Roberto Alagna

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Re: HS Re: Roberto Alagna

Message par Loïs » 03 juil. 2018, 12:26

HELENE ADAM a écrit :
03 juil. 2018, 09:55
Loïs a écrit :
03 juil. 2018, 09:47
Moi y en a être compris? :eyes:
Ja ! :D
(et merci c'est fort intéressant...)
Pour continuer et réduire l'effet HS en utilisant Alagna comme exemple principal et ce d'autant plus facilement que mon propos se rapporte à l'opéra et non à la mélodie où l'importance de la langue est différente (et où Alagna s'est peu produit)
Les voyelles transmettent l'émotion, les consonnes la compréhension. Un chanteur doit donc chercher le savant dosage entre les deux et ce dosage lui est propre Il est lié à son univers mental et émotionnel (Alagna jeune citait dans ses références Gigli et Gedda) et à sa propre définition du chant. La technique n'est pas quelque-chose d'artificiel que l'on plaque sur une voix. Pour que la greffe prenne, il faut qu'elle soit en osmose avec ce qu'est véritablement et personnellement le chanteur (Alagna boule vivante d'émotion choisit une technique de chant qui va transmettre cette émotion mais considère que l'élégance en est le véhicule d'où ce phrasé).
D'autres joueront la carte de l'émotion pure et notamment de l'émotion ressentie face à un timbre sublime et déplaceront le curseur vers des consonnes sacrifiées au bénéfice des voyelles (Caballé, Sutherland, Garanca).
Le risque des consonnes est de casser la ligne, le legato. Alagna peut parfois surarticuler et pourtant le phrasé est exemplaire. C'est aussi une raison technique, il ne déplace pas son émission quelque soit la lettre (Doria était aussi un exemple sur les consonnes). Enfin il y a ceux qui comme Bergonzi savent assurer une transition sans rupture . Ecoute "Cielo e mar": tu es 100% voyelle puis progressivement le taux de voyelle réduit dans le son pendant que celui de consonne augmente jusqu'à arriver à 100% et cela repart dans l'autre sens; ce n'est pas un choix émotionnel ou intellectuel d'interprétation, c'est une démonstration de technique inouïe
Cet équilibre peut bouger quand on change de tessiture ou de répertoire (exemple de Koch) ou quand on veut "amplifier" le volume sonore (BUM)
Je ne parle bien sur ici que des grands où cet équilibre résulte d'un choix et non des autres où il est subi par des limites techniques ou de ceux qui ont un respect très particulier du public (Opolais lors d'une interview avant la Juive de Munich précisant en substance que le peu de Francophones dans la salle la dispensait de faire des efforts)

Tout cela pour expliquer que quand votre technique de chant rend ce dernier clair et intelligible, il en sera ainsi quelle que soit la langue.

Ce qui va seulement changer quand vous maîtriser une langue étrangère "dans la vie privée", sera votre capacité à mémoriser un rôle (et on boucle la boucle sur Alagna)ou de gérer le stress du trou de mémoire (souvent en chantant et en cas de défaillance de mémoire votre cerveau vous envoie automatiquement un mot à la place de l'autre sans perturber le sens)

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Re: Roberto Alagna

Message par MariaStuarda » 03 juil. 2018, 13:12

zigfrid a écrit :
03 juil. 2018, 11:48
pas d'accord: l'Amérique se compose de trois sous-continents : l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud. Donc quand on dit que quelq'un est amériain sans plus de précision, il est admis qu'il vient des Etats-Unis dans le langage courant. C'est quand il ne vient pas des Etats -Unis qu'on précise le pays ou le sous-continent. :D
Bah ça n’est pas si grave. Je tenais juste à dire que Bernard avait cité des États-uniens, que Osborn que je citais l’était également et pas Florez.
Pas franchement nécessaire de passer l’après-midi lá dessus car c’est complètement HS.

En revanche, ce que dit bichon Lois est passionnant.

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Re: HS Re: Roberto Alagna

Message par PlacidoCarrerotti » 03 juil. 2018, 13:38

Loïs a écrit :
03 juil. 2018, 12:26
Les voyelles transmettent l'émotion, les consonnes la compréhension.
"Ah ? Oh !"

contre-exemple.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: HS Re: Roberto Alagna

Message par Loïs » 03 juil. 2018, 14:42

PlacidoCarrerotti a écrit :
03 juil. 2018, 13:38
Loïs a écrit :
03 juil. 2018, 12:26
Les voyelles transmettent l'émotion, les consonnes la compréhension.
"Ah ? Oh !"

contre-exemple.
Pas du tout avec moi "ah" et "oh" ont beaucoup d'intensité :lol:

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Re: HS Re: Roberto Alagna

Message par PlacidoCarrerotti » 03 juil. 2018, 14:44

Loïs a écrit :
03 juil. 2018, 14:42
PlacidoCarrerotti a écrit :
03 juil. 2018, 13:38
Loïs a écrit :
03 juil. 2018, 12:26
Les voyelles transmettent l'émotion, les consonnes la compréhension.
"Ah ? Oh !"

contre-exemple.
Pas du tout avec moi "ah" et "oh" ont beaucoup d'intensité :lol:
Disons que ces voyelles conjuguent émotion et compréhension ;-)
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: HS Re: Roberto Alagna

Message par Efemere » 03 juil. 2018, 16:44

PlacidoCarrerotti a écrit :
03 juil. 2018, 14:44
Loïs a écrit :
03 juil. 2018, 14:42
PlacidoCarrerotti a écrit :
03 juil. 2018, 13:38
Loïs a écrit :
03 juil. 2018, 12:26
Les voyelles transmettent l'émotion, les consonnes la compréhension.
"Ah ? Oh !"

contre-exemple.
Pas du tout avec moi "ah" et "oh" ont beaucoup d'intensité :lol:
Disons que ces voyelles conjuguent émotion et compréhension ;-)

La voyelle transmettrait la musique alors que pour la consonne, ce serait le rythme.

Cf. aussi « Je ne suis pas étonné que comme musicien vous n'ayez pas tout à fait le même point de vue que moi sur la sonorité du langage intelligible, disons du français. Pour un musicien, tout consiste somme toute dans la voyelle, la note n'est qu'une voyelle glorifiée. Pour l'écrivain, au contraire, et surtout pour l'écrivain dramatique, l'élément essentiel à la diction est la consonne. La voyelle est la matière, la consonne est la forme, la matrice du mot et aussi l'engin propulseur dont la voyelle avec tout son charme n'est que le projectile » (extrait d'une des lettres de Paul Claudel à Joseph Samson).

Loïs a écrit :
03 juil. 2018, 12:26
(...) Tout cela pour expliquer que quand votre technique de chant rend ce dernier clair et intelligible, il en sera ainsi quelle que soit la langue (...)
Comme Alagna ne pratique que des langues romanes plus l'anglais (qui, bien qu'étant une langue germanique, est avec de fortes influences romanes), comment peut-on savoir qu'il aurait une bonne diction (prononciation, articulation, accentuation) en allemand ?

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Re: HS Re: Roberto Alagna

Message par Loïs » 03 juil. 2018, 17:16

Efemere a écrit :
03 juil. 2018, 16:44
La voyelle transmettrait la musique alors que pour la consonne, ce serait le rythme.
Ca c'est vrai aussi, surtout dans le jazz. Sutherland est irréprochable rythmiquement alors qu'elle chantait avec des patates bouillies dans la bouche et Caballé n'a du prononcer qu'une seule consonne de sa vie quand elle a dit "Si" à son mari :lol:
Efemere a écrit :
03 juil. 2018, 16:44
Comme Alagna ne pratique que des langues romanes plus l'anglais (qui, bien qu'étant une langue germanique, est avec de fortes influences romanes), comment peut-on savoir qu'il aurait une bonne diction (prononciation, articulation, accentuation) en allemand ?
Justement parce que ce n'est pas une question de parler une langue mais de la chanter et tout est en grande partie dans la technique de chant. En réalité tout est écrit dans une partition si tu sais la lire et comprendre ce qu'a souhaité le compositeur. Hors du baroque le choix des notes n'est jamais anodin. En opéra (pas en mélodie), le rythme, l'intonation sont déjà donnés par la partition. La diction c'est ton placement de voix. Voilà pourquoi certains professeurs te diront de chanter comme tu parles ou de chanter "naturellement" sans artifice ou grossissement.

Je déconnecte donc diction et compétences linguistiques.
Mon expérience c'est que je retrouve les mêmes qualités (ou défauts) de diction chez un chanteur quelque soit la langue qu'il chante y compris quand il se lance dans des langues qui ne lui sont pas usuelles: russe, tchèque, etc...

J'ajouterais pour être plus complet des considérations physiques. La pratique des langues étrangères développent ta sensibilité auditive et te permet de capter des spectres plus larges de sons mais en tant que musicien , tu dois déjà l'avoir développée.
Une chanteuse russe, confirmée par une seconde, m'avait expliqué que la cavité bucale des slaves est plus importante que celle des occidentaux (notamment un palais plus haut) ce qui se traduirait notamment dans le chant par cette capacité des russes à une plus grande homogénéité dans les registres. on peut supposer que cela joue aussi dans la pratique et les sonorités de la langue. Mais cela supposerait aussi de vérifier une différence avec les chanteurs asiatiques.

Après à côté de cela il y a des gens qui sont naturellement dotés d'une diction que l'on qualifierait d'innée.
Il me revient en mémoire à ce propos une anecdote. Lors d'une interview commune Béatrice Uria-Monzon & Alain Vernhes (lors de représentations de Don Quichotte je crois), BUM, très franche, reconnaissait que son choix de diction était dicté par la voix qu'elle souhaitait avoir pour les rôles qui étaient les siens. Puis elle ajoute comparant sa diction à celle -exemplaire- de Vernhes: "écoutez la voix parlée d'Alain et la mienne". C'était frappant la voix parlée d'Alain Verhnes est tout aussi magnifiquement claire et projetée et compréhensible.

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Re: Roberto Alagna

Message par PlacidoCarrerotti » 03 juil. 2018, 18:26

En fait, sur le coup personne n’a compris ce que BUM disait lors de cette interview mais elle l’a confirmé par écrit par la suite.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Roberto Alagna

Message par Christophe2017 » 03 juil. 2018, 23:04

BUM et Nadine Denize sont dans un bâteau: celle qui a la plus mauvaise diction en français tombe à l'eau ... qui ?

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Re: Roberto Alagna

Message par philipppe » 04 juil. 2018, 08:13

HELENE ADAM a écrit :
03 juil. 2018, 07:04
A l'école maternelle quand j'étais enfant, nous avions appris une chanson en russe. A l'époque je ne maitrisais pas cette langue (je ne l'ai apprise que plus tard au collège), même si pour des raisons familiales elle m'était familière. Pour les autres enfants de toute façon elle ne l'était pas... Tout le monde chantait très bien, accent et "r" roulés compris, et comprenaient ce que racontait l'histoire, sans forcément comprendre chaque mot et pouvait y mettre l'intonation nécessaire (tristesse, peur, joie etc...). Plus tard à la chorale à Coeur joie à laquelle j'ai appartenu plusieurs années, toujours enfant, nous chantions des Lieder allemands, sans connaitre la langue. L'habitude de mémoriser le chant dans une langue étrangère est un atout considérable.
tres intéressants details biographiques. Ca aide vraiment. Tu ne regrettes das de ne pas avoir fait carrière, sur des bases aussi solides ?

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