Dame Joan Sutherland - La Stupenda (1926 - 2010)
Re: Dame Joan Sutherland - La Stupenda (1926 - 2010)
Merci pour ce rappel d'histoire musicale dont je n'avais pas besoin vu que je connais ça absolument par coeur (et pour cause!)
Verdi explose les codes d'écriture vocale mais avec les voix rompues à ses prédécesseurs! Donc par delà ce débat sutherlandien, dans l'absolu ce n'est de toute façon pas une Dimitrova qui convient.
Autre précision qu'il faut régulièrement redire en ces lieux: ni dans le chant baroque, ni chez Mozart, ni dans le belcanto italien (Rossini, Bellini, Donizetti, Pacini, Mercadante et leur contemporains immédiats), il n'est de démonstration vocale gratuite! La virtuosité y est toujours au service de l'expression dramatique. En cela, Verdi n'innove absolument pas! Il innove sur d'autres aspects mais pas là!
Verdi explose les codes d'écriture vocale mais avec les voix rompues à ses prédécesseurs! Donc par delà ce débat sutherlandien, dans l'absolu ce n'est de toute façon pas une Dimitrova qui convient.
Autre précision qu'il faut régulièrement redire en ces lieux: ni dans le chant baroque, ni chez Mozart, ni dans le belcanto italien (Rossini, Bellini, Donizetti, Pacini, Mercadante et leur contemporains immédiats), il n'est de démonstration vocale gratuite! La virtuosité y est toujours au service de l'expression dramatique. En cela, Verdi n'innove absolument pas! Il innove sur d'autres aspects mais pas là!
Re: Dame Joan Sutherland - La Stupenda (1926 - 2010)
Oui tu as raison, il est évident que Verdi explose là les règles et que la typologie vocale n'est plus la même. Odabella, c'est un an avant Lady Macbeth, la ramener à la pure tradition du bel canto romantique et en revenir pour l'interpréter aux canons du genre, c'est beaucoup trop réducteur !Adalbéron a écrit : ↑07 juin 2017, 12:39Oui, et on peut préférer Dimitrova chez Muti. Mais c'est vraiment exagérer que de dire qu'elle braille...
Mais que voulais-tu qu'elle chante d'autre la créatrice d'Odabella . Verdi explose ces cadres. La pauvre Giuseppina Strepponi, habituée à Bellini, Rossini et Donizetti, a détruit sa voix en chantant Abigaille. Odabella, c'est de même un rôle inédit à l'époque, comme Lady Macbeth, ça n'a déjà plus grand chose à voir avec le belcanto romantique. Les formes demeurent, mais l'écriture n'est plus celles des compositeurs qui le précèdent. Avec Verdi, le drame s'ouvre et les écarts de registre dans l'écriture de la partie d'Abigaille dans Nabucco en sont l'exemple paradigmatique. Bien évidemment, il n'y a pas d'ostensible rupture, nette et précise, mais c'est pour ça que Muti refuse la démonstration vocale gratuite dans Verdi, on est plus là pour le beau chant (cette position a ses limites, parce que c'est oublier qu'un aigu final peut avoir un impact dramatique énorme).
Re: Dame Joan Sutherland - La Stupenda (1926 - 2010)
1) L'expression dramatique est partie intégrante du bel canto romantique. Verdi n'est en rien précurseur là-dessus
2) La typologie vocale du soprano est peu ou prou la même pour Bellini, Donizetti et le premier Verdi (Lady Macbeth étant un cas à part!). C'est grosso modo le même genre de moyens vocaux qui est requis en termes de largeur vocale, de technique et de puissance à la fois par exemple pour Anna Bolena, Norma, Roberto Devereux, Lucrezia Borgia, Giselda et Odabella. Ce qui fait la différence essentielle chez Verdi, c'est l'écriture vocale toute en sauts de registre évidemment très assassins pour une technique non éprouvée!
Evidemment, encore faut il se sortir du crâne le schéma pré-établi et faux selon lequel Amina, Elvira, Lucia et Linda sont des rôles de soprano léger dont la virtuosité serait décorative!
2) La typologie vocale du soprano est peu ou prou la même pour Bellini, Donizetti et le premier Verdi (Lady Macbeth étant un cas à part!). C'est grosso modo le même genre de moyens vocaux qui est requis en termes de largeur vocale, de technique et de puissance à la fois par exemple pour Anna Bolena, Norma, Roberto Devereux, Lucrezia Borgia, Giselda et Odabella. Ce qui fait la différence essentielle chez Verdi, c'est l'écriture vocale toute en sauts de registre évidemment très assassins pour une technique non éprouvée!
Evidemment, encore faut il se sortir du crâne le schéma pré-établi et faux selon lequel Amina, Elvira, Lucia et Linda sont des rôles de soprano léger dont la virtuosité serait décorative!
- PlacidoCarrerotti
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Re: Dame Joan Sutherland - La Stupenda (1926 - 2010)
Verdi poursuit la coexistence de styles initiée par Meyerbeer. Mais alors que chez ce dernier, l’hétérogénéité est traitée par acte (flagrant dans les Huguenots entre l'acte II et l'acte IV, d'autre part les personnages de Marguerite et Valentine ne se croisent quasiment jamais), dans le premier Verdi le mélange est dans le même temps musical (Rigoletto (baryton di forza) vs Gilda colorature, ) voire pour un même personnage ("il faut 3 voix pour chanter Violetta").
Verdi n'est pas un précurseur à ce moment là, mais un continuateur qui fait bien sûr évoluer l'approche musicale.
Verdi n'est pas un précurseur à ce moment là, mais un continuateur qui fait bien sûr évoluer l'approche musicale.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).
Re: Dame Joan Sutherland - La Stupenda (1926 - 2010)
Je suis entièrement d'accord avec Placido! Verdi, dont l'oeuvre se classe en 4 grandes catégories différentes, est pour au moins les 2 premières catégories (la période risorgimentale et la "trilogie" Rigoletto/Trovatore/Traviata) avant tout un continuateur qui évolue. C'est l'écriture vocale proprement dite qui est plus novatrice! L'évolution pour ne pas dire la révolution typologique suivra mais pour les oeuvres suivantes mais pas au moment de la composition d'I Lombardi ou d'Attila!
Re: Dame Joan Sutherland - La Stupenda (1926 - 2010)
N'ayez crainte tous les deux, il en faut plus pour me blesser , j'ai le cuir épais.
Je suis d'accord avec Aroldo l'ai est hors sujet à la base voilà pourquoi en bon Occitan je ne peux le retenir dans Mireille (je sors crucifix et gousse d'ail) et voilà pourquoi je le mets en plaisir coupable car j'adore l'écouter hors contexte (et la prestation de Sutherland est techniquement admirable)
Re: Dame Joan Sutherland - La Stupenda (1926 - 2010)
C'est ce que je disais en haut de la page 5 !
On ne peut rien reprocher à Bonynge et Sutherland qui respectent complètement ce que Gounod a écrit! Auquel cas, si reproche il y a à faire, c'est au compositeur qu'il faut le faire (ce dont personnellement je me garderai bien!)
On ne peut rien reprocher à Bonynge et Sutherland qui respectent complètement ce que Gounod a écrit! Auquel cas, si reproche il y a à faire, c'est au compositeur qu'il faut le faire (ce dont personnellement je me garderai bien!)
Re: Dame Joan Sutherland - La Stupenda (1926 - 2010)
Ben si mais il n'avait pas le choix!
Sinon faites un impression écran , j'ai dit du bien de Sutherland mais n'allez pas croire que même sous la torture je puisse vanter les sirènes d'alarme slovaques ou bataves
Re: Dame Joan Sutherland - La Stupenda (1926 - 2010)
Voilà, tout est dit. C'est quasiment un air de concert, en fait, comme le grand air d'Elvira dans Don Giovanni.Loïs a écrit : ↑07 juin 2017, 15:35N'ayez crainte tous les deux, il en faut plus pour me blesser , j'ai le cuir épais.
Je suis d'accord avec Aroldo l'ai est hors sujet à la base voilà pourquoi en bon Occitan je ne peux le retenir dans Mireille (je sors crucifix et gousse d'ail) et voilà pourquoi je le mets en plaisir coupable car j'adore l'écouter hors contexte (et la prestation de Sutherland est techniquement admirable)
Sinon, je crois surtout que Stefano demandait davantage de politesse ... pour lui-même (et avec raison, sans doute) !
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.