Jules Stockhausen
Itinéraire d’un chanteur à travers vingt années de correspondance, 1844-1864
Lettres réunies et annotées par Geneviève Honegger
Éditions Symétrie, janvier 2011
433 pages.
Cet ouvrage rassemble une partie de la correspondance de Jules Stockhausen (1826-1906), baryton alsacien qui s’est surtout illustré dans le Lied. Doté d’une relative petite voix visiblement, il renonce petit à petit à l’opéra après avoir été employé par l’Opéra comique où il participera à quelques créations (dont le Carnaval de Venise d’Ambroise Thomas). Ses lettres (principalement adressées à sa famille, ses parents surtout), montrent un artiste qui a eu du mal à trouver sa voie : hésitant entre le l’opéra et l’oratorio/Lied, il se rapprochera par sensibilité et sans doute du fait de ses capacités vocales limitées plutôt de ce 2e répertoire.
Bien que formé à l’école de Manuel Garcia, il est de plus en plus méprisant envers le répertoire qu’il qualifie de facile/superficiel (l’opéra italien, l’opéra comique français) ne voyant de réel intérêt que dans l’oratorio et le répertoire germanique. Dans la mouvance de Mendelssohn il s’ingénie à promouvoir le répertoire oublié de Bach, Händel puis de Mendelssohn, Beethoven et Schumann.
Son itinéraire nous permet tout de même d’avoir plusieurs témoignages sur le vrai répertoire et ses interprètes originaux : Pauline Viardot, Marietta Alboni, Jenny Lind, Giulia Grisi post-Puritani, Lablache et d’autres. Ses analyses détaillées nous permettent d’avoir une vision un peu plus nette sur certains aspects techniques et expressifs de leurs voix … ainsi que sur leurs personnalités.
Après sa petite carrière lyrique, il collabore avec Clara Schumann et chante de nombreux récitals / concerts en sa compagnie. Là aussi, c’est l’occasion de plusieurs témoignages sur le jeu de la veuve Schumann mais aussi sur sa personnalité : elle n’avait pas l’air commode et ne maniait pas la langue de bois. Dans un passage, elle se demande même pourquoi Stockhausen s’obstine à chanter certains Lieder rasoirs qui endorment tout le monde alors que le public attend aussi de la musique plus enjouée !
Dans cette correspondance, il y a pas mal de « déchets », enfin de détails qui ne concernent pas la musique : toutes ses déceptions amoureuses, la lutte avec ses parents à propos de la religion, etc. ce qui fait que j’avoue avoir survolé quelques lettres pas vraiment palpitantes. La dernière partie notamment est dédiée à la période où il se consacre à l’enseignement et la direction d’orchestre et de chœur, mais sans beaucoup de détails musicaux.
Jules Stockhausen - correspondance 1844-1864
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