Tiefland (D'Albert) et autres oeuvres post-wagnériennes

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aroldo
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Re: Tiefland (D'Albert) et autres oeuvres post-wagnériennes

Message par aroldo » 25 juil. 2017, 08:53

marcelin duclos a écrit :
24 juil. 2017, 23:01
Pour en revenir à Triefland , j'ai une auitre version non encore citée : B.Aldenhoff/ M.Schech / A.Welitsch/ M.Proebstl / Ch et Orch Radio Bavaroise //Direction : Rudolf Albert.... Pas écouitée depuis des lustres, aucun souvenir..Je comptais m'y mettre avant les representations de Toulouse....
C''est tout le drame de cet opéra ... (enfin, si je puis dire).
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.

marcelin duclos
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Re: Tiefland (D'Albert) et autres oeuvres post-wagnériennes

Message par marcelin duclos » 27 juil. 2017, 16:08

Pour ceux que ça interresse , vendredi 28 juillet , à 9 Heures du matin , heure française , la radio de Washington " Viva la voce " diffusera l' integralité de Triefland , dans l'enregistrement avec Gre Brouwenstijn , Hans hopf , Paul schoeffler , Orchestre Symphonique de Vienne , direction Rudolf Moralt

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Re: Tiefland (D'Albert) et autres oeuvres post-wagnériennes

Message par aroldo » 27 juil. 2017, 17:59

C'est celui que j'ai, précisément. Et malgré les qualités éclatantes de la distribution (en particulier Brouwenstijn ... comme d'habitude, ai-je envie de dire) je suis resté à ma première impression : celle d'une purge.
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.

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Re: Tiefland (D'Albert) et autres oeuvres post-wagnériennes

Message par aroldo » 31 juil. 2017, 20:13

Je ne sais pas où parler de mon écoute de l'après-midi : en principe Giuditta est une opérette. Mais, en 1934, on dirait que Lehar a décidé de faire une gigantesque (5 actes bien fournis en musique, deux bonnes heures d'écoute) opérette tragique avec un parfum de Strauss et de Korngold (et avec un rien aussi de Morocco dans le livret). Une opérette "Art Déco" en somme. Il y a des rythmes de danse, un couple "bouffe" qui a quelques duos, au moins un tube ... mais aussi pléthore de longues déclamations en duos, de mélodrame, d'ensembles complexes, des relents orientaux, une orchestration "luxuriante", un unhappy ending et j'en passe. Probablement pas la meilleure œuvre de Lehar (c'est parfois un peu banal malgré l'abondance de moyen) mais l'exercice de style est fascinant.

J'ai écouté la version EMI (pour être précis, j'ai réécouté pour la centième fois... car, malgré tout, c'est une "comédie musicale" pour reprendre la dénomination choisie par le compositeur, que j'aime vraiment beaucoup) : Gedda est un peu passé et poussif, malgré le côté toujours élégant qu'il donne à la moindre note, mais comme Edda Moser est carrément effrayante avec un vibrato large et beaucoup de stridences, on a vraiment l'impression qu'elle chante Brunehilde ou Salomé. Le problème de la différence d''âge est donc résolue de manière originale. :lol:
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Re: Tiefland (D'Albert) et autres oeuvres post-wagnériennes

Message par jeantoulouse » 15 août 2017, 10:46

Pour préparer les représentations de Toulouse ( du 29 septembre au 8 octobre), j'ai regardé le DVD édité par l'Opéra de Zurich. Franz Welmer-Möst dirige l'orchestre et les chœurs maison sans chercher à unifier une partition hétéroclite, mais toujours avec élégance et sans pathos. Les différents climats ou registres de l’œuvre apparaissent dans leur singularité : de véritable scènes d'opérettes avec les trois commères, des romances avec le personnage de la naïve Nuri, des récits mélodramatiques (récits de Pedro et de Marta, des affrontements très tendus ( Sebastiano/Marta ; Pedro/Sebastiano), des scènes de genre (chœurs des villageois), des pages d'un lyrisme pastoral assez convenu, mais efficace( prologue). On se prend à se demander si la science musicale incontestable de d'Albert n'est pas ici mise en œuvre (mise dans l’œuvre) avec ironie ou amusement. Sans parler de pastiche, les scènes avec ce que je nomme les trois commères apparaissent clairement comme un démarquage ironique des trois filles du Rhin dans l'Or du Rhin... et par deux fois. la première avec le prétendant de Marta, Moruccio, traité comme Albérich dans le début de la Tétralogie, puis avec Pedro dont elles se moquent ouvertement (scène du rire). De même, le récit de Pedro apparait comme une duplication moins grandiose et aux enjeux moindres du récit de Rome de Tannahäuser. Et on retrouve comme des citations du grand air d'Elisabetth du même opéra dans les envolées de Marta. La pastorale du début lorgne du côté de Beethoven, mais ouvertement. Et c'est moins vers Richard Strauss qu'il faut aller chercher des citations clins d'oeil que de Johan Strauss dans toutes les scènes de fantaisie (comment les appeler autrement ? ) qui curieusement dérangent et précipitent à la fois le drame. Bref, peut-être l'humour est-il un élément constitutif de cette musique, alors même que l’œuvre nous parle d'humiliation, de dignité perdue, d'innocence pervertie, de manipulation, d'exploitation, de violence, de misère, évoque l'assassinat de la mère et finit par un meurtre. Mais cette dimension, si elle existe vraiment, n'est pas l'essentiel d'une partition en effet influencée aussi par Mascagni ou Leoncavallo.
Peter Seiffert, grand et solide ténor wagnérien est un Pedro un peu fruste qui, évolution du rôle oblige, met beaucoup de cœur et de sensibilité à l'ouvrage. Son épouse Petra Maria Schnitzer n'a pas le timbre le plus agréable de toutes les sopranos. Mais elle est ardente. Son récit douloureux est bien conduit, ses confrontations avec son maître et amant Sebastiano d'une forte intensité, ses envolées, ses indignations et sa profession d'amour très convaincantes, avec une voix d'un beau dramatisme. Rare sur une scène d'opéra, Matthias Goerne est toujours juste dans un rôle d'odieux où on ne l'attendait pas. Le baryton allemand s'avère un parfait manipulateur et la voix se teinte de toutes les couleurs pour rendre crédible un personnage violent, cynique, colérique. Toutes ses interventions face à Pedro, Marta ou le vieux sage Tommaso sont à la fois puissantes et intelligemment dosées. Aucune vulgarité, aucun effet de grossissement intempestif.
La mise en scène situe l'action sans doute au temps du franquisme, en faisant de Sebastiano un manipulateur scientifique qui branche ou débranche ses créatures. Elle ne me convainc guère, même si le décor unique est à la fois beau et habile.

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Re: Tiefland (D'Albert) et autres oeuvres post-wagnériennes

Message par aroldo » 17 août 2017, 07:03

Merci pour cette analyse à laquelle je n'avais pas du tout pensé. Elle éclaire l’œuvre et la rend peut-être compréhensible. La firme CPO a publié plusieurs disques consacrés à la musique de chambre de d'Albert, peut-être celle-ci est elle plus immédiatement aimable ?

En fait, ça m'a surtout donné envie de réécouter Tannahaüser !
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Re: Tiefland (D'Albert) et autres oeuvres post-wagnériennes

Message par aroldo » 05 sept. 2017, 19:59

Ouf ... D'Albert est sauvé ! Dans le coffret Warner que j'évoquais dans le fil Weber, petit joyaux Die Abreise (1898).
L'essentiel ici : https://en.wikipedia.org/wiki/Die_Abreise

C'est extrêmement séduisant, comme un condensé de la musique légère allemande, en très élaborée et dans un style de conversation musicale qui se fait parfois très lyrique (avec duo et trio et même un lied, à l'accompagnement pianistique volontairement sommaire, je pense, mais plus beau, dans sa modestie, qu'une bonne moitié de Tiefland). On croise des rythmes de valse, une ouverture chatoyante, des embryons d'arioso (l’œuvre est très courte : trois petit quarts d'heure) et on se baigne dans une orchestration à la fois rutilante et légère. Extrêmement aimable, au premier sens du terme. Les chanteurs sont parfaits, évidemment à l'aise dans cette musique et ces mots : Prey, Moser et Schreier (celui-ci jouant très bien les ténors bouffe).
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