Cherubini - Eliza ou le voyage aux glaciers du Mont St Bernard - Myto

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jean-didier
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Cherubini - Eliza ou le voyage aux glaciers du Mont St Bernard - Myto

Message par jean-didier » 05 sept. 2016, 19:22

En revenant de chez Gibert, je ramène toujours pleins de choses dans mon panier.
Après le Viaggio a Reims chez Naxos, un petit détour par les Alpes avec ce petit bijou qu'est ce drame de Cherubini au titre iconoclaste (un peu comme la Poetessa idrofoba de Pacini) : Eliza ou le voyage aux glaciers du Mont Saint-Bernard. Je crois d'ailleurs que c'est le titre le plus long que je connaisse pour un opéra.

Je ne vais pas recopier tout ce que j'ai lu sur un autre forum sur internet mais voici quelques éléments.
L'opéra (créé en 1794 à Paris) est un véritable drame alpestre avec des prémonitions de Linda di Chamounix ou même de la Wally (mais pas dans la musique). Eliza et Florinda sont amoureux mais le père de celle-ci s'oppose au mariage. Dégoûté, Florinda part au col du grand St Bernard se réfugier chez dans un monastère où il reçoit une lettre lui faisant croire (coup classique) qu'Eliza s'est fiancée à un autre homme. Au bout du rouleau, Florinda part carrément sur le glacier du grand St Quetzal ... pardon du grand St Bernard, laissant un mot d'adieu au monastère pour Eliza. Celle-ci désespérée part le retrouver alors qu'une avalanche (bonjour les effets spéciaux au XVIIIe ...) l'ensevelit. Tout finit bien cependant : Florindo a survécu, le vieux a claqué ce qui permet aux amoureux de se marier. (merci Wiki)

Dans la même veine que Lodoïska, Cherubini écrit de la grande musique qui porte le drame admirablement. Le romantisme fait déjà des merveilles alors qu'on est encore au XVIIIe !! il y a évidemment quelques restes galants dans l'élégance de certaines formules qu'on retrouve avec Bonheur chez Paër, mais le dramatisme de certains airs va plus loin que le Sturm und Drang XVIIIe siècle et est de la même veine que Weber. On se plait à rêver au fait que ça pourrait être le type de musique que Mozart aurait pu écrire s'il avait vécu. (soupirs ...).

Florindo, héros romantique, Max en puissance, convient totalement à la vaillance de Gianni Raimondi qui éblouit par l'arrogance des moyens, la voix qui sonne pile là où il faut. Eliza qui n'intervient vraiment qu'à l'acte 2 bénéficie d'un bel air avec hautbois obligé. En deux parties, la "cavatine" est vocalisante (avec des quintuples croches !). Gabriella Tucci y déploit un beau legato dans ces grandes phrases sur le souffle. La première partie s'enchaîne directement avec une "cabalette" avec - rare pour l'époque - contre-ut final tenu ! L'écriture est tendue, sollicitant beaucoup l'aigu ce qui s'entend dans la voix de l'interprète, qui malgré quelques coupures, tire un peu la langue sur la fin.

Le drame est entrecoupé (pour respirer un peu) de passages plus champêtres dont une chœur en sicilienne ou mêmes des passages comiques.

La scène de l'avalanche est remarquable, à couper le souffle : un grand moment de théâtre et de musique.

Remarque de taille : l'opéra a été traduit en italien et les dialogues parlés remplacés par des récitatifs accompagnés (écrits par qui ?).

Outre le fait qu'un abruti applaudit bruyamment n'importe où (au milieu d'un air dramatique après un gros accord non conclusif, sur une fin d'orchestre très belle et non conclusive non plus), le son est plutôt bon pour 1960 avec des voix bien mises en valeur.

A découvrir d'urgence ! Les fans du PBZ ne devraient pas être déçus ... et pourquoi pas les autres aussi.

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