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par Rameau » 20 mars 2008, 14:46
Mais très volontiers. Le cas juridique des Boréades (partition et livret) est une affaire systématiquement citée dès qu'on parle de propriété intellectuelle.
Au départ: des sources manuscrites appartenant majoritairement (totalement?) à la BN. Comme une loi l'y autorise pour une oeuvre posthume n'ayant jamais été exécutée, la BN vend les droits d'exploitation de cette oeuvre à Alain Villain, patron des Editions Stil, dans les années 1970, avec des droits qui s'apparentent à ceux du droit d'auteur (je ne suis pas du tout juriste, je précise...). Si bien que cette oeuvre, pour encore de nombreuses années, n'est pas dans le domaine public, alors que ce serait le cas si elle avait connu ne serait-ce qu'une représentation.
La logique de cette loi est d'encourager la découverte d'un patrimoine ignoré en assurant à celui qui fait l'effort de la faire connaître des conditions économiques satisfaisantes. Dans l'affaire présente, le résultat a été différent. M. Villain possède visiblement un caractère certain, mais M. Gardiner sans doute aussi. Villain a été longtemps vilipendé pour son attitude dans cette histoire, et il est certain que sa motivation première, en acquérant les droits d'une oeuvre qui, à l'époque, n'intéressait absolument personne, a été l'amour pour cette musique. Je ne connais pas la nature du différend entre Villain et Gardiner, mais les torts sont semble-t-il moins univoques qu'on l'a longtemps cru, Villain ayant eu cependant certainement tort de se braquer par la suite. Villain s'est vraiment investi dans cette histoire qui nécessitait des investissements importants pour l'édition de la partition (elle était en vente à environ 25 € à Garnier pendant les représentations parisiennes, ce qui est donné).
Tout ce qu'on peut espérer c'est que la période de blocage est définitivement close...