Mayr - Medea in Corinto - Dynamic 2 CD

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jean-didier
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Mayr - Medea in Corinto - Dynamic 2 CD

Message par jean-didier » 26 juin 2016, 08:32

Il semble y avoir depuis quelques années un intérêt croissant pour Giovanni Simone Mayr (1763-1845) compositeur que je considère comme majeur dans l'évolution de l'opéra italien. Il puise dans la tragédie française des Spontini et Cherubini, avec un hommage marqué à Mozart (dont il ponctue ses opéras de citations explicites) pour amener à la théâtralité de Donizetti. Naxos a publié beaucoup de ses cantates, la firme allemande Oehms classique publié 5 ou 6 titres de ses meilleurs opéras et les éditions Ricordi se sont lancées dans la publication d'éditions critiques de ses opéras.

Les scènes alternent de manière très contrastée la légèreté et la grâce de Paër (les airs de Creusa par exemple avec harpe ou flûte dans l'orchestre ou même son duo avec Giasone à l'acte 2) à la tragédie la plus noire et passionnée de la Médée de Cherubini dans les scènes du rôle titre. A ce titre, l'œuvre de Mayr n'a pas à rougir devant la mythique version de ainé.

Le nombre d'enregistrements de cet opéra est non négligeable pour une rareté : on compte la version avec Leyla Gencer (publiée chez Myto), celle avec le dragon Marysa Galvany (Vang(u?)ard), la version Opera rara avec Jane Eaglen, la version avec Nadja Michael et Ramon Vargas et cette toute dernière enregistrée en 2015 avec seulement Michael Spyres de connu dans la distribution en Giasone.

Le ténor américain ponctue son interprétation, dès le début, de suraigus (non écrits) pas forcément bien venus. Si son interprétation est vaillante et défend bien l'écriture virtuoso-dramatique du rôle, il ne me convint pas totalement dans sa volonté de se positionner en nouveau baryténor alla Christ Merritt dont il n'a pas l'étoffe vocale.

Davinia Rodriguez s'acquitte globalement bien du rôle-titre, avec une voix suffisamment corsée pour se placer dans la lignée des Médée cherubiniennes. On regrette des sons dans les joues qui confinent au grotesque dans la grande scène de "Scongiuro" au début de l'acte 2 - morceau qui glace le sang. Dommage, son grave est suffisamment riche et sonore pour qu'elle n'ait pas besoin d'avoir recours à cet artifice.

En Egeo, Enea Scala est inécoutable tellement le haut de la voix est hideux (je pèse mes mots !), entaché d'un vibrato serré qui discrédite son interprétation. Je ne comprends pas l'engouement qu'il peut y avoir pour ce chanteur. Est-ce que c'est du à son physique de bombe sexuelle uniquement ?

La Creusa de Mihaela Marcu n'est pas terrible non plus, avec un manque de souplesse et de moëlleux, un aigu instable souvent caractéristique des sopranos légers.

Une version qui compte dans la redécouverte (j'espère !) de ce compositeur, et malgré le prix (28 € au prix nouveauté, pour 2 CD dans un packaging vraiment au rabais).

La direction de Fabio Luisi est là pour allumer la flamme de la tragédie et ce, même s'il ne dispose pas d'un orchestre de première classe. Mention spéciale pour la scène finale qui est grandiose, grâce à l'implication tragique de la chanteuse et du chef.

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