passé par tous les sentiments (peur, joie, colère etc.)

Enfin les masques entre personnages de l'histoire, commentateurs, metteurs en scène parfois, ils la pierre angulaire des concepts que cette mise en scène remarquable met en exergue : du respect le plus pur du livret à ce supplément d'âme que Bernard (et moi) avons décrit.

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Re: Turandot - Söndergaard/Marelli - Stockholm - 02-03/2013

Message par dongio » 16 mars 2013, 00:30

Turandot déjà vaincue au premier regard avec Calaf, rejetant le prince de Perse comme pour saisir la possibilité d'approcher Calaf , Turandot fragile et revêtant les atours de son aïeule Lou Ling pour affronter elle -même les énigmes face à Calaf et se carapacer, voilà quelques images fortes de ce spectacle de grande intelligence mené de main de maître par Marelli qui resteront longtemps dans la mémoire. Le metteur en scène propose une lecture à plusieurs niveaux qui s'enchevêtrent, se nouent et se dénouent. Ah, on est loin des mises en images à la lettre façon Zeffirelli ,illustratives mais creuses. Nous sommes au premier plan ici dans l'inconscient de Puccini qui cherche l'inspiration pour une nouvelle oeuvre (très jolie séquence muette précédant les premières notes et où on voit le compositeur déambuler désoeuvré dans sa chambre, ouvrir une boîte à musique dont s'échapperont quelques notes teintées chinoises, et qui lui donneront à ce moment la clé de l'oeuvre à écrire.). Le deuxième niveau se passe effectivement dans une maison (à la fois asile, retraite, hospices pour anciens artistes) où semblent règner les jeux de rôles dont le coeur fera son pain, et qui relateront l'histoire. Puis enfin l'histoire elle-même, dont Puccini se fait lui même le héros, s'attribuant le rôle de Calaf et fantasmant sur sa Turandot idéalisée. Ces diverses lignes courent parallèles, se croisent, se nouent et se dénouent, apportant de façon surprenante à l'oeuvre une lisibilité absente de bien d'autres productions plus "classiques". Marelli est aidé par un orchestre superlatif qui,dans l'acoustique parfaite de l'opéra de Stockholm, sonne comme on aura rarement entendu cette oeuvre, dans ses détails, sa furie, son raffinement, son élan et sa poésie. Remarquable et remarqué travail du jeune chef d'orchestre à la tête de l'orchestre maison.
Tout aussi remarquables sont les coeurs, alliant puissance et poésie (l'hymne à la lune...), à l'excellente diction et à l'engagement franc, prenant manifestement plaisir à participer à ce travail.
De la distribution tout aura déjà été dit, et je ne peux que répéter. Hormis le Timour trop blanc distribué à un chanteur trop jeune et manquant de projection et d'ampleur, il est rare d'entendre sur une scène une "Turandot" aussi bien équilibrée au plan vocal. Remarquable et remarquée Liu de la jeune Yana Klein, silhouette fragile de petite fille, voix charnue capable de pianissimis éthérés, même si au vibrato parfois un peu trop prononcé. Excellent trio "des masques" alla Gozzi, tirés de la commedia del' arte et de la chine ancestrale, à la fois amuseurs, gardiens, narrateurs, protecteurs et vils à la fois. Riccardo Massi allie une vraie beauté vocale à une musicalité exemplaire, alliés dans un chant naturel qui coule de source. Pas de démonstration histrionique d'aigus, ceux ci arrivent simplement, de façon évidente, et "Nessun dorma " de belle facture se fait sans efforts. Bon comédien, il arrache Calaf à l'image d' Epinal du guerrier machoviril pour en faire un personnage fantasmant sur Turandot , simple et épris d'emblée. Nina Stemme est une splendeur absolue dont on ne sait quoi louer en priorité. La voix reste féminine, charnelle, loin de la froideur d'airain de Nilsson ou de l'insolence froide de Marton. La sensualité du timbre apporte une dimension humaine d'emblée au rôle, encore plus mise en évidence par le jeu des regards vers Calaf au I. La beauté du timbre, l'ahurissante tenue de la ligne sur toute la tessiture, les aigus frappés de pleine masse et tenus, la puissance inouïe (arrivant à surnager avec naturel au milieu des coeurs, de l'orchestre, des solistes au final du II), et l'engagement dramatique. Performance devant laquelle on ne peut que, on doit, il faut s'incliner bas, très bas et marquer la prise de rôle d'une pierre blanche.
Heureux suédois ce soir, saluant les chanteurs de longues ovations. Ah que ces ces artistes sont simples! Clotûrant la soirée ensemble au bar de l'opéra (oui, je vais faire des jaloux), tous étaient réunis autour d'un verre pour le plaisir de fêter cette dernière Turandot de Stemme en partance pour Houston et Isolde). Ayant pu parler longtemps avec elle, j'ai été frappé par la simplicité, l'ouverture, l'accueil, le rire, la "normalité" de cette "belle personne" loin de la diva qu'elle pourrait être. Evidence de la femme, de l'artiste.
Ah mes amis quel jour de fête! Beau temps froid, soleil, et cette soirée...Revenons vite en novembre ici pour "Salomé" avec Stemme encore, avant de nous ruer à "Minnie" en 2014 (mais dont la mise en scène prévue inquiète la dame...)...

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Bernard C
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Re: Turandot - Söndergaard/Marelli - Stockholm - 02-03/2013

Message par Bernard C » 16 mars 2013, 01:11

C'est ça, exactement.
:bowdown:
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Re: Turandot - Söndergaard/Marelli - Stockholm - 02-03/2013

Message par dongio » 16 mars 2013, 09:15

à part que, me relisant après le commentaire écrit tardivement cette nuit, j'aurais dû écrire "choeur" et non "coeur"... Milzexkus ô purisstes

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Re: Turandot - Söndergaard/Marelli - Stockholm - 02-03/2013

Message par sopranolove » 03 oct. 2017, 10:14

C'est un peu HS mais Yana Kleyn a fait un triomphe à Metz où elle a chanté une Mimi remarquable et bouleversante. son vibrato, je ne l'ai pas remarqué. C'est vraiment un élément d'avenir, et j'ai été heureuse d'assister aux débuts français de LA nouvelle Mimi et d'une grande puccinienne pour le futur. Elle l'est déjà, et aussi une chanteuse lucide, acceptant d'attendre cinq ans au moins pour être Butterfly et n'envisageant nullement de chanter Tosca !

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Re: Turandot - Söndergaard/Marelli - Stockholm - 02-03/2013

Message par Bernard C » 03 oct. 2017, 11:13

[HS]

C'est une excellente nouvelle concernant cette jeune chanteuse russe que j'avais personnellement découverte dans Liu,
Contrairement à Yannik je n'avais pas observé de vibrato excessif, mais une belle fraîcheur et une très prometteuse musicalité.
Peut-être pourrais tu rendre compte même succinctement de tes impressions sur un fil concernant cette Bohême à Metz ?
Merci
Bernard
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Re: Turandot - Söndergaard/Marelli - Stockholm - 02-03/2013

Message par romance » 03 oct. 2017, 11:50

dongio écrit : "Heureux suédois ce soir, saluant les chanteurs de longues ovations. Ah que ces ces artistes sont simples! Clotûrant la soirée ensemble au bar de l'opéra (oui, je vais faire des jaloux), tous étaient réunis autour d'un verre pour le plaisir de fêter cette dernière Turandot de Stemme en partance pour Houston et Isolde). Ayant pu parler longtemps avec elle, j'ai été frappé par la simplicité, l'ouverture, l'accueil, le rire, la "normalité" de cette "belle personne" loin de la diva qu'elle pourrait être. Evidence de la femme, de l'artiste."

Oh non, pas des jaloux, mais des lecteurs heureux de partager le plaisir et la joie qui se dégagent de ce c.r.

Merci !

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Re: Turandot - Söndergaard/Marelli - Stockholm - 02-03/2013

Message par Bernard C » 03 oct. 2017, 12:36

romance a écrit :
03 oct. 2017, 11:50

Oh non, pas des jaloux, mais des lecteurs heureux de partager le plaisir et la joie qui se dégagent de ce c.r.

Merci
Tu ne te réveilles pas un peu tard Romance... Ce spectacle et ce CR remontent tout de même à bientôt cinq ans ? :lol:
ce qui m'a fait tout drôle de voir exhumer ce fil sur les débuts de Stemme dans Turandot... J'ai l'impression que c'est déjà de l'histoire ancienne

Bernard
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