Voilà, le fil est ouvert.
A toi de jouer, Nerone !
http://site.operadatabase.com.site.hmt- ... ery=Alcina
Alcina, R. Hickox/A Auger (1985)
Je crois qu'on a merdé... pourrais-tu user des pouvoirs de ton zépoux pour mettre les choses en ordre.
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Fil décalé :
Posté le: 29/07/2004 11:45 Sujet du message: Alcina Augér et Ruggiero Jones
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A la demande de Muriel, j'ouvre un fil sur la merveilleuse intégrale d'Alcina dirigée par Hickox avec Arleen Augér, Della Jones, Eiddwen Harrhy, Kathleen Kuhlmann, disponible jusqu'en 2001 ou 2002 chez Emi, et aujourd'hui - quasiment - introuvable. Quelle ne fut donc pas mon émoi de le découvrir l'autre jour en débarquant à la Chaumière à Musique, merveilleux disquaire d'occasion que je recommande vivement au passage.
N'y allons pas par quatre chemins : entre les hérésies - défendables - de la glorieuse équipe Bonynge et celles, plus contestables, de la très glamour version Christie, la version Hickox s'impose comme la vraie référence.
Arleen Augér campe une Alcina littéralement inouïe. La beauté lunaire du timbre, la parfaite maîtrise du vocabulaire baroque, de la profonde douleur jusqu'aux déchaînements incantatoires que bien peu d'interprètes sont capables d'assumer, l'exubérance de certaines cadences (Ma quando tornerai), la simple évidence de l'adéquation des moyens au rôle, le rôle d'une vie, le rôle des adieux.
Le Ruggiero de l'incroyable Della Jones n'est pas en reste. Evidemment, la mezzo britannique ne peut lutter avec Berganza et Graham (qui n'y est fraiment pas à son meilleur) en termes de beauté vocale. Mais là encore quel chic suprême, quelle folie amoureuse, quel déchaînement virtuose, quelle variété dans la coloration. Et puis l'intelligence absolue de la vocalità haendélienne.
Kathleen Kuhlmann, qui n'a pratiquement rien perdu de sa superbe chez Christie, offre une Bradamante absolument idéale, de la vélocité exceptionnelle dans la vocalise à la moire du timbre (qu'elle ne possède plus chez Christie). Renversante !
Plus renversante encore - j'entrevois déjà les foudres de certains - la Morgana rouée peste d'Eiddwen Harrhy, vraie chanteuse haendélienne, sans suraigu bien sûr, mais, ce qui est bien préférable, la vraie virtuosité du mot et du sentiment, une vraie gemellité de tempérament avec Alcina - pas une soubrette égarée.
Patrizia Kwella offre un Oberto adolescent, à la délicieuse fraîcheur de timbre et complète avec brio ("Barbara") un quintette féminin difficilement surpassable de par son engagement et sa folle probité stylistique.
Je serai plus réservé sur ces messieurs. John Tomlinson, wagnérien émérite peine à assouplir sa voix charbonneuse et Maldwyn Davies n'a à offrir qu'un timbre ordinaire et une vocalité approximative.
Mais la principale surprise vient de l'orchestre que je n'attendais pas à ce niveau d'investissement et de virtuosité, à tel point que Christie et ses Arts Florissants semblent avoir fait un pas en arrière en comparaison du dynamisme échevelé de Richard Hickox et du City of London Baroque Sinfonia. Malgré un clavecin à la sonorité un peu désuète, le continuo virevolte, relayé par un orchestre à la palette fort large, de l'ironie acerbe aux méandres de la douleur furieuse : un cadre digne de l'Arioste.
C'était il y a vingt ans, on n'a pas fait mieux depuis : la réédition de cette version archi-intégrale est urgente !
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Fil décalé :
Posté le: 29/07/2004 11:45 Sujet du message: Alcina Augér et Ruggiero Jones
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A la demande de Muriel, j'ouvre un fil sur la merveilleuse intégrale d'Alcina dirigée par Hickox avec Arleen Augér, Della Jones, Eiddwen Harrhy, Kathleen Kuhlmann, disponible jusqu'en 2001 ou 2002 chez Emi, et aujourd'hui - quasiment - introuvable. Quelle ne fut donc pas mon émoi de le découvrir l'autre jour en débarquant à la Chaumière à Musique, merveilleux disquaire d'occasion que je recommande vivement au passage.
N'y allons pas par quatre chemins : entre les hérésies - défendables - de la glorieuse équipe Bonynge et celles, plus contestables, de la très glamour version Christie, la version Hickox s'impose comme la vraie référence.
Arleen Augér campe une Alcina littéralement inouïe. La beauté lunaire du timbre, la parfaite maîtrise du vocabulaire baroque, de la profonde douleur jusqu'aux déchaînements incantatoires que bien peu d'interprètes sont capables d'assumer, l'exubérance de certaines cadences (Ma quando tornerai), la simple évidence de l'adéquation des moyens au rôle, le rôle d'une vie, le rôle des adieux.
Le Ruggiero de l'incroyable Della Jones n'est pas en reste. Evidemment, la mezzo britannique ne peut lutter avec Berganza et Graham (qui n'y est fraiment pas à son meilleur) en termes de beauté vocale. Mais là encore quel chic suprême, quelle folie amoureuse, quel déchaînement virtuose, quelle variété dans la coloration. Et puis l'intelligence absolue de la vocalità haendélienne.
Kathleen Kuhlmann, qui n'a pratiquement rien perdu de sa superbe chez Christie, offre une Bradamante absolument idéale, de la vélocité exceptionnelle dans la vocalise à la moire du timbre (qu'elle ne possède plus chez Christie). Renversante !
Plus renversante encore - j'entrevois déjà les foudres de certains - la Morgana rouée peste d'Eiddwen Harrhy, vraie chanteuse haendélienne, sans suraigu bien sûr, mais, ce qui est bien préférable, la vraie virtuosité du mot et du sentiment, une vraie gemellité de tempérament avec Alcina - pas une soubrette égarée.
Patrizia Kwella offre un Oberto adolescent, à la délicieuse fraîcheur de timbre et complète avec brio ("Barbara") un quintette féminin difficilement surpassable de par son engagement et sa folle probité stylistique.
Je serai plus réservé sur ces messieurs. John Tomlinson, wagnérien émérite peine à assouplir sa voix charbonneuse et Maldwyn Davies n'a à offrir qu'un timbre ordinaire et une vocalité approximative.
Mais la principale surprise vient de l'orchestre que je n'attendais pas à ce niveau d'investissement et de virtuosité, à tel point que Christie et ses Arts Florissants semblent avoir fait un pas en arrière en comparaison du dynamisme échevelé de Richard Hickox et du City of London Baroque Sinfonia. Malgré un clavecin à la sonorité un peu désuète, le continuo virevolte, relayé par un orchestre à la palette fort large, de l'ironie acerbe aux méandres de la douleur furieuse : un cadre digne de l'Arioste.
C'était il y a vingt ans, on n'a pas fait mieux depuis : la réédition de cette version archi-intégrale est urgente !
Ton titre est conservé, à sa vraie place , c'est à dire en tête de ton post.Nerone a écrit :Merci, mais je préférais mon titre...
Le titre d'un fil de discussion doit être clair, précis, concis et informatif pour pouvoir s'y reporter aisément par la suite. Nul effet rhétorique ne doit en obscurcir l'évidence même ni la prégnance.
Dis-moi, fiston, après avoir lu l'Arioste en son labyrinthique livre avec l'avidité qu'une adolescente idôlatrie délivre et délie et découvert, dans une extase convulsée du souffle et des spasmes des saintes statues du Styx, cette version qui est vraiment superbe et enlevée, étourdissante de volutes et crânement échevelée, écrirais-tu les mêmes sottises sur la reprise de l'Alcina par Carsen ?
Je suppose que tu répliqueras que oui puisque la contrition n'est pas dans ton impériale nature, mais en ton for intérieur ?
PS Merci Antoine de reprendre ma formule sur l'Alcina de Garnier et de lui conférer un tour encore plus "so british" et un zeste d'humour au piment
Je changerais peut-être certaines choses, notamment sur le rôle de soubrette, une certaine uniformité de couleur, mais dans l'ensemble la lecture post-moderne de l'Alcina de Haendel par Carsen est pour moi convaincante et peu avare de sortilèges visuels. Haendel n'est pas l'Arioste et Alcina est moins exubérante, échevelée, et crânement tout ce que tu veux, que le Roland Furieux dans son entier, véritable dédale inextricable de chevalerie ensorcelée.JdeB a écrit :Dis-moi, fiston, après avoir lu l'Arioste en son labyrinthique livre avec l'avidité qu'une adolescente idôlatrie délivre et délie et découvert, dans une extase convulsée du souffle et des spasmes des saintes statues du Styx, cette version qui est vraiment superbe et enlevée, étourdissante de volutes et crânement échevelée, écrirais-tu les mêmes sottises sur la reprise de l'Alcina par Carsen ?Nerone a écrit :Merci, mais je préférais mon titre...
Je suppose que tu répliqueras que oui puisque la contrition n'est pas dans ton impériale nature, mais en ton for intérieur ?