Mozart et la reconnaissance

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MasTre-On-TOuR
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Mozart et la reconnaissance

Message par MasTre-On-TOuR » 23 mars 2007, 16:18

Plus que l'Opéra, ma question est la suivante :

comment se fait-il que Mozart n'est pas eu (ou n'a eu que peu) de reconnaissance en Autriche, où une bonne partie de ses oeuvres n'ont pas rencontrées de franc-succès (de son vivant) ?

exemple :
Don Giovanni très bien acceuilli à Prague ... pas à Vienne
Le nozze di Figaro encore une fois .. acceuil assez bon en Autriche mais retiré pour cause de subversité et triomphant à Prague
Limogé par son protecteur (le Prince-Archevêque Colloredo) juste après le succès Idomeneo Rè di Creta à Munich

Je dirais que seule à la fin de sa vie la Flûte enchantée a été triomphale à Vienne.

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Message par JdeB » 24 mars 2007, 08:40

A Vienne, de son vivant, Mozart était surtout considéré comme un grand virtuose du clavier et un excellent compositeur symphonique et de musique de chambre.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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valery
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Message par valery » 24 mars 2007, 08:40

Effectivement Don Giovanni et le Nozze n'ont pas été des francs succès, mais d'autres oeuvres comme les concerti, symphonies, sonates ou l'Enlèvement au sérail, si ma mémoire est bonne, ont été bien accueillies.

Mozart a gagné beaucoup d'argent à Vienne, beaucoup plus qu'à Salzbourg. Ses concerts (souvent organisés par ses soins) avaient du succès, la haute société l'a souvent sollicité, il ne manquait pas d'élèves et la confrérie maçonnique à laquelle il appartenait comprenait du très beau monde.

Evidemment, il y a eu des hauts et des bas, ce qui fait qu'il a déménagé 11 fois sur Vienne. Mais Mozart n'avait pas de faibles revenus, bien au contraire. Le problème est qu'il gérait mal sa fortune, jetait l'argent par les fenêtres, par exemple au jeu. Les dettes de jeu de Mozart sont parfois énormes...

En visitant la maison Mozart à Vienne, ses nouvelles installations (et son audioguide en français!) on apprend le détail de ses revenus... et la gestion très bohême qu'en fait Mozart...

palamede

Message par palamede » 24 mars 2007, 10:45

les Autrichiens se sont bien rattrapés depuis...
ne dit-on pas qu'ils sont tellement intelligents qu'ils ont réussi à faire croire que Hitler était allemand et que Mozart était autrichien ?

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EdeB
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Message par EdeB » 24 mars 2007, 13:14

palamede a écrit :les Autrichiens se sont bien rattrapés depuis...
ne dit-on pas qu'ils sont tellement intelligents qu'ils ont réussi à faire croire que Hitler était allemand et que Mozart était autrichien ?
:lol:

Mozart se qualifiait lui-même de "bon Allemand",.. surtout quand il voulait accentuer sa différérence avec ces affreux Français ! :wink:
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Re: Mozart et la reconnaissance

Message par EdeB » 24 mars 2007, 13:58

MasTre-On-TOuR a écrit :Plus que l'Opéra, ma question est la suivante :

comment se fait-il que Mozart n'est pas eu (ou n'a eu que peu) de reconnaissance en Autriche, où une bonne partie de ses oeuvres n'ont pas rencontrées de franc-succès (de son vivant) ?
C'est faux. Il faut arrêter avec ce MYTHE ROMANTIQUE du génie méprisé et esseulé !! :evil: :twisted: :evil:
Il ne faut pas oublier qu'il y a eu une crise économique monstre avec une inflation galopante à Vienne dès 1790 et que la musique fait partie du superflu et non des produits de première nécessité ! Même les mécènes de l'aristocratie ont fait des économies... ce qui explique aussi la chute des souscriptions pour les académies, les chutes de ventes de partitions etc..
Au sujet de l'engagement de Mozart à la cour pour écrire de la musique de danse, cf l'article essentiel de Dorothea Link (une des meilleures spécialistes de l'organisation de la musique à Vienne et de l'opéra du Burgtheater : "Mozart’s appointment to the Viennese court", qui démontre, contrairement aux idioties qui circulent, que c'était un marchepied procuré par Joseph II et une sécurité financière pour Mozart, et une sacré grace qu'on lui faisait étant donné les restrictions et les suppressions de poste....)
exemple :
Don Giovanni très bien acceuilli à Prague ... pas à Vienne
Bon succès à Vienne. Mais Don Giovanni est considéré comme un sujet vulgaire... dès les débuts du mythe à l'Opéra (cf dossiers ODB-opéra sur al question.)
Le nozze di Figaro encore une fois .. acceuil assez bon en Autriche mais retiré pour cause de subversité et triomphant à Prague
Subversif ??? Hein ? Pas subversif, immoral (l'attirance Cherubino-Rosina, qui est limite à porter sur une scène : c'est sa MARRAINE, donc selon l'Eglise, il s'agit d'inceste !)
Ceci dit, il ne faut pas croire tout ce qu'on raconte ici ou là : c'est bien Joseph II qui a poussé à l'adaptation en opéra... pour des raisons de politique réformiste... Da Ponte doit être pris avec beaucoup beaucoup de distance : cf à ce sujet par ex, les articles de Daniel Hertz dans Mozart’s operas )
Vienne et Prague ont des sensibilités musicales très opposées : il ne faut pas oublier que Mozart à Vienne luttait contre des musiciens aussi (justement) adorés du public que Salieri, Martin y Soler, Paisiello, etc...
Sans compter que la troupe de Prague n'était pas tip top comme niveau, ils ont eu un mal fou à monter le Don Giovanni.
Limogé par son protecteur (le Prince-Archevêque Colloredo) juste après le succès Idomeneo Rè di Creta à Munich
Pas limogé, c'est Mozart qui a démissionné. Démission jamais reçue officiellement, ce qui fait que stricto sensu, Colloredo aurait pu le faire emprisonner pour "désertion et abandon de poste" lorsque Mozart est revenu à Salzbourg rendre visite à sa famille, avec Constanze. Pourquoi croyez vous que la Messe en Ut Mineur a été créée à l'abbaye St Pierre, qui n'était pas dans la juridiction de l'archevêque, hein ?
Je dirais que seule à la fin de sa vie la Flûte enchantée a été triomphale à Vienne.
Pas seulement ; cela dépend de ce qu'on entend par "triomphal" : en terme de succès public, oui. Mais il ne faut pas oublier que les nouveaux empereurs ont viré/placardisé tous les musiciens favorisés par son prédécesseurs Joseph II (y compris Salieri) pour favoriser des "importations napolitaines" (des VRAIS napolitains), ce qui explique le succès du Matrimonio Segreto (dans lequel a brillé le Figaro de Mozart, Francesco Benucci ...)

Le gros problème, c'est que la plupart de la littérature à jour sur Mozart n'a pas été traduite en français, que l'année Mozart a été absolument LAMENTABLE sur le plan éditorial et qu'on s'est vaguement borné à rééditer des ouvrages qui sont souvent par certains côtés périmés (la recherche va vite...) comme ceux de Robbins Landon (pionnier, par ailleurs) et que la seule biographie complète est celle des Massin, et que cet ouvrage qui a quand même été écrit en 1950 cacahouette est bourré d'erreurs et approximations ! ( :( )
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Message par EdeB » 24 mars 2007, 14:06

valery a écrit : Le problème est qu'il gérait mal sa fortune, jetait l'argent par les fenêtres, par exemple au jeu. Les dettes de jeu de Mozart sont parfois énormes...
Ces dettes de jeu sont probables et très logiques, mais la preuve formelle manque et nous ne l'aurons sans doute jamais, étant donné que c'était des choses dont on ne parlait pas. (Tout comme du prêt à usure, qui concerne souvent les "NN" indiqués par Mozart dans sa correspondance, et les noms par la suite caviardés par Constanze.)
Pour le reste, je suis d'accord ! :D
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Message par Alainjoel » 08 juil. 2007, 15:26

Ne pas oublier que Vienne est à la fin du 18è une capitale européennne de la musique et de l'opéra et qu'on y donne les meilleurs auteurs, souvent présents dans la ville. Il y a effervescence musicale et Mozart est loin d'y être le seul compositeur de qualité. La concurrence est rude. L'aristocratie comme la bourgeoisie se sont entichés de musique et d'opéra italiens comme toute l'europe. L' opéra napolitain règne sans partage. C'est un peu le jazz et le rock américains aprés guerre: une musique plus vive, joyeuse, colorée, frondeuse, spectaculaire, drôle avec des personnages pittoresques et dont la durée était calculée pour ne pas lasser: un opéra napolitain durait 1H30 à 2 H. Mozart en a tiré la leçon et avec da Ponte, il va faire trois opéras napolitains, mais pour un viennois rien ne vaut Paisiello ou Martin Y Soler. Il faudra un peu de temps pour qu'on perçoive le génie mozartien et son apport.
De plus, Mozart était peu habile, ne cherchait pas à séduire les autorités et avait la critique facile, ce qui n'aidait pas à sa carrière. En musique, il n'y a pas de succés sans un minimum de savoir faire. Sans la protection de Joseph II, les choses eussent été bien pis.
Mozart était très connu à Vienne en son temps, comme il a été bien dit.
L\'opéra, c\'est bien plus que l\'opéra.

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