Cadeau de Noël

D'ou tu viens, pourquoi t'es là et autres civilités.
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Loïs
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Re: Cadeau de Noël

Message par Loïs » 20 déc. 2017, 07:33

3ème acte :
Nous sommes dans le palais de l’inquisition ou la demeure d’Alvise, selon les metteurs en scène.
Le Chambellan en titre Davide dil assoluto panagirico a édifié la demeure en temple à la gloire del Divo Direttore avec des tableaux de Stefano de Linz en pied (toute critique étant passible d’enfermement aux Plombs)
Dans une première scène sans grand intérêt, mais Vinco et Cossotto la reprenaient en récital, Alvise di Tolosa dont les cornes s’accrochent aux lustres force sa femme à absorber un poison. Musicalement fade, ce passage est nécessaire pour les productions new yorkaises afin que le public indigène arrive à suivre l’histoire
Pendant ce temps on entend toujours en coulisse le peuple beugler « carnavale carnavale ». Je ne voudrais pas trop insister et je ne suis pas de gauche mais quand même cette disposition du peuple à revenir immanquablement comme mars en Carême pour réclamer du pain et des jeux pendant que les élites s’entretuent à côté, cela laisse songeur.

Nous refaisant le coup de jack in the box comme au second acte, Gioconda surgit (avec toujours le même thème du rosaire, à la fin de l’opéra vous ressortez comme du manège des poupées chez Disney) et remplace la fiole de poison par un puissant somnifère. En plus faire surgir à tout bout de chant Gioconda coute un fric fou : étant donné le format habituel des titulaires, il faut prévoir force tire-palettes et palans.

On bouge dans le palais et nous arrivons dans la magnifique salle de bal où Alvise accueille ses invités . Le but étant que le public applaudisse cette magnificence au lever de rideau, Warly, Tcherny et consorts sont interdits d’approcher à 3 lagunes à la ronde.
On a fait appel au célébrissime Bernardo della Omniscienza afin de sélectionner les tenues des invités et ainsi donner à la fête un éclat incomparable. Total : même en Regieteater, on n’aurait pu obtenir un tel résultat. Adepte des scaphandres ; Polo il segondo préfère reprendre sa soucoupe volante.
Tout le Gotha ODBiens est là : toute en fourrure sibérienne la Signora Micaela qui jette son dévolu sur les chanteurs russes les uns après les autres afin de remplacer l’Absent, une ancienne reine d’Ecosse qui joue les madone d’aéroports (une dague autocyclique brille dans le noir prête à la décapiter une seconde fois), un triple ténor célèbre pour ses facéties et son appartenance à deux chapelles concurrentes (d’ailleurs il est flanqué de son comparse réputé pour son snobisme artistique), les trois ministres normands de Turandot, gamma, omega ou delta (j’oublie toujours quelle lettre grecque), Di Grande Estraneo, Geronimo et Sigfrido, vestales gardiennes du souvenir portant en permanence les reliques d’une variété de Stupecifa australianae et d’une « tour à la voix de canon » (ça c’est pas de moi), des célébrités interziônales (Luca di Monaco, Francesco di Madrid, Zelmira di Belga, Il Svedece) ainsi qu’un charter de Toulousains (Truffaldino, Beji, Giovanni, Parsifale) reconnaissables au portait de Nougaro père autour du cou, Adaltadzio à qui Spacey propose de tourner dans un remake de Mort à Venise produit par Salvail mais qui craint de ne plus être en état conforme pour performer après dans Albert Herring. Elisa V qui s’est perdue dans les méandres de la Sérénissime est en retard.
Au hasard des colonnes, pots de fleurs et autres tentures qui masquent les timides mais aux contributions épisodiques si essentielles, on note la présence d’AmicoOpera (du grec au latin !), Ernesto, Piem di Alsazia, Poliuto VF & Poliuto VI, Perrina, il Tabarro (la Tabarra en féminin ?), Selveamene (ahaha), Giovanni-Desiderio ou Apertofiume (là je suis content de moi) qui se demandent ce qu’ils font dans ce monde de fou et essaient de se limiter à de sérieuses interventions.
Bien entendu les autorités honorent leur hôte de leur présence : le Doge qui souffre d’un strabisme permanent à reluquer les escargots tout en proférant son goût pour les huitres, la Dogesse qui prétend avoir confiance mais faudrait pas exagérer non plus le suit à distance vigilante et oublie pour un soir les tas de poussières dans lesquels elle évolue habituellement ainsi que les deux porte-flingues du Doge : Tonino et Baïgorri (alias Harry & Jack de Bacciami Catarina) qui ne lâchent pas le Corno d’un pas, Rafaelo di Massilia ferme la marche.
Cristiano il Figaro à qui on a osé offrir un strapontin en lieu et place du fauteuil auquel il estime que son postérieur a droit (et en plus on lui a refusé les chouquettes au buffet et les ferrero de l’ambassadeur) va vomir son fiel dans les latrines du palais avec ses virevoltants et piaillants confrères, Maria11 minaude.
Alvise offre à ses convives un ballet, la célébrissime danse des heures immortalisée par Disney avec hippopotames, autruches et crocodiles. Pour l’occasion JMC a prêté sa ménagerie dessinée pendant qu’Elena distribue au public les 25kg d’annexes de sa conférence du matin.

Barnaba traine la Cieca devant tous en l’accusant de sorcellerie et de jeter des sorts (tout cela parce qu’il a vu des pigeons crucifiés sur les portes mais c’était Romanza qui venait de dévoiler sa vraie nature). La Ciecarova dit qu’elle priait pour une morte. Le peuple avec horreur demande qui et Alvise balance le morceau. Enfin Giovanni di Tolosa peut laisser éclater sa justice et enfin mettre de l’ordre dans le bordel. Ierone Testadi Toro révèle son vrai nom (les ténors c’est comme les cons, ils osent tout et c’est à cela qu’on les reconnait) et son désespoir. Les gardes se jettent sur lui comme la vérole sur le bas clergé breton.
Gioconda propose alors à Barnaba de lui appartenir (beurk !), s'il sauve Enzo.
Tout cela donne un gigantesque ensemble qui s’avère une réjouissante compétition à qui gueulera le plus fort. Tous les effets du romantisme décadent sont poussés au max, c’est du plus mauvais goût mais j’adore et ça décoiffe fort. La bretelle du soutien gorge de la Diva vient de péter sous l’effort, Sopranoamore est en extase ; OperaIra (celui là fallait le trouver) se pâme.
Filippo il Carnuto à genou à l’étage du dessous peut enfin se recueillir dans le silence devant la trace de l’ultime goutte de bave qu’a expectorée son dieu en agonisant. Le Fate le soutient.

Ouf plus qu’un acte et c’est fini !

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Re: Cadeau de Noël

Message par lionrougeetblanc » 20 déc. 2017, 12:16

Je sors les mains de mes moufles pour te remercier de ton cadeau :wink:

Bon c'est pas tout ça, j'y retourne

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Re: Cadeau de Noël

Message par Philippes » 20 déc. 2017, 13:05

Après cette orgie italienne :
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Re: Cadeau de Noël

Message par Efemere » 20 déc. 2017, 16:04

:clap: :worthy: Merci pour le cadeau !
Bonnes fêtes :D

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Re: Cadeau de Noël

Message par HELENE ADAM » 20 déc. 2017, 17:57

Merci pour ce sympathique cadeau de noël :holiday:
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Cadeau de Noël

Message par micaela » 20 déc. 2017, 18:16

Ah oui, merci pour ce nouvel éclat de rire :D
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)

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Re: Cadeau de Noël

Message par lionrougeetblanc » 21 déc. 2017, 07:56

Retour d'entracte ; je suis à ma place pour le dernier acte. :Jumpy:

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Re: Cadeau de Noël

Message par Loïs » 21 déc. 2017, 08:00

4ème acte :
Chez Gioconda à la Giudecca (vous prenez le vaporetto 2 de Zattere ou le vaporetto 4 de San Marco).
Après un sombre prélude entrent des mecs à la mine pas tibulaire mais presque (je ne peux pas mettre de nom avant le 4 mars 2018) qui portent le corps inconscient de Laura. Gioconda qui va permettre au couple de partir filer le parfait amour se sent comme Hollande devant le miroir de son bilan ou Loïs avec une journée sans KitKat. Elle se lance dans un des plus invraisemblables arie jamais composé : « Suicidio ». Jamais le voix humaine ne mérite autant sa classification d’instrument à vent ; ce sont les grandes orgue du romantisme décadent.
Pour la petite histoire, quand Meneghini rachètera la quasi-totalité des biens de Callas, il trouvera écrit quelques mots dans son livre de prières : « in questi fieri momenti, tu sol mi resti, nel cor mi tenti, l’ultima croce, l’ulima voce del mio destino ». Seul le premier mot manquait.

Débarque Ierone TestadiToro alias Enzo qui en bon ténor ne comprend rien à rien et voyant le corps de Laura croit que Gioconda veut le profaner (quand je pense qu’on donne toujours les premiers rôles à ce type de voix !)
La Joconde se dit que mourir étranglée par son amour est une solution enviable (comme toutes les pucelles elle ne sait pas encore faire la différence entre la petite et la grande mort) mais patatras la prétendue morte se réveille à ce moment là (petite délation : c’est Hugo qui a écrit cette histoire abracadabrantesque et Boito le livret mais le pauvre avait tellement honte qu’il optera pour un pseudo).
En trois mesures toute le monde s’embrasse (ce qui veut dire que les trois premiers rangs où squattent habituellement les nantis d’ODB sont trempés) et on verse dans un terzetto éminemment lyrique où Tebaldi s’étrangle mais où ses consoeurs se doivent d’étirer le plus somptueux des médiums.
TestadiToro emporte l’éphémère Laura sur une gondole mais on se s’inquiète pas pour eux , l’un aura le temps de culbuter la moitié de la lagune avant l’aube pendant que l’autre aura terrorisé la moitié de la place Saint Marc (tout en offrant ses amicaux services à l’autre moitié).

E finita la comedia ? Que non !
Barnaba vient réclamer son dû. Gioconda détourne son attention en prétextant se faire belle pour lui et s’apprête devant le miroir en vocalisant ce qui est un gros problème pour la vociacia (pas sur de l’orthographe, Stefano, Paco ?) habituellement titulaire.
Elle s’empare alors d’un poignard et on atteint un sommet dans l’écriture lyrique
« Tu voglesti il corpo mio ? » ( !?! : vous avez vu à quoi ressemble une Gioconda d’habitude?)
« Eh ben maledetto, il corpo mio ti do » (re-!?!)
Et elle se poignarde ‘(alors quand c’est Caballé à Orange cela prend un certain temps : d’abord je lève le bras à trois mètres au dessus de la tête, je tiens la note l’équivalent d’une bonne dizaine de rondes, je me poignarde, je me baisse, je jette le poignard, je m’assoie, je tends un bras derrière moi et je m’allonge)
Baranba qui malgré tout ce cinéma n’a pas le temps d’intervenir (gros problème pour le metteur en scène à rendre cela crédible) se penche sur le corps de Gioconda et dans une ultime vengeance lui crie qu’il a étranglé sa mère (du coups c’est bon pour la succession, l’ordre chronologique est respecté) mais c’est trop tard, elle n’entend plus et après un AAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHH retentissant , Luigi-Barnaba s’en va faire béquille, comme d’hab.
Gioconda la lionne rouge de sang et blanche cadavérique n’a plus froid aux pieds.

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Re: Cadeau de Noël

Message par altini » 21 déc. 2017, 10:03

Merci! C'est la première fois que je comprends ce livret. :Jumpy:
A quand le même travail pour Le Trouvère? Pour le prochain Noël...?

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Re: Cadeau de Noël

Message par Loïs » 21 déc. 2017, 10:39

altini a écrit :
21 déc. 2017, 10:03
Merci! C'est la première fois que je comprends ce livret. :Jumpy:
A quand le même travail pour Le Trouvère? Pour le prochain Noël...?
ce ne serait pas piqué des hannetons mais pour l'instant je viens d'assécher mon imagination :lol:
je pense que s'attaquer au fatras wagnérien ne serait pas triste non plus car monter un opéra sur enfant né de la copulation d'un frère et d'une soeur et qui ne pense qu'à sauter sa tantine recouverte de lichen et poussière depuis des lustres sur son lit entouré de flamme créé par le grand père borgne c'est quelquechose

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