Opéras de Weber au disque

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Adalbéron
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Re: Opéras de Weber au disque

Message par Adalbéron » 06 sept. 2017, 13:28

Il y a un enregistrement live du Freischütz avec Studer (c'est Janowski qui dirige au Châtelet en 1988) mais je n'ai aucune idée de ce que ça donne ; c'est sur YT, je vais essayer de l'écouter bientôt.

Oui, la version Janowski d'Euryanthe est mortelle... Impossible d'arriver au bout. Mais j'avais mis ça sur le dos du chef et des chanteurs, pas de l'œuvre.
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
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Re: Opéras de Weber au disque

Message par aroldo » 06 sept. 2017, 13:50

Crochet par ce disque, un de mes préférés dans ce répertoire :

http://www.harmoniamundi.com/#!/albums/1863

Le court extrait qu'on entend figure un peu comme le sommet du disque. Mais les pièces pour violon et piano sont un enchantement dans leur légèreté.
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.

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Re: Opéras de Weber au disque

Message par aroldo » 06 sept. 2017, 19:14

Écoute d'Obéron, aujourd'hui. Je trouve quand même cet opéra plus compliqué à réussir que son grand frère : on a toujours l'impression que les personnages représentent une situation ou un sentiment, s'avance à l'avant scène, chantent quelque chose de sublime, et repartent se ranger dans leur niche jusqu'à leur prochaine (et non moins sublime) intervention. Dans la version Kubelik, le fait que les chanteurs ne disent pas eux-mêmes les dialogues (enfin, je n'ai pas eu l'impression, mais je n'ai pas le livret, je peux me tromper) accentue encore cette impression. J'ai donc toujours des difficultés à cerner (ou même à imaginer) le caractère dessiné par le chanteur. On ne peut pas dire que Nilsson incarne Rezia. Et pourtant, elle est poignante (si, si, c'est vraiment très beau) dans son air de déploration, héroïque (mais pas non plus exaltée ou visionnaire) dans la grande scène, un peu raide sans doute, réussit à canaliser sa projection pour ne couvrir personne dans les ensembles (sa voix et celle d'Hamari se fondent bien) et imite avec intelligence une certaine fragilité quand c'est nécessaire. Je n'ai pas trouvé "mémère fatiguée" pour ma part. Domingo est effectivement rayonnant (et son timbre barytonant est très bien choisi pour représenter le chevaleresque : il contraste intelligemment avec l'Obéron justement féérique et évanescent de Donald Grobe) et réussit sans difficulté apparente (un peu de force, sur le passage quand même) les acrobaties de Huon (bel aigu mixé dans le grand air). Couple de serviteur (Prey et Hamari) qui conjuguent esprit, charme, timbre voluptueux et, pour elle, une certaine langueur "arabisante" tout à fait en situation. Curieux que les deux airs de Fatime ne soient jamais enregistrés non plus par les mezzo en mal de raretés. C'est, sous la baguette de Kubelik, une version colorée et puissamment musicale, avec le désir très nette de livrer un récit plutôt qu'une véritable action théâtrale. Un conte des mille et une nuit plus que Shakespeare, en quelque sorte.

Il faudrait maintenant que je puisse réécouter la version italienne pour entendre celle qui est pour moi la Rezia de référence, princesse rêveuse au profil antique, Anita Cerquetti.

Edit : j'ai failli oublier la sirène d'Arleen Auger, beaucoup plus lointaine et mystérieuse (c'est aussi la prise de son) qu'Erika Köth (laquelle distillait une autre forme de poésie, cependant).
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Re: Opéras de Weber au disque

Message par Lucas » 07 sept. 2017, 08:14

Adalbéron a écrit :
06 sept. 2017, 13:28
Il y a un enregistrement live du Freischütz avec Studer (c'est Janowski qui dirige au Châtelet en 1988) mais je n'ai aucune idée de ce que ça donne ; c'est sur YT, je vais essayer de l'écouter bientôt.
En voici le lien : watch?v=yJAAlhEh_CM

Sinon entièrement d'accord avec toi : les opéras de Weber sont formidables et je regrette qu'ils ne passionnent pas davantage les mélomanes. Sûr qu'Euryanthe ou Oberon, qui attendent toujours leur version de référence, mériteraient davantage d'attention dans la mesure où Weber et le chaînon manquant entre Mozart et Wagner.

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Re: Opéras de Weber au disque

Message par Loïs » 07 sept. 2017, 08:46

Lucas a écrit :
07 sept. 2017, 08:14
L Weber et le chaînon manquant entre Mozart et Wagner.
On peut même considérer Die Feen comme l'opéra posthume de Weber :D

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Re: Opéras de Weber au disque

Message par PlacidoCarrerotti » 07 sept. 2017, 10:21

Lucas a écrit :
07 sept. 2017, 08:14
Weber est le chaînon manquant entre Mozart et Wagner.
Entre Beethoven et Wagner, non ?
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Opéras de Weber au disque

Message par PlacidoCarrerotti » 07 sept. 2017, 10:43

Adalbéron a écrit :
06 sept. 2017, 13:28
Il y a un enregistrement live du Freischütz avec Studer (c'est Janowski qui dirige au Châtelet en 1988) mais je n'ai aucune idée de ce que ça donne ; c'est sur YT, je vais essayer de l'écouter bientôt.
Je me rappelle surtout de la mise en scène qui ridiculisait l'ouvrage.
Studer avec des nattes et des ronds rouges de maquillage sur les joues, façon clown ...
Ténor braillard dans mon souvenir (Paul Frey, vocalement ... é-Frey-ant).
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Opéras de Weber au disque

Message par Lucas » 07 sept. 2017, 11:31

PlacidoCarrerotti a écrit :
07 sept. 2017, 10:21
Lucas a écrit :
07 sept. 2017, 08:14
Weber est le chaînon manquant entre Mozart et Wagner.
Entre Beethoven et Wagner, non ?
Comme Beethoven n'a composé que Fidelio pour l'opéra, on va dire que Weber (Freischütz, Euryanthe et Oberon pour se limiter aux plus connus) compte triple. Il y a chez lui un goût pour le fantastique (scène de la gorge aux loups) qui annonce Siegfried. Sans oublier la dualité couple angélique/maléfique (Euryanthe) dont Wagner saura se souvenir dans Lohengrin.

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Re: Opéras de Weber au disque

Message par aroldo » 12 sept. 2017, 17:58

Ecoute d'Euryanthe (quasi une découverte complète de l'oeuvre : le disque avec Norman m'avait endormi), dans un live (radiophonique ? On n'entend pas d'applaudissement et pour l'année, 1949, le son est correct) édité chez Gala. J'ai positivement adoré le côté Troubadour du livret et la création des deux grands méchants" voués au mal", Eglantine et Lysiart. Et, si j'ai trouvé l'entrée dans l’œuvre un peu difficile, au fur et à mesure de l'écoute, elle déroule de plus en plus de séductions, y compris au sens le plus primaire du terme, avec ses grandes scènes, ses exaltations, ses vocalises et ses solos pour instrument. Je ne connaissais ni le ténor Delorka, ni le baryton Kamann. Le premier, très mignard, un peu pataud, sans beaucoup de chair, m'a exaspéré dans ses premières scènes, à jouer au page blondinet, mais s'échauffe correctement et finit par assurer (partition redoutable). Le second a une voix pugnace, sombre sans être rocailleuse non plus et contraste agréablement en vilain (il a une scène mémorable à laquelle il fait honneur). On entend quand même la singularité vocale, le caractère reconnaissable du timbre, de Walter Berry en roi Louis VI (dommage, le rôle de la reine Adélaïde de Savoie ait été supprimé au cours d'une des nombreuses révisions du livret). Côté dame, Reining me laisse dubitatif, avec une manière d'attaquer les notes qui me donne l'impression qu'elle grince un peu, voire chante carrément faux, même si on devine que la voix est large et étale. Mais Rössl-Majdan est une vraie surprise, dans un rôle de soprano en plus : les aigus sont un peu à l'arraché (évidemment), mais la sureté de l'intonation, la maîtrise de la ligne (la jouissance triomphale de la fin, jamais hurlée), l'art et la manière de colorer (pour une alto d'oratorio, c'est une voix qui peut sonner très clair, un peu Heynis) sont remarquables. L'orchestre n'est pas luxurieux, ni même simplement absolument confortable, mais si je me suis réveillé alors que Janowski m'avait paru léthargique, je pense qu'il faut mettre en partie cela au crédit du chef, Zallinger.
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Re: Opéras de Weber au disque

Message par Adalbéron » 12 sept. 2017, 23:34

Aaaaaah ! :D
Il existe aussi une version par Keilberth et une autre par Giulini (avec Inge Borkh). Plus récemment, une version par un certain Leon Botstein et une autre par Gérard Kursten.
Janowski m'avait aussi profondément ennuyé, comme rarement un CD l'avait fait : je vais piocher parmi ces versions pour réapprocher l'œuvre ;)
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