pingpangpong a écrit :Mais c'est ça qui était passionnant dans cette émission : des avis tranchés, excessifs parfois, argumentés avec plus ou moins de clairvoyance et de bonne foi.
Bien sûr et tout n'est pas à prendre au premier degré. Goléa force volontairement le trait pour faire rire la galerie. C'est cela le sens de l'humour et ce qui ne le comprennent pas n'en ont aucun. D'ailleurs, Bourgeois et Panigel ne sont pas dupes et s'amusent de ces répliques tout en utilisant un ton mi-figue, mi-raisin.
Enfin, ils ont des partis-pris comme tout mélomane et Goléa a manifestement une dent contre Domingo (cf les échanges sur Carmen) auquel il reproche de courir le cachet sans jamais approfondir ses rôles et l'histoire lui a donné raison sauf dans Otello qui est devenu son rôle fétiche. En l'écoutant chez Kleiber en 1976, on se rend compte qu'il est effectivement à la limite de ses moyens quand son évolution vocale, vers un timbre de plus en plus sombre et un son plus projeté, va lui permettre d'être de plus en plus en adéquation avec les exigences du personnage. C'est ainsi, qu'à mon avis, son Otello de studio chez Chung est son meilleur tant la voix, très assombrie, dépeint un personnage infiniment plus subtil que jadis avec des partenaires fort honorables. Néanmoins globalement, je trouve que Carlo Cossuta, dans la première version de Solti, est encore plus fouillé avec des effets de voix mixte stupéfiants qui annoncent Kaufmann. C'est peut-être mon Otello préféré.
Quant à Don José, on a l'impression que Domingo a écouté les conseils de Goléa tant son remake chez Abbado le montre bien meilleur que chez Solti avec des attaques beaucoup plus nettes, une diction bien meilleure et beaucoup plus de nuances. Quant à Berganza, c'est probablement celle qui me fait le plus penser à Supervia avec le côté canaille en moins. Et quel orchestre ! C'est cette Tribune qui m'a conduit à réécouter cette version (non chroniquée car non encore publiée) qui ne donne pas tout tout de suite mais qui est d'une intelligence rare.
De surcroît, sur le rôle des Cassandre qui annonçaient la fin imminente de Domingo, on les retrouve aujourd'hui dans les débats sur Kaufmann. Espérons qu'ils auront aujourd'hui aussi tort qu'hier même s'il faut rappeler que Domingo est une force de la nature avec une technique de chant assez aberrante qui fonctionne néanmoins très bien chez lui mais qu'il ne faut surtout pas exporter au risque de faire une carrière à la Villazón.
Enfin, Jérôme, on attend avec impatience Don Giovanni, Fidelio, Don Carlo ... car "tu nous a mis l'eau à la bouche". C'est en tout cas très sympa de nous faire découvrir cette Tribune de la grande époque que je n'avais jamais écoutée.