HELENE ADAM a écrit : ↑02 oct. 2018, 12:43
la concurrence se réduit pour JK, c'est Helene qui va être contente. Moi cela m'attriste car le soleil dans la voix de Roberto ne se trouve pas outre-Rhin.
En ce qui me concerne je pense qu'Alagna n'a plus vraiment de soleil dans la voix depuis pas mal d'années et que sa voix a beaucoup évolué ce qui est assez logique.
Je ne suis vraiment pas d'accord avec toi, Hélène. Dieu sait s'il m'arrive d'être critique avec Alagna mais je trouve, au contraire, que son timbre, même s'il s'est un peu assombri avec le temps, reste inaltéré pour l'essentiel. En aveugle, on le reconnait en deux mesures, que ce soit hier ou aujourd'hui.
J'ajouterai, pour l'avoir entendu dans la seconde représentation de Samson au TCE, que la voix est beaucoup plus projetée et puissante que celle de Kaufmann, entendu, lui aussi en salle à deux reprises. En fait, j'ai toujours pensé que Kaufmann avait la couleur vocale d'un ténor dramatique mais la projection d'un lyrique; ce qui ne me dérange aucunement dans la mesure où il chante très intelligemment.
Dans le cas d'Alagna, ce qui me gène, c'est qu'il utilise beaucoup moins la voix mixte qu'à ses débuts, un peu comme si seul un chant tout en muscle pouvait susciter les applaudissements. Et pourtant, il sait nuancer. C'est ainsi que toute la première section de son duo avec Dalila était très subtile quand la fin fut chantée tout en force au point de couvrir Lemieux. Autre exemple son second "Je t'aime" attaqué fortissimo sur le "Je" pour basculer en diminuando voix de poitrine/voix mixte sur le "t'aime". Techniquement, c'était parfait mais musicalement, d'un goût douteux quand un José Cura, dans sa gravure officielle avec Borodina, chante toute cette phrase dans un murmure, comme si cet amour lui faisait peur.
HELENE ADAM a écrit : ↑02 oct. 2018, 12:43
J'oublie les autres ténors qui sont nombreux à avoir du soleil dans la voix et sont passionnants dans le répertoire lyrique (et tout aussi stars voire plus), Florez, Beczala, Calleja, Polenzani, Grigolo et j'en oublie.
(sans parler des superbes voix de Spyres ou d'Osborn dans certains répertoires dont le répertoire français).
La superbe voix de Spyres, certes mais certainement pas d'Osborn, chanteur parfaitement anonyme au charisme d'une table basse.
Quant à Spyres, il n'a rien de latin et son timbre se situe davantage dans le lignée d'un Žídek ou d'un Ochman. La comparaison de ces trois voix à l'émission haute, dans le Stabat Mater de Dvorak respectivement chez Smetacek, Kubelik et Belohlavek est d'ailleurs assez passionnante.
Quant à Beczala, oui c'est superbe mais c'est le prototype de la voix venant de l'Est et c'est, à mon avis, dans "Le roi Roger" et Russalka qu'il excelle. Néanmoins, pour l'avoir entendu dans "Un bal masqué" à Barcelone, c'est un chanteur tout à fait exceptionnel, capable d'infinies nuances (son grand air du troisième acte était à tomber et a justement fait l'objet d'une standing ovation), et qui n'a, de ce point de vue, rien à envier à Kaufmann qui bénéficie quand même beaucoup de "la bogosse attitude"
Je n'insisterai pas sur Florez qui est un ténor foncièrement léger et rossinien qui me donne vite mal au crâne tant sa voix est privée de bas-médium ou sur Calleja et Polenzani qui restent de bons second couteaux sans le rayonnement des précédents.
En revanche, Grigolo, oui, cent fois oui quand il veut bien renoncer à certains maniérismes. C'est même le seul susceptible d'assurer la relève des ténors qui ont du soleil dans la voix avec une formidable signature vocale qui est l'apanage des plus grands
En résumé, dans la période de l'après "trois ténors", la relève, en terme de charisme, a été principalement assurée par Alagna, Kaufmann et Beczala et seul le premier a un timbre latin. C'est aussi le plus âgé (55 ans contre 48 chez Kaufmann) et ce n'est pas lui faire injure que de constater qu'il a commencé sa carrière dix ans plus tôt et que logiquement Kaufmann la finira dix ans plus tard. Alors, oui, à 55 ans, des problèmes peuvent survenir plus facilement car les cordes vocales sont un instrument de moins en moins docile avec l'âge.
Quant à la génération actuelle, elle est dominée par Spyres et Grigolo et seul la voix de ce dernier a une couleur italienne.
Cela nous fait deux ténors lyriques avec une signature vocale, un certain charisme et du soleil dans la voix en quarante ans et c'est bien peu.