Les Nuits d'été et autres mélodies avec orchestre et cantates françaises

L'actu; découvertes, sorties, critiques et conseils !

Vos Nuits d'été sont (en)chantées par (en plus de Régine Crespin)

Janet Baker
3
16%
Victoria de Los Angeles
1
5%
Véronique Gens
4
21%
Bernarda Fink
1
5%
Eleanor Steber
1
5%
Anne Sophie Von Otter
1
5%
Suzanne Danco
0
Aucun vote
Susan Graham
3
16%
Frederica Von Stade
2
11%
Une ou un autre
3
16%
 
Nombre total de votes : 19

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aroldo
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Re: Les Nuits d'été et autres mélodies avec orchestres et cantates françaises

Message par aroldo » 20 août 2017, 09:56

Merci ! J'espére trouver un peu de sa Phèdre de Rameau dans cette Cléopâtre.
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.

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Re: Les Nuits d'été et autres mélodies avec orchestres et cantates françaises

Message par aroldo » 17 juil. 2018, 12:01

Les choses ne s'arrangent pas ... j'avais totalement oublié avoir ouvert cet fil l'an dernier. J'attends le couplage Norman-Te Kanawa dont nous parlions justement

Avec l'été nouveau, je replonge dans Berlioz and Co. Écoute d'abord de la version Von Stade-Ozawa des Nuits d'été, où Von Stade semble dépassée par les évènements : l'ampleur, la largeur et la tension des pages les plus périlleuses (Le Spectre de la Rose, Sur La Lagune ou Absence) exposent des fragilités très apparentes dans la gestion des registres et la tenue musicale. A certains moments, elle hurle, ni plus, ni moins. En tout cas, elle montre bien que ce cycle est difficile. On est tellement habitué à l'entendre "bien chanté", en se concentrant sur les mots, la sensibilité ou l'éloquence, qu'on pourrait en oublier les exigences purement vocales.

Passage par le live de Horne avec Lewis. Pour le coup, voilà une interprète à la fois scrupuleuse et très armée techniquement. C'est toujours facile à écrire quand on connait la carrière de l'artiste, mais, oui, il me semble que dans le respect de la ligne et le soutien des phrases cantabile, on retrouve un peu de la cantilène belcantiste. Néanmoins, plombée par la direction, par une diction "internationale" peu expressive, par un grain de voix peu gracieux et surtout finalement peu genré, elle est très loin de l'éblouissante réussite de sa Cassandre (je ne connais pas sa Marguerite).

Los Angeles aussi, dans sa gravure célèbre, est passée au dessus de mon oreille : timbre ravissant, diction précieuse, gazouillis inoffensifs ... un peu trop de sagesse et de joliesse ici.

J'écoute aussi les récitals de Kolassi réédités en Australie. On y trouve Une belle version du Poème de l'amour et de la mer. La voix est véritablement très belle, avec une égalité remarquable, un timbre immaculé sans être blanc, une parfaite fermeté de "la chair", très peu de vibrato. La diction est sensible et expressive, pas d'une impeccable fermeté, mais pleine de couleurs (l'espagnol est très beau, natif pour dire, alors que l'italien sonne curieusement forcé). Rien de trop pointu dans ce chant que j'attendais plus daté. En revanche, elle est très vite éprouvée et limitée techniquement (le moindre gruppetto la trouve fragile et obligée de ralentir, le cri n'est jamais loin en particulier dans les attaques un peu brusques ou les passages tendus dans l'aigu) et, plus grave, il n'y a pas l'ombre d'un genre dans cette voix dépourvue d'érotisme, de convulsion ou de palpitation. On comprend qu'elle n'ait pas osé les Nuits d'été quand on entend sa Marguerite de Berlioz (air donné en complément où tous les défauts sont très audibles, malgré le legato et la beauté de la ligne dans les premières mesures) et surtout les Madécasses de Ravel. Or ce sont des œuvres qui vivent particulièrement d'une séduction pleine et charnue de la voix, totalement absente ici.
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Re: Les Nuits d'été et autres mélodies avec orchestres et cantates françaises

Message par Loïs » 17 juil. 2018, 12:19

On pense toujours aux Nuits en oeuvre globale avec une seule interprète en oubliant que la version d'origine s'adressait à plusieurs voix et pour Absence et Lagunes, il ne faut pas oublier les contributions sur disque de Bacquier & Tézier.

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Re: Les Nuits d'été et autres mélodies avec orchestres et cantates françaises

Message par aroldo » 17 juil. 2018, 12:25

En attendant, je réécoute encore les Madécasses. Le texte de la première est sans doute le plus explicitement sexuel de tout le répertoire classique, mais personne n'en a rien dit à Kolassi. Enfin, elle le pressent un peu, s'agite, mais en pure perte et devient plus agressive haletante. Rules Britannia ... je veux dire Rules Dame Janet.
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Re: Les Nuits d'été et autres mélodies avec orchestres et cantates françaises

Message par aroldo » 19 juil. 2018, 16:25

Je regrette presque ce que j'ai écrit sur Von Stade qui avait toujours son charme frêle. Allo ? Allo ? Il y a quelqu'un ? Je vous présente la version momie des Nuits d'été, due à la conjonction des talents mortifères exceptionnels de Daniel Barenboim et de Kiri Te Kanawa. Une version cauchemardesque à force de lenteur et de platitude, dont on attend avec impatience la fin ... Te Kanawa aborde deux registres essentiellement : la minauderie enfantine (Villanelle) et ... l'absence totale. Elle phrase souvent en dépit du bon sens (le Spectre de la Rose ou Sous La Lagune étant particulièrement gratinés de ce côté) mais je crois que le grand responsable est le chef, qui lui impose des silences inutiles et de brusques accélérations là où on espère morbidezza et volupté. Le français n'est pas mauvais (plutôt meilleur que d'habitude chez elle, j'ai trouvé) et le legato fort enveloppant. Mais c'est tout ce qu'on peut dire de positif à propos de cette version. Je m'en vais de ce pas écouter Norman dans la cantate, mais j'ai peur !
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Re: Les Nuits d'été et autres mélodies avec orchestres et cantates françaises

Message par EdeB » 19 juil. 2018, 16:57

aroldo a écrit :
19 juil. 2018, 16:25
Je regrette presque ce que j'ai écrit sur Von Stade qui avait toujours son charme frêle. Allo ? Allo ? Il y a quelqu'un ? Je vous présente la version momie des Nuits d'été, due à la conjonction des talents mortifères exceptionnels de Daniel Barenboim et de Kiri Te Kanawa. Une version cauchemardesque à force de lenteur et de platitude, dont on attend avec impatience la fin ... Te Kanawa aborde deux registres essentiellement : la minauderie enfantine (Villanelle) et ... l'absence totale. Elle phrase souvent en dépit du bon sens (le Spectre de la Rose ou Sous La Lagune étant particulièrement gratinés de ce côté) mais je crois que le grand responsable est le chef, qui lui impose des silences inutiles et de brusques accélérations là où on espère morbidezza et volupté. Le français n'est pas mauvais (plutôt meilleur que d'habitude chez elle, j'ai trouvé) et le legato fort enveloppant. Mais c'est tout ce qu'on peut dire de positif à propos de cette version. Je m'en vais de ce pas écouter Norman dans la cantate, mais j'ai peur !
Mais si, il y a quelqu'un...
Au risque de faire réagir violemment, j'avoue que je ne suis pas une grande fan (en général) de Kiri Te Kanawa : l'instrument est sublime, soit, mais le sens du théâtre lui fait totalement défaut... (A mon sens, elle a même totalement plombé les merveilleuses (version non baroque) Nozze di Figaro de Solti ! HS total, on s'arrête là.) Elle est annonciatrice d'ailleurs de Renée Fleming, tout aussi impavide quoi qu'il se passe... et nettement moins crémeuse.
Je me souviens avoir écouté une fois ses Nuits d'été, il y a très longtemps, et avoir détesté cette approche : je l'avais trouvée maniérée, minaudante et sans la force ni la ligne pour rendre justice à Berlioz et à Gautier.
Avec Régine Crespin, mes préférées restent Susanne Danco et Véronique Gens.
Ton "Le français n'est pas mauvais" me fait frémir... La mélodie française exige un français parfait, quelle que soit la nationalité de l'interprète !!
Une monstrueuse aberration fait croire aux hommes que le langage est né pour faciliter leurs relations mutuelles. - M. Leiris
Mon blog, CMSDT-Spectacles Ch'io mi scordi di te : http://cmsdt-spectacles.blogspot.fr/
Mon blog consacré à Nancy Storace : http://annselinanancystorace.blogspot.fr/

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Re: Les Nuits d'été et autres mélodies avec orchestres et cantates françaises

Message par aroldo » 19 juil. 2018, 17:18

Je suis trop fanatiquement attaché à Janet Baker pour attendre un français parfait dans la mélodie française ! Celui de Te Kanawa est "international" et peu expressif, mais à peu intelligible avec un nombre raisonnable de consonnes et de voyelles. Rien à voir avec les horreur d'une Caballé, par exemple.

Pour revenir au disque DG, heureusement que ça n'était pas cher et que la jaquette est jolie parce que Cléopâtre n'est pas réellement meilleure sur le plan de la direction, anti-dramatique, morne et lente. La seule chose intéressante c'est le postlude, avec tellement de silence et un pianissimo à l'orchestre tellement soutenu que l'ensemble à quelque chose d'un peu expérimental, voire bizarre, qui ne va pas mal à Berlioz. Je vénère Norman et elle vocalement impressionnante, sur toute la tessiture, sans sonner inutilement wagnérienne, mais sa version très chantée (même dans la dernière section), très scène d'opéra romantique, voire italien, me semble assez loin de l'esprit de l’œuvre. J'imagine plutôt ici de une forme de véhémence plus "tragédie lyrique" que "Gounod n'est pas loin".
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Re: Les Nuits d'été et autres mélodies avec orchestre et cantates françaises

Message par aroldo » 22 juil. 2018, 22:09

En revanche, j'ai écouté la version Colin Davis-Jessye Norman des Nuits d'été et c'est, au fond dans la même lecture "internationale" que Te Kanawa que j'ai trouvé si déprimante, très beau. Il y a une respiration, une pulsation, vocale et orchestrale qui indiquent une forme d'intimité avec la musique (et la langue) qui fait mouche, quand bien même le vibrato est large, très opératique et la diction parfois hasardeuse (dentales très anglo-saxonnes parfois). C'est un brocard que cette voix là (ce sont ses très bonnes années) et on a l'impression qu'elle drape l'ensemble des mélodies avec une aisance, une largeur de geste, une majesté qui impressionnent - et on a quand même le sourire, sans la minauderie, dans Villanelle ! Complété avec le Ravel par les mêmes, pas encore entendu.
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Re: Les Nuits d'été et autres mélodies avec orchestre et cantates françaises

Message par aroldo » 23 juil. 2018, 20:01

Shéhérazade semble avoir été écrit pour Norman. La prosodie chez Ravel est bien moins périlleuse que chez Berlioz et le français, sans être à proprement parler plus éloquent, semble encore plus naturel. Et la profusion de la voix, du timbre, des couleurs, est un miroir idéal de celle de l'oeuvre. Luxe, calme et volupté, et par volupté je veux dire aussi fièvre, chaleur et épices. Ni trop conteuse distante, ni non plus incarnation dramatique hors sujet, Norman fait plutôt un "tableau" où l'impression donnée par la voix prime sur un sens ou une narration. Je pense vraiment que c'est une lecture enivrante (d'autant, qu'encore une fois, il ne s'agit nullement de distance ou de froideur) et qui a un parfait parfum fin de siècle.
Après la déception relative de la Cléopâtre, le couplage Ravel-Berlioz par Norman et Davis est une réussite qui mérite sa bonne réputation. Chouette, j'ai eu peur, un moment.
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Re: Les Nuits d'été et autres mélodies avec orchestre et cantates françaises

Message par aroldo » 05 août 2018, 16:13

Écoute cette fois de la version de L.Price, dirigée par Reiner. C'est assez surprenant, Price réussissant parfois là on ne l'attendait pas (la complexité rythmique de la première mélodie) et ratant ce qu'on attendait d'un soprano à la technique en principe solide (Le Spectre de la Rose, décidément difficile à réussir ne la montre nullement en état de grâce vocal, contrairement à ce que j'espérais). Néanmoins, on retrouve les attendus d'un soprano grand format dans ces pages : vibrato très présent, français très absent et quelques moments "magiques" dans l'aigu piano, d'une consistance liquide et pourtant stable affolante. Je reste sur ma faim, néanmoins. Je ne m'attendais pas à des miracles d'éloquence, mais je pensais entendre une version vocalement exceptionnelle (c'est ce qu'on lit ici et là).
A noter que le disque est complété par Un Amor Brujo toujours dirigé par Reiner, très sombre, où je l'ai trouvée formidablement décomplexée et pas mauvaise du tout en espagnol.
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