Quand l'imprévu s'en mêle...

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FROJG2015
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Quand l'imprévu s'en mêle...

Message par FROJG2015 » 22 janv. 2018, 15:21

Je me demandais, au vu du nombre impressionnant de représentations d’opéras auxquelles les ODBiens ont assisté dans leur vie, il doit bien y avoir eu certains soirs où tout ne s’est pas exactement déroulé comme prévu, où un grain de sable s’est glissé dans le bon déroulement du spectacle…

Je ne reviendrai pas sur la récente histoire du pistolet de Carmen qui s’est enrayé le soir de la première à Florence, ni sur cette fameuse anecdote qui se transmet quasiment de générations en générations, selon laquelle Tosca aurait rebondi après sa chute des remparts du château de Saint Ange (au point que j’en arrive même à me demander parfois si cette histoire ne relève pas plus de la légende que du vrai fait constaté!).
Il semble d’ailleurs que cette Tosca soit une mine de mésaventures puisque Placido Domingo, outre le fait qu’il se soit cassé le nez en retombant un peu trop lourdement après un « Vittoria, vittoria » tonitruant à Hambourg en 1975, évoque également dans ses mémoires une autre Tosca, cette fois au Staatsopera de Vienne, où, à la fin du second acte, le perruque de sa belle Tosca (Galina Vichnevskaïa) s’enflamma au contact d’une bougie posée sur le bureau de Scarpia (ah ces mises en scènes traditionnelles :wink: ! ). Témoin de l’incident depuis les coulisses, il se précipita sur scène pour lancer sur la chevelure le pichet rempli de vin qui se trouvait sur ce même bureau, tandis que Scarpia (Kostas Paskalis), pourtant censé être mortellement touché par le coup de poignard, se relevait d’un bond et empoignait la dite chevelure. On imagine volontiers et la mine stupéfaite de la soprano, qui ne s’était rendu compte de rien, et l’effarement du public !

Mais vous, spectateur attentif, avez- vous déjà été témoin de ce genre de péripéties ?

Pour ma part, je me souviens d’un Werther il y a bien longtemps, en 1977 ou 1978, à l’Opéra Comique je crois, avec Alain Vanzo dans le rôle-titre et Jeanne Rhodes dans celui de Charlotte. A la toute fin de l’opéra, lorsque Werther se suicide d’une balle, il agonise donc dans les bras de sa Charlotte. Mais, avant d’agonir, il tombe (c’est une manie à l’opéra) et, malheureusement, il y eut un léger décalage entre l’atterrissage de sa personne et celui de sa perruque. Je n’y ai pas immédiatement prêté attention, emportée comme je l’étais par ce moment poignant. Sauf qu’au bout de quelques secondes, j’ai trouvé curieux ces gestes de Jeanne Rhodes autour du crâne de son partenaire et réalisa alors qu’elle tentait (vainement) de remettre le précieux accessoire sur le cuir chevelu (enfin, sans doute pas assez) de Werther. Bref, dès cet instant, je ne vis plus que cela et toute l’émotion finale s’évanouit en un instant. A croire qu’elle ne tenait qu’à un cheveu :coiffe: !

J’avoue que cela m’amuserait bien de lire vos témoignages. Et qui sait, s’il y en a « un certain nombre », pourquoi ne pas tenter de dresser le top 5 des opéras « maudits » :devil2: !

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Re: Quand l'imprévu s'en mêle...

Message par Loïs » 22 janv. 2018, 15:51

il y a un livre américain paru dans les années 80 (non traduit) dont le titre était je crois "panique à l'opéra"relatant les plus célèbres anecdotes Malheureusement je n'ai jamais pu y mettre la main dessus (je revisite les bouquinistes new-yorkais régulièrement sans succès)

De mémoire:
Tosca au Met (confirmé par un témoin): pour se venger d'une Diva particulièrement insupportable, les accessoiristes avaient changé le matelas en trampoline ce qui permit au public de voir cette dernière vociférant rebondissant tantôt pile tantôt face
Tosca au Met : suite à une grève des figurants, des étudiants jouent les soldats au pied levé et le metteur en scène leur ayant dit de sortir avec les protagonistes enjambent la parapet derrière Tosca
Melchior (pas sur à 100% que ce fut lui) à Bayreuth : ayant raté la nacelle du Cygne regarde le public en montrant son poignet et demande à quelle heure le prochain
Carmen à Vérone : un des chevaux prenant la fosse pour la rivière de tribunes y saute à pieds joints et on entend le chef s'exclamer "che finnochio da regista"
Carmen à Londres (je crois) : un chat se frotte à la jambe de Don José en ronronnant pendant qu'il s'écrit '"ah tiens damnée"
C'est à retrouver de toute urgence..

Autre anecdote : jupe de Sutherland tombe pendant le final des Puritains, elle continue à chanter pendant que Kraus la ramasse avec son épée et la brandit en criant "viva la stupenda"
Anecdote qui me fut contée par l'intéressée: Crespin dans Faust (à ses débuts) attend son Faust qui se prend les pieds dans le décor en coulisse et lance un tonitruant "merde!" auquel Marguerite répond "ah c'est la voix du bien aimé"
Dans le même esprit Beuron commençant le second acte d'Iphigénie par "quel silence effrayant" alors que l'intégralité de l'entracte fut couverte par les sifflets du public à cause de la mise en scène

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Re: Quand l'imprévu s'en mêle...

Message par Loïs » 22 janv. 2018, 15:56

Par expérience perso:
Décor qui s'effondre à Montpellier dans la Chauve Souris avec Jean-Luc Viala (il était encore chanteur amateur, facteur)
Projecteur qui explose et dont les débris tombent du haut du mur d'Orange à qqs cm de la traine de Caballé qui continue comme si de rien n'était (Don Carlo). Dans le Don Carlo suivant , les lumières rasant la scène aveugleront sa suivante qui chutera de haut dans la fosse
Roméo et Juliette à Orange : Alagna se foule la cheville en courant (il poursuivra la représentation assis)
La Flûte enchantée à Vienne: Papageno virevoltant tombe dans le trou du souffleur, ce dernier lui fait la courte échelle pour l'aider à remonter
Barbier au Capitole avec Quilico qui faisait tout son possible pour faire rire ses partenaires (lunettes, faux nez,...) et les déconcentrer
Matteo Manuguerra montant à l'envers sur son cheval dans le Trouvère à la Scala
Les Huguenots à Montpellier : Ghiuselev s'étant assoupi sur sa chaise (version concert) est réveillé par un coup de coude de son voisin (Martinovic) et tourne frénétiquement les pages de la partition en faisant "lalala"
Lucrezia Borgia à Montpellier : Miricioiou ayant bousculé la table envoie valdinguer toute la vaisselle qui roule lentement mais inexorablement vers la fosse. Elle part à quatre pattes à la poursuite des différents verres, carafes, etc.... tout en continuant son duo avec Alfonso

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Re: Quand l'imprévu s'en mêle...

Message par HELENE ADAM » 22 janv. 2018, 16:00

Deux anecdotes récentes qui ont d'ailleurs été rapportées ici et qui, en direct, étaient franchement drôles

- le célèbre "non abiamo Soprano" de Kaufmann à Vienne (2016) après son bis de Lucevan le stelle dans Tosca quand il ne voit pas arriver Angela Gheorghiu à l'issue de son air et qu'il met les rieurs de son côté dans une situation...inédite (elle arrive trois ou quatre longues minutes après...)

- encore plus récemment en décembre à Munich dans Lucia (là le fou rire a duré un moment dans le public), quand Beczala est censé sortir nerveusement avec sa bagnole décapotable de la scène et que celle-ci refuse de démarrer ; le ténor Polonais nous regarde d'un air un peu désespéré, jusqu'à ce qu'un technicien lui montre qu'il suffisait de desserrer le frein...
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Quand l'imprévu s'en mêle...

Message par micaela » 22 janv. 2018, 16:12

Rapporté dans un vieux fil (je ne suis pas arrivée à remettre la main dessus, et je ne sais plus où ni avec qui). Tosca, acte II : on ramène Mario , après la séance de torture, dans le salon de Scarpia. Il (Mario) est censé s'effondrer, épuisé, sur un canapé. Le meuble, sans doute trop fragile, se casse et Mario se retrouve par terre. Le truc, c'est que les trois interprètes (Tosca, Mario, Scarpia) ont eu du mal à réprimer un fou rire...
Pavarotti a raconté que, une des premières fois à Bastille, on vient le chercher dans sa loge vers 19h15. Il n'était toujours pas prêt : il avait tout simplement oublié qu'à Bastille, on commençait à 19h30...
il y avait aussi un Werther apocalyptique à Garnier dans les années 80 (raconté par Placido Carreroti)
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)

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Re: Quand l'imprévu s'en mêle...

Message par Adalbéron » 22 janv. 2018, 16:14

Dans la scène de la folie de Lucie de Lamermoor enregistrée à Lyon, Dessay ne perd pas que la tête, elle perd aussi sa robe... (elle a plus tard déclaré qu'elle ne s'en était pas rendu compte)
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
— Shakespeare, Macbeth

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Re: Quand l'imprévu s'en mêle...

Message par Franz Muzzano » 22 janv. 2018, 16:26

micaela a écrit :
22 janv. 2018, 16:12
Rapporté dans un vieux fil (je ne suis pas arrivée à remettre la main dessus, et je ne sais plus où ni avec qui). Tosca, acte II : on ramène Mario , après la séance de torture, dans le salon de Scarpia. Il (Mario) est censé s'effondrer, épuisé, sur un canapé. Le meuble, sans doute trop fragile, se casse et Mario se retrouve par terre. Le truc, c'est que les trois interprètes (Tosca, Mario, Scarpia) ont eu du mal à réprimer un fou rire...
Pavarotti a raconté que, une des premières fois à Bastille, on vient le chercher dans sa loge vers 19h15. Il n'était toujours pas prêt : il avait tout simplement oublié qu'à Bastille, on commençait à 19h30...
Oula, célébrissime ! J'y étais, 6 décembre 1984, avec Behrens et Bacquier pour ses adieux au rôle. Une annonce avait été faite pour le retard, tout le monde pensait que ce serait pour une annulation :mrgreen:
Quant à la chute après la séance de torture, il devait asseoir Tosca sur un siège...pas vraiment prévu pour son gabarit (il avait posé la question avant, on lui avait répondu "Mais non ! ça tiendra !!!"). Il a chanté tout le petit duo avant le "Vittoria" allongé sur Behrens :D
On trouve sur YT une vidéo où il raconte l'épisode. Concernant le fou-rire, chapeau à tous les deux parce que rien n'a été audible, mais en revanche, Bacquier et Sénéchal, qui chantait Spoletta, avaient bien du mal à se contenir...
Nous n'avons pas besoin d'artistes, nous avons besoin de gens qui ont besoin d'artistes...

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Re: Quand l'imprévu s'en mêle...

Message par Loïs » 22 janv. 2018, 16:28

Franz Muzzano a écrit :
22 janv. 2018, 16:26
micaela a écrit :
22 janv. 2018, 16:12
Rapporté dans un vieux fil (je ne suis pas arrivée à remettre la main dessus, et je ne sais plus où ni avec qui). Tosca, acte II : on ramène Mario , après la séance de torture, dans le salon de Scarpia. Il (Mario) est censé s'effondrer, épuisé, sur un canapé. Le meuble, sans doute trop fragile, se casse et Mario se retrouve par terre. Le truc, c'est que les trois interprètes (Tosca, Mario, Scarpia) ont eu du mal à réprimer un fou rire...
Pavarotti a raconté que, une des premières fois à Bastille, on vient le chercher dans sa loge vers 19h15. Il n'était toujours pas prêt : il avait tout simplement oublié qu'à Bastille, on commençait à 19h30...
Oula, célébrissime ! J'y étais, 6 décembre 1984, avec Behrens et Bacquier pour ses adieux au rôle. Une annonce avait été faite pour le retard, tout le monde pensait que ce serait pour une annulation :mrgreen:
Quant à la chute après la séance de torture, il devait asseoir Tosca sur un siège...pas vraiment prévu pour son gabarit (il avait posé la question avant, on lui avait répondu "Mais non ! ça tiendra !!!"). Il a chanté tout le petit duo avant le "Vittoria" allongé sur Behrens :D
On trouve sur YT une vidéo où il raconte l'épisode. Concernant le fou-rire, chapeau à tous les deux parce que rien n'a été audible, mais en revanche, Bacquier et Sénéchal, qui chantait Spoletta, avaient bien du mal à se contenir...
Et il avait pulvérisé deux tabourets en répétition sur lesquels il était sensé monter pour peindre la Madeleine

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Re: Quand l'imprévu s'en mêle...

Message par Adalbéron » 22 janv. 2018, 16:37

Il envoyait du lourd, Pavarotti...
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
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Re: Quand l'imprévu s'en mêle...

Message par dge » 22 janv. 2018, 16:40

micaela a écrit :
22 janv. 2018, 16:12
Rapporté dans un vieux fil (je ne suis pas arrivée à remettre la main dessus, et je ne sais plus où ni avec qui). Tosca, acte II : on ramène Mario , après la séance de torture, dans le salon de Scarpia. Il (Mario) est censé s'effondrer, épuisé, sur un canapé. Le meuble, sans doute trop fragile, se casse et Mario se retrouve par terre. Le truc, c'est que les trois interprètes (Tosca, Mario, Scarpia) ont eu du mal à réprimer un fou rire...
C'est peut-être moi qui l'ai raconté. Effectivement dans une Tosca à Lyon, Guy Chauvet revenant de la salle de torture se laisse tomber sur un canapé qui se casse net.

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