Houlà ! Qu'est-ce que vous avez été bavards pendant mon absence ! Je ressors de la lecture attentive d'une petite dizaine de pages...
J'ai glané quelques unes de vos citations sur lesquelles je reviens tout de suite, mais merci déjà de m'avoir répondu et voici quelques impressions de la retransmission de samedi dernier.
Je suis heureux d'avoir apparemment des oreilles de cochon parce qu'aucun orchestre ne m'a encore écorché les oreilles en jouant
Parsifal, il ne manquerait plus que ça
! J'ai trouvé un peu trop lent un court moment du premier acte mais je suis très content du reste. Voilà pour le son.
Pour les personnages : des chœurs parfaits, une Kundry excellente, un Gurnemanz génial. J'ai eu plus de mal avec le Parsifal de la première moitié, parce que j'ai trouvé que son visage en particulier n'avait pas tellement changé entre le début et la fin : l'innocence m'a un peu manqué pour le début... Klingsor m'a assez peu marqué, je n'en ai pas retenu de défaut important. En revanche pour Amfortas j'ai été un peu déçu : il ne jouait qu'avec le haut de son corps ! J'avais l'impression de voir une tentative bâclée de mimer un blessé. Les bras tentaient de soutenir difficilement un tronc qui tenait parfaitement bien sur des jambes vigoureuses, tronc qui se tendait souvent dans une position impossible avec une blessure pareille... Je n'ai pas vu de véritable plaie : il n'y avait qu'un monsieur avec une tache sur le côté qui faisait semblant d'être faible avec le haut de son corps. Avant la cérémonie du premier acte, quand Amfortas part aidé par deux chevaliers du Graal, il tente de faire comme s'il était pratiquement soulevé par eux, comme s'il traînait des pieds, mais en réalité ses pieds ne traînent pas du tout et je n'ai pas cru un seul instant à la souffrance de ce roi...
J'ai été très impressionné par Kundry, par son regard surtout, le regard du personnage et non celui d'une actrice ; et une fin vraiment très réussie à mon goût : je ne sais pas combien de temps elle a dû travailler pour obtenir ce visage presque souriant mais non souriant avec ce regard apaisé... Son jeu m'a laissé... pantois !
Pour la traduction en français, j'y ai trouvé certaines jolies astuces, mais aussi souvent un travail assez approximatif voire complètement interprétatif : je ne parle pas couramment allemand mais je ne crois pas qu'il soit nécessaire de traduire "Erlöser !" par une exclamation d'une dizaine de mots comportant un verbe à l'impératif...
Je dois avoir des yeux trop innocents pour bien voir du sexe partout (ce doit être moi le reiner Tor hihi !), mais je reviendrai peut-être plus tard sur la mise en scène parce que je n'ai pas trop le temps pour le moment.
Musanne a écrit :La compassion -Mitleid = souffrir avec, est le thème central dans Parsifal. C'est un thème ancien chez Wagner [...]. Il a été revivifié par la lecture de Schopenhauer et l'intérêt pour le bouddhisme.
Mais tel qu'il est montré par Wagner, ce thème me paraît plus correspondre à une compassion chrétienne qu'à une compassion bouddhiste, ne serait-ce que parce que Kundry pleure au troisième acte.
Musanne a écrit :l’enchantement du Vendredi saint n’est pas très enchanteur, suggéré seulement, faute de prairie fleurie
Je trouve aussi...
faustin a écrit :Le côté new age est renforcé par l’introduction discrète de postures de prières inusitées dans les églises, qui proviennent d’Asie et qui évoquent le bouddhisme.
Ouf, je ne suis pas le seul à avoir eu ce sentiment. Effectivement, ça me semble être une interprétation plus convaincante qu'une prière provocatrice à une main...