Les Damnés de Visconti à la Comédie Française

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Re: Les Damnés de Visconti à la Comédie Française

Message par MariaStuarda » 29 déc. 2016, 15:41

Ah exact, merci Stefano, je vais aller écouter ça

jeantoulouse
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Re: Les Damnés de Visconti à la Comédie Française

Message par jeantoulouse » 29 déc. 2016, 17:22

J'ai vu Les Damnés à la Comédie Française. Je partage tous les avis positifs que j'ai lus ici, je comprends peu les réticences, objections, et autres expressions de fine bouche qui parcourent le fil pour chercher à tempérer les ardeurs. Cette adaptation est la plus utile, forte, inventive que j'ai vue depuis fort longtemps. Aucun spectacle théâtral ne m'avait autant bouleversé depuis Les Pièces de Guerre d'Edward Bond, auquel je l'associerai au moins autant qu'à des œuvres de Shakespeare ! Et je suis particulièrement sensible à l'avis concernant la vérité matérielle, vivante, dégoulinante de ce théâtre : ici on paie cash, dans la durée, sans fragmentation, sans effet spécial, la sueur est de la sueur, ça colle aux corps, et le spectateur est le témoin parfois abasourdi de cette vérité qui ne triche pas.

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Re: Les Damnés de Visconti à la Comédie Française

Message par Adalbéron » 29 déc. 2016, 17:28

Bien évidemment, les œuvres de Visconti, en particulier après Le Guépard, ont toujours été très théâtrales et "littéraires" (très peu d'actions, une certaine lenteur et grandeur). Dans Les Damnés, la violence est esthétisée et mise en scène ; Visconti ne cherche pas à faire croire qu'il filme la réalité ou la vérité, mais la montée du III. Reich lui sert de fond pour traiter des relations et des passions dans une famille.

@JdeB
Et donc certaines œuvres de Mann aussi et La Recherche de Proust surtout ne seraient pas universelles parce que trop marqué par une "gay culture" ? (si tant est, en fait, qu'une œuvre puisse être proprement universelle et même, qu'il existe effectivement une "gay culture" uniforme).


Du Shakespeare dans Les Damnés oui !
Thulin est une vraie Lady !
Du Mann aussi, Les Budenbroock. Le déclin d'une famille, d'où l'atmosphère décadente.
(Par contre, je ne suis pas sûr que Macbeth soit l'archétype du monstre avide de pouvoir, il s'agit plutôt d'un pleutre sous la coupe de sa femme).

Pour ma part, mes Visconti préférés sont ces Damnés, Ludwig et Violence et Passion. Rocco est en première place sur la liste des films qu'il me faut voir urgemment !

@MariaStuarda
C'est vrai que le jeu de Gallienne et de Podalydès ne cassait pas trois pattes à un canard, mais j'ai surtout été déçu par l'Aschenbach d'Eric Génovèse.
Stefano P a écrit :
Adalbéron a écrit :Sébastien Baulain - le SA qui suit partout Konstantin - est un garçon magnifique, musclé juste comme il faut ;
Il faudrait suggérer à la Comédie Française de faire un calendrier, genre Les Dieux des Planches... :wink:


J'achète !!!
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Re: Les Damnés de Visconti à la Comédie Française

Message par Adalbéron » 29 déc. 2016, 17:29

jeantoulouse a écrit : Et je suis particulièrement sensible à l'avis concernant la vérité matérielle, vivante, dégoulinante de ce théâtre : ici on paie cash, dans la durée, sans fragmentation, sans effet spécial, la sueur est de la sueur, ça colle aux corps, et le spectateur est le témoin parfois abasourdi de cette vérité qui ne triche pas.
Exactement ! C'est un spectacle vivant !
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Stefano P

Re: Les Damnés de Visconti à la Comédie Française

Message par Stefano P » 29 déc. 2016, 17:32

jeantoulouse a écrit :Et je suis particulièrement sensible à l'avis concernant la vérité matérielle, vivante, dégoulinante de ce théâtre : ici on paie cash, dans la durée, sans fragmentation, sans effet spécial, la sueur est de la sueur, ça colle aux corps, et le spectateur est le témoin parfois abasourdi de cette vérité qui ne triche pas.
Oui, enfin, non esageriamo, tout ça se termine quand même chaque soir par une bonne douche ! :mrgreen:

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Re: Les Damnés de Visconti à la Comédie Française

Message par Adalbéron » 29 déc. 2016, 17:55

Stefano P a écrit :
jeantoulouse a écrit :Et je suis particulièrement sensible à l'avis concernant la vérité matérielle, vivante, dégoulinante de ce théâtre : ici on paie cash, dans la durée, sans fragmentation, sans effet spécial, la sueur est de la sueur, ça colle aux corps, et le spectateur est le témoin parfois abasourdi de cette vérité qui ne triche pas.
Oui, enfin, non esageriamo, tout ça se termine quand même chaque soir par une bonne douche ! :mrgreen:
Parce que les nazis ne se lavaient pas ? :lol:
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Re: Les Damnés de Visconti à la Comédie Française

Message par MariaStuarda » 29 déc. 2016, 18:19

Adalbéron a écrit : Du Shakespeare dans Les Damnés oui !
Thulin est une vraie Lady !
Du Mann aussi, Les Budenbroock. Le déclin d'une famille, d'où l'atmosphère décadente.
(Par contre, je ne suis pas sûr que Macbeth soit l'archétype du monstre avide de pouvoir, il s'agit plutôt d'un pleutre sous la coupe de sa femme).
Oui et non pour Macbeth. En fait, le monstre c'est l'être hybride composé de Macbeth et de la Lady.
Mais lui n'est pas que pleutre, c'est aussi un guerrier qui n'a pas peur de tuer et à la fin quand la Lady est hors jeu, c'est lui qui défend son trône jusqu'à la mort.
Adalbéron a écrit : @MariaStuarda
C'est vrai que le jeu de Gallienne et de Podalydès ne cassait pas trois pattes à un canard, mais j'ai surtout été déçu par l'Aschenbach d'Eric Génovèse.
Aussi mais il a le bon goût de disparaitre rapidement.

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Re: Les Damnés de Visconti à la Comédie Française

Message par Adalbéron » 29 déc. 2016, 18:33

MariaStuarda a écrit :
Adalbéron a écrit : Du Shakespeare dans Les Damnés oui !
Thulin est une vraie Lady !
Du Mann aussi, Les Budenbroock. Le déclin d'une famille, d'où l'atmosphère décadente.
(Par contre, je ne suis pas sûr que Macbeth soit l'archétype du monstre avide de pouvoir, il s'agit plutôt d'un pleutre sous la coupe de sa femme).
Oui et non pour Macbeth. En fait, le monstre c'est l'être hybride composé de Macbeth et de la Lady.
Mais lui n'est pas que pleutre, c'est aussi un guerrier qui n'a pas peur de tuer et à la fin quand la Lady est hors jeu, c'est lui qui défend son trône jusqu'à la mort.
Adalbéron a écrit : @MariaStuarda
C'est vrai que le jeu de Gallienne et de Podalydès ne cassait pas trois pattes à un canard, mais j'ai surtout été déçu par l'Aschenbach d'Eric Génovèse.
Aussi mais il a le bon goût de disparaitre rapidement.
Oui, tu as raison ! J'en ai profité pour remettre le nez dans la pièce de Shakespeare et si, au début, c'est Lady qui mène le jeu, c'est ensuite le roi qui devient monstre incorruptible (et quand sa femme meurt, il dit : "She should have died hereafter" - "elle aurait dû mourir plus tard"). Macbeth devient comme possédé, par le pouvoir quil acquiert progressivement.


Tu dois confondre avec Didier Sandre ! (que j'ai plutôt aimé) Aschenbach/Génovèse ne meurt pas !
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Re: Les Damnés de Visconti à la Comédie Française

Message par MariaStuarda » 29 déc. 2016, 18:49

Adalbéron a écrit :
Tu dois confondre avec Didier Sandre ! (que j'ai plutôt aimé) Aschenbach/Génovèse ne meurt pas !
Tu as raison.
j'ai trouvé que D. Sandre manquait un peu de la dimension "patriarche".
j'ai trouvé Genovese pas mal.

Bon finalement ce sont les jeunes qui sont formidables, nos deux chouchous en tête !!!

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Re: Les Damnés de Visconti à la Comédie Française

Message par HELENE ADAM » 29 déc. 2016, 20:02

jeantoulouse a écrit :J'ai vu Les Damnés à la Comédie Française. Je partage tous les avis positifs que j'ai lus ici, je comprends peu les réticences, objections, et autres expressions de fine bouche qui parcourent le fil pour chercher à tempérer les ardeurs. Cette adaptation est la plus utile, forte, inventive que j'ai vue depuis fort longtemps. Aucun spectacle théâtral ne m'avait autant bouleversé depuis Les Pièces de Guerre d'Edward Bond, auquel je l'associerai au moins autant qu'à des œuvres de Shakespeare ! Et je suis particulièrement sensible à l'avis concernant la vérité matérielle, vivante, dégoulinante de ce théâtre : ici on paie cash, dans la durée, sans fragmentation, sans effet spécial, la sueur est de la sueur, ça colle aux corps, et le spectateur est le témoin parfois abasourdi de cette vérité qui ne triche pas.
C'est aussi ce qui m'a le plus bouleversée sans doute parce que je n'imaginais pas possible de rendre en spectacle vivant, en "vrai", sans tous les artifices que permet l'enregistrement en studio du cinéma ou de la télévision, l'entrée progressive en putréfaction morale de ce système sous l'impact de la fascination pour le pouvoir.
La nuit des longs couteaux et le final (à part la scène d'inceste insuffisamment "véritable" alors qu'elle est hyper-violente chez Visconti), atteignent un paroxysme d'émotions qui rend le public abasourdi et retenant son souffle. Ce "signal" pour moi d'une vraie communion avec ce qui se passe sur scène.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr

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