Simon Boccanégra discographie

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jerome
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Re: Simon Boccanégra discographie

Message par jerome » 18 nov. 2018, 19:13

voilà:

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Re: Simon Boccanégra discographie

Message par opera-tic » 18 nov. 2018, 21:26

jerome a écrit :
18 nov. 2018, 15:04
Je suis plutôt d'accord avec Lucas! :D
Merci, Jérome et Lucas, pour vos analyses passionnantes (et passionnées). Je vais de ce pas sur Amazon...

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Re: Simon Boccanégra discographie

Message par opera-tic » 30 nov. 2018, 01:23

Lucas a écrit :
18 nov. 2018, 14:41
opera-tic a écrit :
17 nov. 2018, 21:46
Jérôme ou Lucas, si on excepte la version Abbado qui semble être la référence communément admise, quelle autre version CD recommanderiez-vous ?
Voici un petit tour de piste très subjectif :

1er ex aequo- Abbado et Solti

Abbado : c'est généralement la version qu'on conseille à juste titre. Le chef italien a une vision très lyrique de Boccanegra avec des abandons poétiques inédits dans la discographie. C'est terriblement humain mais on peut lui reprocher, ici ou là, un léger manque de tranchant (scène du conseil notamment) ou des tempi un peu étirés au premier acte. On peut aussi regretter que Mirella Freni, bouleversante au dernier acte (dans une interview, elle expliquait qu'elle devait chanter comme on pleure dans le finale; ce qui malheureusement ne lui était pas très difficile car elle venait de perdre son père lors des répétitions), évoque peut-être un peu trop les petites femmes pucciniennes. Cappuccilli, qui, en d'autres occasions, est parfois un peu neutre, signe le disque de sa vie avec Macbeth. Son chant 'est nuancé, incarné et très engagé. Carreras, Ghiaurov et Van Dam sont tous anthologiques. Pour moi, l'un des plus grands enregistrements verdiens de tous les temps.

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Solti : J'adore cette version mais attention, je suis "fan" de Kiri Te Kanawa qui apporte la noblesse de phrasé et de timbre qui manque, à mes oreilles subjectives, à Freni. De plus, cette conception très aristocratique du rôle sied idéalement à Amelia qui, rappelons le, a du sang bleu dans les veines sans que personne ne le sache. Le seul tort d'Aragall est de venir après Carreras tant la beauté du timbre et l'engagement sont prenants. Nucci, quant à lui, est sensiblement moins subtil que Cappuccilli mais reste excellent car capté dans ses meilleures années et Burchuladze a le timbre de basse profonde idéal pour Fiesco en dépit d'un italien approximatif et d'un léger vibrato. Enfin Solti dirige de manière plus fougueuse mais moins poétique qu'Abbado et son premier acte, aux tempi beaucoup plus vifs que ceux de son collègue italien, a un côté "Risorgimento" très convaincant. En fait, on a le sentiment que le chef hongrois cherche à nous montrer que la version révisée de 1881 doit encore beaucoup à la version d'origine de 1857 (date à laquelle Le Trouvère fut aussi créé) quand Abbado se tourne davantage vers l'avenir en pensant à Don Carlo créé en 1884

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2- Gavazzeni : version un peu éclipsée par Abbado car on y trouve, à nouveau, le doge de Cappuccilli, moins incarné que quelques années plus tard. Ricciarelli, captée à ses débuts est à croquer mais Domingo est un peu lourd et Raimondi abuse un peu des sons tubés. Direction un peu neutre du chef italien qu'on a connu plus inspiré. Néanmoins l’homogénéité de la distribution et une direction très correcte à défaut d'être légendaire font de cet enregistrement un bon second choix

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3- Santini : version passionnante qui n'a malheureusement pas tout à fait les moyens de ses ambitions. On peut tirer Boccanegra vers Don Carlo, soit en mettant en lumière ses audaces harmoniques (Abbado), soit en jouant à fond la carte du choc des ambitions politiques des protagonistes. C'est l'option choisie par Santini, entrainé qu'il est par les personnalités dévorantes de Gobbi et Christoff. Le premier n'a, certes, pas le métal idéal d'un baryron-Verdi mais, en matière de nuances et de voix mixte, il domine la situation en faisant de Boccanegra le petit frère de Posa face à un Christoff terrifiant de noirceur. Leur deux duos dominent, de ce point de vue, l'entière discographie quand la prestation un peu exotique de Victoria de Los Angeles force le respect sans vraiment enthousiasmer. Dommage, dans ce contexte, que le ténor soit dépassé par l'enjeu, que le chef suive ses chanteurs plus qu'il ne les dirige et que la prise de son, au demeurant acceptable, ait son âge. Néanmoins, cette version montre qu'on pourrait faire de Boccanegra un drame historique d'une noirceur terrible avec des attaques tranchantes et des couleurs sombres annonçant quasiment Boris. Dommage que personne aujourd'hui ne tente cette option qui complèterait admirablement la version de Claudio Abbado.

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Je partage ton goût pour la version Solti que je viens d'écouter. Je trouve Kiri Te Kanawa excellente (tout comme dans le DVD Levine / Chernov). Je la préfère moi aussi à Freni de la version Abbado. Excellente recommandation. Merci.

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