Vos lectures

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Message par aurele » 11 févr. 2016, 12:45

Je suis passé en librairie hier et j'ai acheté pas moins de quatre romans alors que je suis sur plein de lectures en ce moment ainsi que le 1er numéro de la revue Apulée publiée par les éditions Zulma. Pour en savoir plus, je peux vous renvoyer à des interviews de Hubert Haddad qui est l'écrivain à l'initiative de ce projet ou au site de la maison d'édition. Je n'ai lu pour le moment qu'une trentaine de pages et j'ai feuilleté le reste mais dans le monde actuel dans lequel on vit, c'est une parution essentielle qui mêle poésie, nouvelles, bonne feuilles de livres à paraître, entretiens avec des intellectuels. Le premier numéro questionne l'identité et c'est une revue ouverte sur le monde, plus particulièrement tout le bassin Méditerranéen, notamment tous les pays où l'on parle arabe. On retrouve des collaborateurs ou des écrivains publiés par cette maison d'édition mais aussi d'autres écrivains publiés dans de plus grandes maisons d'édition, comme Boualem Sansal, J.M.G. Le Clézio (un extrait de son livre L'Africain qui va être bientôt traduit en wolof, autre initiative d'un auteur dont un livre a été publié par Zulma) ou Alain Mabanckou pour ne citer que trois noms. Oui, elle coûte 28 euros mais cela les vaut. Elle fait 400 pages, le format est très grand. C'est comme un grand livre et la mise en page est de grande qualité et va de pair avec la qualité du contenu.

Vous allez me dire que je fais encore de la promotion pour les éditions Zulma mais je ne fais que mon travail de libraire. Ce n'est parce que je suis en recherche d'emploi, que je ne continue pas à défendre les publications des maisons d'édition que j'apprécie tout particulièrement. J'écris cela pour éviter tout commentaire désobligeant.

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Message par aurele » 04 avr. 2016, 17:21

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Illettré est le huitième roman de Cécile Ladjali, enseignante en littérature et écrivain qui s'est notamment toujours sentie concernée par la question du handicap.

Le sujet de l’illettrisme, des difficultés que cela engendre dans la vie de tous les jours est remarquablement traité par l'écrivain. Le personnage de Léo m'a énormément touché, ainsi que la relation qu'il entretient avec sa grand-mère notamment. Cette dernière est un des personnages qui me marquera le plus, avec celui de Madame Ancelme, la concierge. On trouve beaucoup de poésie dans l'écriture, ce qui m'a particulièrement plu.

Cette lecture me marquera et donne envie de découvrir les autres textes de cette auteure.

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Message par aurele » 03 déc. 2017, 23:57

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L'homme de miel est un livre publié à la rentrée littéraire 2017 par un éditeur extrêmement passionné et d'une grande sensibilité, Christophe Lucquin, qui a fondé sa maison d'édition indépendante en 2011. Les livres de cet éditeur se singularisent à la fois par le choix des sujets des publications, souvent très puissants mais également la qualité de l'objet livre, avec un papier très blanc, une identité visuelle très marquée par des touches de bleues, notamment sur la couverture, la quatrième de couverture et sur la page de garde. Le dessin qui orne la couverture de ce livre est extrêmement bien pensé.

Olivier Martinelli publie avec ce livre un recueil de chroniques autour de la découverte de sa maladie, un cancer appelé myélome. Il utilise lui même le terme que j'emploie pour évoquer ce livre dans la postface. Il est l'auteur de plusieurs nouvelles parues dans divers recueils et de cinq romans dont certains parus uniquement sous forme numérique.

En dépit de son sujet, c'est un livre qui se veut positif, grâce à de nombreuses touches d'humour, d'autodérision dont le narrateur fait preuve lorsqu'il nous relate l'ensemble de l'année liée à son cancer, les séjours à l'hôpital, les suites de l'opération qu'ils a subi. Les titres de chapitre sont extrêmement percutants. Ce qui m'a le plus touché dans ce livre, c'est assurément la relation de notre narrateur / auteur avec ses deux enfants, Dan et Liz. Ce n'est pas un livre qui se veut larmoyant, plein de pathos, c'est tout simplement un ouvrage que j'ai trouvé d'une grande finesse. L'écriture en est limpide, simple au sens noble du terme, belle tout simplement. On a bien évidemment une attention très forte au corps, aux sensations. On est avec cet Homme de miel et son entourage, notamment sa famille, tout du long de ce récit. Il est intéressant d'apprendre également que l'écrivain a fait la rencontre d'un artiste peintre qui semble être un sacré personnage et c'est bien évidemment un livre qui nous parle également de création, notamment lorsque l'on est atteint d'une maladie mais pas seulement, avec cette autre figure d'artiste présente dans le livre. On aimerait voir les tableaux de Eddie, notamment lorsqu'on lit le chapitre XLVII "L'arbre de vie" qui fait partie des nombreux chapitres magnifiques de ce livre, qui nous évoque notamment ce qu'évoque le tableau pour notre narrateur, c'est-à-dire l'image qu'il a dans sa tête de son fils dans les bras de sa grand-mère, la mère d'Olivier. L'auteur évoque également son métier d'enseignant et comment il l'a quelque part sauvé.

Je compte pour terminer cette chronique citer la fin du livre, un des passages que je trouve parmi les plus beaux de ce dernier. C'est une scène du narrateur avec ses enfants.

"J'allais lui montrer ces drôles de nuages quand je me suis aperçu qu'ils avaient disparu. Il n'en restait rien. Rien qu'une inquiétude diffuse striant le bleu profond du ciel. Le froid m'a fait frissonner. Instinctivement, mes enfants se sont blottis davantage contre moi. Ils ont enfoncé leur chaleur et leur futur immense tout près de mon âme. De leurs petites mains, ils ont attrapé mon coeur. Ma peur a volé en éclats."

C'est un livre magnifique et j'ai eu un coup de cœur absolu pour ce livre qu'il faut absolument se procurer en librairie ou sur le site de l'éditeur. Il faut le lire pour se rendre compte de la force de certaines personnes et surtout du recul qu'elles sont capables d'avoir lorsqu'elles traversent une épreuve.

Lien vers le site de la maison d'édition : http://www.christoph...quinediteur.fr/

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Message par JdeB » 04 déc. 2017, 09:44

Je viens de lire une biographie de la romancière anglaise écrivant en français Violet Trefusis, fille de la favorite d'Edouard VII et modèle d'un des principaux personnages d'Orlando (pas celui de Haendel ni de Vivaldi...), grande wagnérienne, grande francophile, grande lesbienne, grande mondaine, grande excentrique.

J'ai trouvé dans une case à livres à Reims, La Place d'Annie Ernaux

Je vais me lancer dans Les 3 grosses dames d'Antibes de Sommerset Maugham
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Message par raph13 » 04 déc. 2017, 12:29

JdeB a écrit :
04 déc. 2017, 09:44
Je vais me lancer dans Les 3 grosses dames d'Antibes de Sommerset Maugham
Un régal !!
Je viens de dévorer "Le tour du monde du roi zibeline" de J-C.Ruffin, roman brillant et extrêmement bien ficelé, très prenant.
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Message par lionrougeetblanc » 06 déc. 2017, 13:55

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Ce livre est un de mes plus belles lectures de l'année. L'histoire d'un horloger anglais, créateur d'automates extraordinaires, qui se rend à la Cité interdite au XVIIIème siècle pour travailler sur des horloges traduisant un rapport intime au temps qui passe. La description, par touches subtiles, de la Cour impériale, où la puissance réelle et symbolique de l'empereur rythme chaque seconde de la vie, est d'une justesse absolue ; la narration est à la fois plaisante et puissante, touchant des thèmes aussi essentiels que la mort, l'attente, le désir, le pouvoir ; la beauté des images qui naissent sous la plume de Christoph Ransmayr est remarquable de subtilité, de poésie et j'ai souvent pensé au film Hero (Zhang Yimou) en lisant.
A lire certains commentaires on voit que les premières pages peuvent dérouter certains lecteurs par l'usage d'une ponctuation surprenante. Rien de tel pour ce qui me concerne, j'ai immédiatement été captivée par la beauté, la force, l'étrangeté aussi, du monde convoqué par l'auteur.

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Message par Loïs » 24 janv. 2018, 11:31

histoire de réanimer le fil perdu d'Aurèle, lu pendant un vol entre Paris & Düsseldorf hier (qqs pages, c'est une lettre et non un roman):

Il y a 24 ans, tout a commencé par un cahier qu'Hervé n'aurait jamais dû voir. Puis, il y a eu cette lettre. 24 ans après l'avoir écrite, 24 ans après avoir osé la donner à son destinataire, voici que la vie la renvoie à l'expéditeur, brute, touchante et drôle. Pour parler de ce livre, il faut raconter l'histoire du livre lui-même. Il était une fois un garçon d'une vingtaine d'années. Qui tombe amoureux d'un mec. D'un mec hétéro. Rien de très original. Mais ce garçon se met en tête d'écrire une lettre. Dans cette lettre, il va raconter sa vie, son enfance, ses peurs, ses péripéties d'enfant normal, ou presque, péripéties touchantes, souvent drôles, parfois choquantes, toujours humaines. Cette lettre il la donne à Hervé. Et il la donnera également plus tard à ses parents, en se rendant compte qu'il n'avait jamais rien écrit de mieux pour expliquer qu'il était différent. Des années passent. Il reçoit alors l'appel d'un inconnu : le psychologue de son père. Il apprend que son père s'était lui aussi servi de cette fameuse lettre, pour parler de son fils sur le divan. Pourquoi ce psy avait-il appelé ? Pour demander l'autorisation de faire lire cette lettre à un autre patient, dont le fils était gay, lui aussi. Pour l'aider à accepter son fils. Cette histoire, vraie, et d'autres événements de la vie, allaient finir par convaincre l'auteur de publier cette lettre, sous forme de fiction, en préservant l'authenticité de l'original. Voici donc "Lettre à Hervé".

Eric Sagan : lettre à Hervé
Nombreux s'y reconnaîtront

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Message par aurele » 04 mars 2018, 09:21

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Ce roman nous présente au début des années 1950 la vie de la famille Quémeneur, en Bretagne. Cette famille dès le début du roman est secouée par un événement, le départ du fils d'Anne, Louis, né d'un premier mariage, avec un pêcheur qui s'est noyé en mer. Ce dernier est adolescent au début du livre.

La narratrice et protagoniste principal du livre, Anne, va vivre dès lors une très longue attente et voir sa vie entièrement bouleversée, à la fois en tant que mère mais également en tant qu'épouse.

J'ai trouvé ce livre magnifique et je dois dire que le choix de la première personne du singulier sur le plan narratif est extrêmement pertinent. C'est un roman qui illustre de manière remarquable l'amour d'une mère pour son enfant, d'une grande sensibilité, porté par une écriture subtile et très belle. Le roman met également parfaitement en avant la question de la différence de classe sociale au sein d'un mariage et la manière dont cela est perçu par les deux époux et le village tout entier. J'ai aimé les lettres également dans laquelle la mère raconte le festin qu'elle offrira à son fils lors de son retour, contenant des souvenirs également, par exemple lorsqu'ils préparaient les crêpes ensemble. J'ai été plongé au plus près des émotions des personnages et en particulier d'Anne. Etienne est un personnage que je n'ai pas trouvé spécialement sympathique mais il est plus complexe que la manière dont il apparaît au début du roman, ce qui a été très bien rendu par l'écrivain. Ce fut une lecture coup de cœur.

J'ai eu l'occasion d'assister à une rencontre en librairie la semaine dernière avec Gaëlle Josse qui est extrêmement sympathique et qui parle remarquablement de son travail. Je me suis procuré en poche ses romans Le Dernier Gardien d’Ellis Island et L'Ombre de nos nuits.

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Message par aurele » 24 mars 2019, 17:59

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La vigne écarlate est le huitième roman de Vincent Borel, le septième livre publié chez Sabine Wespieser éditeur. L'auteur l'a suivi dès qu'elle a fondé sa maison d'édition indépendante, après avoir été édité par cette dernière au sein des édition Actes Sud. Baptiste fut d'ailleurs un des premiers livres publiés par l'éditrice au sein de sa maison d'édition indépendante et relatait le parcours de Lully. L'écrivain est notamment un mélomane et il a décidé après Lully et Wagner notamment de consacrer un livre à Anton Bruckner. La construction du livre n'est pas linéaire et j'ai trouvé cela intéressant, même s'il fonctionne de manière circulaire. En effet, on débute notre lecture par le vieux Bruckner au bout de son existence et le livre se clôt de même. J'ai adoré ce roman, notamment en raison de la manière dont Vincent Borel manie la langue. Le lyrisme innerve beaucoup de passages mais il y a aussi beaucoup de moments drôles, comme cet échange entre Bruckner et Wolf dans les premiers chapitres sur les choses du sexe. L'art du portrait des différentes figures qui traversent le livre est savoureux. Bruckner est une figure que j'ai trouvé touchante, même s'il est parfois grotesque. Sa folie et ses crises m'ont touché. Sa musique m'émouvait déjà énormément avant de lire ce remarquable livre. Je connaissais déjà d'ailleurs la magnifique plume de Vincent Borel, à travers un roman fresque très différent, Fraternels, son précédent livre publié par l'éditrice qui avait été un coup de cœur comme l'a été ce nouveau roman. J'ai fait l'acquisition à l'occasion de Livre Paris de Richard W. La vigne écarlate a par ailleurs reçu le prix coup de cœur du prix France Musique des Muses.

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