L'art du clavecin: Paris baroque - Capricio Stravagante Trio - IEA Paris - 30/11/17

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EdeB
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L'art du clavecin: Paris baroque - Capricio Stravagante Trio - IEA Paris - 30/11/17

Message par EdeB » 09 déc. 2017, 12:54

« L’Art du clavecin : Paris baroque »

Marin Marais – Sonate à la Marésienne
Antoine et Jean-Baptiste Antoine* Forqueray – Pièces de violes en Ré «
La Ferrand
», « La Du Vaucel »*, Chaconne
Couperin, Rameau – Pièces de clavecin
Jacques Martin Hotteterre (1673-1763) – Suite en Sol : Allemande « La cascade de Saint-Cloud », Sarabande « La Guignon », Courante « L’Indifférente », Rondeau « Le Plaintif », Gigue « L’Italienne »

Capricio Stravagante Trio
Julien Martin – flûte à bec
Josh Cheatham – basse de viole
Skip Sempé – clavecin

Institut d’Etudes Avancées de Paris, Hôtel de Lauzun – Paris, 30 novembre 2017



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Invitation au voyage… dans le temps

Centre de recherche consacré aux sciences humaines et sociales, l’Institut d’études avancées de Paris est une autre Villa Médicis, parisienne cette fois. Comme cette dernière, elle se loge en un lieu remarquable, un hôtel particulier aux somptueux décors. Construit en entre 1650 et 1658 par Charles Gruyn des Bordes, il fut occupé entre 1682 et 1685 par le fameux duc de Lauzun (amant, puis époux supposé de la Grande Mademoiselle), tout juste sorti du cachot de Pignerol où Louis XIV l’avait fait jeter… Les décors des appartements d’apparat évoquent en outre les souvenirs de Baudelaire et du Club des Haschischins… Aujourd’hui résidence de l’IEA de Paris, cette dernière, « soutenue par treize des principales universités et institutions de recherche de la région parisienne, ainsi que par la Ville de Paris, la FMSH et le Conseil régional d’Île-de-France », ambitionne de « permettre les progrès de la connaissance en favorisant les échanges, à travers les frontières disciplinaires, entre des chercheurs de nationalités et de cultures différentes ». Cette pluridisciplinarité féconde ne pouvait faire fi de la musique, ancien pilier d’un quadrivium dans lequel les disciplines voyaient se fondre leurs limites.

Le fondateur du Capriccio Stravagante Skip Sempé était ainsi présent, en cet après-midi du 30 novembre, pour une master class ouverte au public. Elle était suivie d’un concert qui lui permettait de déployer précisément ce que Théophile Gautier (ancien résident de l’hôtel Lauzun) affirmait, lorsqu’il définissait la poésie comme « des mots rayonnants, des mots de lumière avec des rythmes et une musique ». C’est avec ses complices Julien Martin et Josh Cheatham que ce si éclectique claveciniste nous a délivrés, en une fulgurance saisissante, quelques aperçus de cet univers musical parisien.

De poésie, bien qu’instrumentale, cette heure en était emplie. Vénusté des timbres, subtilité mâtinée de douceurs ou de disjonctions, étrangetés bienvenues (pour le Marin Marais introductif), ces paysages sonores tout de rocailles et de fleurs emplis, voyaient glisser sur leurs aspérités des rayons de gloires qu’on aurait pu croire tombées des salons de l’étage supérieur ; telles étaient les images que suscitait l’art des trois musiciens dans un panorama qui unissait allégresse et intériorité.
La sonate de Marin Marais au dialogue fluide, aux contrastes emplis de noblesse et de délicatesse, était suivie de pièces de viole des Forqueray où Josh Cheatham étincelait. Il tissa une résille sonore dont l’évanescence féérique (« La Du Vaucel ») le disputait à l’élégance, son art culminant dans une chaconne si enchanteresse qu’une Armide aurait pu enserrer Renaud à jamais en ses rets, par ses grâces. Deux sarabandes de Couperin et Rameau permirent ensuite à Skip Sempé de déployer une musicalité habitée et rayonnante. La suite de Hotteterre mit en relief l’onctuosité goûteuse et les silences empreints de nostalgie de la belle flûte de Julien Martin :diserte, elle chatoyait dans l’écrin idéal que lui brodèrent ses deux compagnons, autant protagonistes que réceptacle coruscant. Tous trois révèlent tant les couleurs que l’esprit si français de ce répertoire, en un geste ample qui se perpétuait encore sous les lambris peints, après la dernière note achevée, sur fond de bourrasque neigeuse.

Emmanuelle Pesqué

D’autres masterclasses ouvertes au public sur réservation préalable, seront organisées en collaboration avec la Piccola Accademia di Montisi. Par ailleurs, dans le cadre d’un partenariat avec le Concert de la Loge, l’IEA de Paris accueille en résidence Julien Chauvin, qui proposera également des masterclasses ainsi que des concerts, le tout ouvert au public.
Les annonces de ces manifestations seront publiées prochainement sur le site.

Rappelons également que l’IEA de Paris propose également des cycles de conférences (également disponibles en vidéo), ouverts au public sur réservation : ainsi, dans le cycle consacré à L’île Saint-Louis à travers les siècles, une présentation de « L’architecture des hôtels de l’île » sera faite par Alexandre Gady (Université Paris-Sorbonne), le 19 décembre prochain.

Photographie (c) E. Pesqué
Une monstrueuse aberration fait croire aux hommes que le langage est né pour faciliter leurs relations mutuelles. - M. Leiris
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