Telemann/Bach - Récital Amandine Beyer - Sablé - 27/08/2017

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Adalbéron
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Telemann/Bach - Récital Amandine Beyer - Sablé - 27/08/2017

Message par Adalbéron » 01 sept. 2017, 21:56

Georg Philipp Telemann
Fantasia in D-dur (en ré majeur, Presto—Largo—Allegro)
Fantasia in a-moll (en la mineur, Moderato—Vivace—Presto)
Fantasia in e-moll (en mi mineur, Grave—Presto—Siciliana—Allegro)
Fantasia in A-dur (en la majeur, Allegro—Presto—Allegro—Andante—Allegro)

Johann Sebastian Bach
Sonate III C-dur, BWV 1005 (en ut majeur, Adagio—Fugue (Alla breve)—Largo—Allegro assai)

Amandine Beyer violon

Église Saint-Philibert à Fontenay-sur-Vègre
Samedi 26 août 2017 à 14h30



Ce récital de violon seul, donné à l'occasion du festival de Sablé-sur-Sarthe, s'intégrait dans un cycle de trois concerts en hommage au compositeur allemand Georg Philipp Telemann, mort il y a 250 ans. La violoniste Amandine Beyer, spécialiste du répertoire baroque, a choisi de donner quatre des 12 Fantaisies pour violon que le compositeur a publié en 1735 et la Sonate n°3 de Bach, composée quelques années auparavant. Dans les Fantaisies, où se mêlent, dans des mouvements plutôt courts, dessins contrapuntiques et élans à l'italienne, Amandine Beyer montre qu'elle est capable aussi bien d'enchainer des suites de doubles croches, de rendre compte avec clarté de l'écriture polyphonique des oeuvres, de mettre en valeur les dynamiques et les harmonies que d'insuffler puissamment une âme à ces Fantaisies. Il est fort émouvant de voir la violoniste entrer comme en fusion avec son instrument, observer comment elle en fait progressivement un membre endogène de son propre corps, lui transmettant douceur ou énergie.
Mais il fait chaud, et la corde de mi siffle (elle nous avait dès le début prévenu, sourire aux lèvres, regard enamouré vers le public, lui demandant d'excuser les écarts de son instrument turbulent).
On la découvre encore plus concentrée dans la Sonate de Bach, plus attentive encore à chaque nuance, chaque inflexion ; le deuxième mouvement, une fugue, est un moment de suspension vertigineuse, tendu et poétique. Le public, conquis, applaudi, mais ce n'est pas fini ; l'artiste descend derrière la scène installée sur les marches qui mènent à l'autel de l'église de Fontenay-sur-Vègre et reviens rafraichie, sans lunette, les cheveux attachés, plus concentrée que jamais, prête à en découdre avec les caprices de son instruments et les écueils de la partition. Elle se donne alors entière et se dépasse : quel alliage étonnant de douceur et de force ! À la toute fin du concert, au début du dernier mouvement de la sonate de Bach, on la voit esquisser comme un pas de danse : elle se tourne et descend, tout en continuant de jouer, des tréteaux sur lesquels elle était jusque là hissée, puis remonte l'allée centrale de la nef, passant entre les deux colonnes du public. On la voit s'éloigner, la tête appuyée sur son violon comme un être qui rêve, et puis le son se couche.
Tonnerre d'applaudissements. Trois rappels. On sort de l'église comme abasourdi.

Clément Mariage
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
— Shakespeare, Macbeth

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