Giovanni Battista Rubini and the bel canto tenors - D. Marek
Posté : 12 août 2015, 16:15
Comment passer à côté d'un tel ouvrage quand on est fan de Bellini, Donizetti, Rossini et de suraigus ? (à part en regardant le prix du livre : 47,25 euros prix minimum trouvé)
Ce gros pavé avec un beau portrait du roi des ténors comme il était appelé de son vivant attire l'attention : il n'y a d'ailleurs pas beaucoup de choix dans la littérature pour trouver un ouvrage qui lui est dédié (à part un livre de 900 pages cité dans la bibliographie).
Le livre resitue l'apparition de la vocalité rubinesque dans le panorama de l'évolution du ténor depuis la nuit des temps jusqu'au XIXe siècle en s'appuyant beaucoup sur les dires de Rodolfo Celletti et Philip Gossett (héritage direct des castrats du bel canto du XVIIIe).
La partie biographique est un peu frustrante puisqu'elle est en grande partie fondée sur des citations d'ouvrages existants.
Certains témoignages décrivant précisément la voix et la façon de chanter de Rubini sont très intéressants. Les critiques d'époque ne sont d'ailleurs pas toutes élogieuses notamment en termes de style. Il est accusé en gros d'appliquer toujours les mêmes formules, les mêmes ornements (parfois de manière excessive, à l'exception de l'air final d'Edgardo de Lucia qu'il chantait sans un seul ornement) et ce quel que soit le répertoire, ce qui dans Mozart était inapproprié. Des exemples assez édifiants d'ornements sont inclus, ça allait effectivement très loin (exemple du Matrimonio segreto).
Au niveau de la technique, le passage de registres entre poitrine et tête (à partir du la, mais du coup ça devait être mixte) était invisible, ainsi que les prises de respiration. Le registre suraigu (jusqu'au contre-sol dans Roberto Devereux : visiblement il s'est épaté lui-même en émettant cette note non prévue) était cependant puissant et vibrant.
Un anecdote (citée comme telle) autour du contre-fa des Puritains dit que Bellini n'avait pas écrit cette note, mais un ré bémol et qu'à la reprise Rubini s'est trompé et tapé une tierce au-dessus. Bellini a alors intégré la modification.
En annexe sont joints des exercices vocaux écrits par Rubini afin de travailler le répertoire de son époque (exercice pour le trille, pour le chant léger et gracieux, pour les coloratures, des idées de cadences, etc.). Témoins objectifs du style et du goût de l'époque.
On regrette une rédaction négligée avec énormément de coquilles (je me suis amusé à les annoter, il y a en moyenne deux fautes par page). ça va de la faute de typo Mosé pour Mosè, à l'erreur de nom et de dates : Giuseppe Mercadante (1795-1840) ou de nom de personnages : Rachel des Huguenots et Valentine dans la Juive. ça ne fait pas très sérieux du coup on espère que certaines informations ne sont pas elles-mêmes erronées.
C'est vers ce livre que Placido pointait l'autre jour à propos des histoires de tonalités originales sur Anna Bolena. Dernière "anecdote" pour la route : avant de mourir, Bellini était sur le point de retailler le rôle de Pollione pour Rubini avec rehaussements et ajout d'un air à l'acte 2. Regrets éternels !!
Ce gros pavé avec un beau portrait du roi des ténors comme il était appelé de son vivant attire l'attention : il n'y a d'ailleurs pas beaucoup de choix dans la littérature pour trouver un ouvrage qui lui est dédié (à part un livre de 900 pages cité dans la bibliographie).
Le livre resitue l'apparition de la vocalité rubinesque dans le panorama de l'évolution du ténor depuis la nuit des temps jusqu'au XIXe siècle en s'appuyant beaucoup sur les dires de Rodolfo Celletti et Philip Gossett (héritage direct des castrats du bel canto du XVIIIe).
La partie biographique est un peu frustrante puisqu'elle est en grande partie fondée sur des citations d'ouvrages existants.
Certains témoignages décrivant précisément la voix et la façon de chanter de Rubini sont très intéressants. Les critiques d'époque ne sont d'ailleurs pas toutes élogieuses notamment en termes de style. Il est accusé en gros d'appliquer toujours les mêmes formules, les mêmes ornements (parfois de manière excessive, à l'exception de l'air final d'Edgardo de Lucia qu'il chantait sans un seul ornement) et ce quel que soit le répertoire, ce qui dans Mozart était inapproprié. Des exemples assez édifiants d'ornements sont inclus, ça allait effectivement très loin (exemple du Matrimonio segreto).
Au niveau de la technique, le passage de registres entre poitrine et tête (à partir du la, mais du coup ça devait être mixte) était invisible, ainsi que les prises de respiration. Le registre suraigu (jusqu'au contre-sol dans Roberto Devereux : visiblement il s'est épaté lui-même en émettant cette note non prévue) était cependant puissant et vibrant.
Un anecdote (citée comme telle) autour du contre-fa des Puritains dit que Bellini n'avait pas écrit cette note, mais un ré bémol et qu'à la reprise Rubini s'est trompé et tapé une tierce au-dessus. Bellini a alors intégré la modification.
En annexe sont joints des exercices vocaux écrits par Rubini afin de travailler le répertoire de son époque (exercice pour le trille, pour le chant léger et gracieux, pour les coloratures, des idées de cadences, etc.). Témoins objectifs du style et du goût de l'époque.
On regrette une rédaction négligée avec énormément de coquilles (je me suis amusé à les annoter, il y a en moyenne deux fautes par page). ça va de la faute de typo Mosé pour Mosè, à l'erreur de nom et de dates : Giuseppe Mercadante (1795-1840) ou de nom de personnages : Rachel des Huguenots et Valentine dans la Juive. ça ne fait pas très sérieux du coup on espère que certaines informations ne sont pas elles-mêmes erronées.
C'est vers ce livre que Placido pointait l'autre jour à propos des histoires de tonalités originales sur Anna Bolena. Dernière "anecdote" pour la route : avant de mourir, Bellini était sur le point de retailler le rôle de Pollione pour Rubini avec rehaussements et ajout d'un air à l'acte 2. Regrets éternels !!