Bernstein-Chostakovitch-Lahav Shani-AuditoriumRF- 21/10/2016

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Bernstein-Chostakovitch-Lahav Shani-AuditoriumRF- 21/10/2016

Message par HELENE ADAM » 21 oct. 2016, 22:26

Concert du 21 octobre 2016 à l'auditorium de Radio-France

Programme

Leonard Bernstein
West Side story, danses symphoniques
Prologue
Somewhere
Scherzo
Mambo
Cha-cha
Meeting scene
Cool
Rixe
Finale

Dimitri Chostakovitch
Concerto pour piano et orchestre n°2 en fa majeur opus 102
Symphonie n°9 en mi bémol majeur opus 70

Orchestre Philharmonique de Radio France
Lahav Shani piano et direction


Un concert qui permet de découvrir l'immense talent du jeune Lahav Shani (27 ans) et son judicieux choix d'oeuvres pas si éloignées les unes des autres, toutes remarquables musicalement et symboliquement.

CR demain. Un concert qui était diffusé en direct sur France Musique (et peut donc être réécouté) mais qui valait vraiment le coup d'être vu en live... :D
http://www.francemusique.fr/emission/le ... philhar-et
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Bernstein-Chostakovitch-Lahav Shani-AuditoriumRF- 21/10/2016

Message par HELENE ADAM » 22 oct. 2016, 09:22

Image
photo The Independent


Certains ici doivent se rappeler que Philippe Jordan avait déclaré forfait lors de la tournée internationale où il était programmé avec l'orchestre symphonique de Vienne en janvier 2016, ayant eu un problème d'épaule juste après la Damnation de Faust (que des esprits facétieux avaient considéré comme "maudite" ou "fatale" c'est selon). Un jeune chef l'avait remplacé "au pied levé", recueillant tous les éloges pour ses qualités. C'était le jeune pianiste et chef d'orchestre Lahav Shani. Il venait d'être nommé pour la saison 2017-18 chef principal invité de l’Orchestre symphonique de Vienne (Wiener Symphoniker), suite à une collaboration entamée en mai 2015.

Le programme que le jeune et brillant chef nous proposait avec un orchestre philharmonique de Radio France en état de grâce, était très réussi pour plusieurs raisons avec des oeuvres de la même période.

D'une part l'interprétation des danses symphoniques de West Side Story que Léonard Bernstein a écrit en 1961 sur la base de sa comédie musicale (créée en 1957 à Broadway qui fut suivi d'un film de Robert Wise qui nous permit à tous de connaitre ce véritable chef d'oeuvre à condition d'accepter des queues interminables devant le cinéma :wink: ), est vivante, réaliste, drôle et tragique, à tel point qu'on peut voir les Jets et les Sharks entamer leurs danses de mort, Maria s'avancer sur la terrasse du building attendant Tony qui ne viendra pas, Maria agenouillée devant le corps de son amant chantant encore "somewhere, someday". Bref l'orchestre et son chef nous émeuvent de la première note à la dernière note, ne "ratant" rien de ce qui fait l'absolue célébrité de cette partition, ni les claquements de doigts des mauvais farçons (bravo aux violonistes :wink: ), ni le sifflet du policier, ni les roulements de batterie, les sons de jazz des cuivres ou la délicatesse des xylophones. Jusqu'au contrebassistes qui esquissent des mouvements de valse quand ils jouent en pizzicato.

Une entrée en matière très réussie et très applaudie.

Ensuite le chef se fait aussi pianiste (piano grand ouvert face à l'orchestre) et nous propose un concerto de Chostakovitch (de 1957) le numéro deux, que le compositeur Russe a écrit pour son fils Maxime (qui passait un concours). Chosta venait juste de revenir au premier plan avec les débuts (timides) de la déstalinisation.
C'est un concerto léger, presque de la musique de chambre avec un orchestre très allégé qui ne joue jamais à l'unisson, ce qui facilite la difficile tâche de jouer et de diriger.
Lahav Shani y montre là aussi, un sacré talent, un très beau doigté, beaucoup de lyrisme et de romantisme dans une oeuvre de facture assez classique. Il dirige l'orchestre avec des mouvements de tête (tout cela demande pas mal de concentrations et d'efforts) sans partition ni pour la partie piano ni pour la partie orchestre, marque la mesure du pied gauche, son pied droit courant d'une pédale à l'autre, insuffle une rythmique parfaite mais termine suffisamment épuisé (même s'il n'y parait pas) pour refuser un bis réclamé par le public.

Il faut dire qu'il lui reste la symphonie numéro 9 (1945) à diriger.
Drôle d'histoire encore à propos de cette symphonie qui aurait dû être l'équivalent de la Neuvième de Beethoven et lui fut commandée par Staline pour célébrer la victoire de l'URSS sur l'Allemagne Nazie. Chostakovitch, alors compositeur officiel, avait déjà écrit les superbes et tragiques symphonies Léningrad (N°7) et Stalingrad (N°8).
Chostakovitch avait déjà eu pas mal de déboires avec le régime soviétique stalinien, notamment avec sa Lady Macbeth que Staline détestait (et considérait comme de l'art décadent petit-bourgeois).
D'aucuns considèrent que le compositeur s'est vengé en écrivant une numéro Neuf plus proche de la Pastorale que de la Neuvième de Beehoven. Courte (25 minutes), avec un petit orchestre très versatile et coloré, presque joyeuse, en tous cas humoristique, composée de petits thèmes, de beaucoup de solos, intimiste, semblant toujours "démarre" dans le solennel et le grandiose et "s'arrêter" aussitôt par un thème primesautier, bref, c'est plaisant, fort bien exécuté et ressemble à un délicieux pied de nez à la dictature.

Une soirée étonnante et plaisante, un chef à suivre absolument.


West side Story, Richard Beymer, Natalie Wood.

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Photos Gettyimages
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