C'est l'opéra qu'on assassine! J. Goury (L'Harmattan, 2007)

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JdeB
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C'est l'opéra qu'on assassine! J. Goury (L'Harmattan, 2007)

Message par JdeB » 12 juin 2008, 11:06

Jean GOURY, C'est l'opéra qu'on assassine ! La mise en scène en question, Paris, L'Harmattan, décembre 2007, 132 p.


Le nouvel essai de cet ancien rédacteur en chef d' Opéra international, producteur à France-Musique et administrateur d'orchestre s'inscrit dans un courant de dénonciation de la mal-scène initié par Ph. Beaussant.

Si l'auteur loue les "lectures critiques" des Chéreau et Lavelli, il villipende non sans talent les dérives de certains metteurs en scène trash qui semblent se vouer au décalogue suivant:

1) La musique, tu ignoreras
2) Le livret, tu ne suivras pas
3) L’époque, tu changeras
4) Le crapoteux, tu privilégieras
5) Le nu, tu montreras
6) Aux décors et aux costumes, tu t’en remettras
7) De cohérence, tu ne t’embarrasseras pas
A diriger les acteurs, tu ne te fatigueras pas.
9) Les idéologies totalitaires, tu évoqueras
10) La confusion, tu entretiendras

Bravo à J. Goury pour cette alliance d'esprit de synthèse et d'humour !

Si ce discours contre le "détournement de sens" est nécessaire, il mérite une approche très rigoureuse. Certes l'auteur a le mérite de citer de nombreux théoriciens et de nombreux exemples concrets de mise en scène,mais il n'évite pas toujours les approximations.
Le Festival de Radio France a Montpellier ne propose pas que des versions de concert, (p. 127) Rolf Liebermann a composé plus de 3 opéras (p; 105), la Katia Kabanova par Marthaler a été montée à Garnier et non à Bastille (p; 65), le prénom de ce metteur en scène ne s'écrit pas Christophe (p. 57) de même que le prénom de M. Mortier ne prend pas d'accent, l'Atys de Lully s'écrit sans h (p. 85), Christie et Pelly n'ont pas travaillé ensemble (p. 85), Pierre Bergé n'a pas dirigé l'Athénée mais y a programmé de très nombreux récitals de 1977 à 1989 "Les Lundis de l'Athénée", c'est M. Haneke et non Hanecke (p. 61), ...
D'autres affirmations sont aussi à nuancer: peut-on vraiment dire que Sellars ait abordé la trilogie Da Ponte "sans trop se préoccuper des partitions " (p. 50) ? Faut-il voir dans le festival d'Aix un lieu où "le travail de déconstruction (...) fonctionne à plein régime" (p. 53) ? Le TCE un théâtre "gagné par cette mode" (ibidem) ?

Déplorons aussi que la Bibliographie sommaire porte bien son nom.

Au total, un travail digne d'intérêt et argumenté mais sans idée fonciérement neuve et jalonné de quelques scories.

PS Merci à l'auteur d'avoir cité ODB-Opera parmi les "incontournables".
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Message par Rameau » 12 juin 2008, 12:03

Rien que le titre... pitié!
JdeB a écrit :l'auteur loue les "lectures critiques" des Chéreau et Lavelli
Chéreau et Lavelli qui avaient été à leur époque tout autant vilipendés... Dans vingt ans, il se trouvera quelqu'un pour écrire que Marthaler et Warlikowski, c'était au moins inventif, alors que les metteurs en scène de maintenant, ma pauvre dame...

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Message par abaris » 12 juin 2008, 12:08

Rameau a écrit :Rien que le titre... pitié!
JdeB a écrit :l'auteur loue les "lectures critiques" des Chéreau et Lavelli
Chéreau et Lavelli qui avaient été à leur époque tout autant vilipendés... Dans vingt ans, il se trouvera quelqu'un pour écrire que Marthaler et Warlikowski, c'était au moins inventif, alors que les metteurs en scène de maintenant, ma pauvre dame...
Dans son très contestable ouvrage, Beaussant s'en prenait d'ailleurs, sans le nommer, à Patrice Chéreau !!!

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Message par Rameau » 12 juin 2008, 12:18

Marthaler choque les partisans de Chéreau qui avait choqué les partisans du Nouveau Bayreuth qui avait choqué les partisans de la tradition wagnérienne, Wagner qui lui-même avait choqué les amateurs de Meyerbeer......

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Message par David-Opera » 12 juin 2008, 12:18

Et bien si il y a réellement assassinat de l'opéra au moins ce ne sera qu'à l'avantage du porte-monnaie de l'auteur de ce livre.

L'opportunisme, c'est bien.
http://fomalhaut.over-blog.org/
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.

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Message par Ciro » 13 juin 2008, 19:25

Rameau a écrit :Marthaler choque les partisans de Chéreau qui avait choqué les partisans du Nouveau Bayreuth qui avait choqué les partisans de la tradition wagnérienne, Wagner qui lui-même avait choqué les amateurs de Meyerbeer......
je veux bien, c'est pas pour autant qu'il faille prendre des vessies pour des lanternes, et c'est pas parce qu'on choque le public qu'on est nécessairement génial. Moi je trouve les mises en scène de Marthaler surtout prétentieuses et pédantes.

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