Le harcèlement sexuel à l'opéra...mais sur scène.

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pingpangpong
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Le harcèlement sexuel à l'opéra...mais sur scène.

Message par pingpangpong » 11 nov. 2017, 16:11

De la réalité à la fiction, il n'y a qu'un pas que seule la fosse d'orchestre de l'opéra sépare :

Dans Paillasse, cette scène entre Nedda et Tonio en est un bon exemple:

TONIO (s'avance les bras ouverts, pour l'enlacer) Oh, bientôt tu seras mienne!
NEDDA (monte en reculant vers le petit théâtre, voit le fouet laissé par Beppe, et frappe d’un coup Tonio au visage en disant:)
Misérable!
TONIO (recule avec un hurlement) Par la Vierge Sainte de l'Assomption, Nedda, je te jure que tu me le paieras!


Le cas de Scarpia dans Tosca me vient aussi à l'esprit.
En ce qui concerne le Duc de Rigoletto ou de Tarquin dans le Viol de Lucrèce ce n'est plus du harcèlement mais carrément du passage à l'acte.
A vous de jouer !
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
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Re: Le harcèlement sexuel à l'opéra...mais sur scène.

Message par Bernard C » 11 nov. 2017, 16:42

Don José, harcelé par Carmen ( puis Carmen harcelée en retour par Don José)

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Re: Le harcèlement sexuel à l'opéra...mais sur scène.

Message par PlacidoCarrerotti » 11 nov. 2017, 16:53

Perso, ce qui me gonfle, ce sont les représentations devenues courantes de harcèlement ou de viol dans des ouvrages où ils n'ont rien à faire. Cette banalisation de la violence, utilisée par des metteurs en scène en panne d'imagination mais sans scrupules (j'en excepte les authentiques abrutis) participe de sa généralisation sous le prétexte hypocrite de sa stigmatisation.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Le harcèlement sexuel à l'opéra...mais sur scène.

Message par pingpangpong » 11 nov. 2017, 16:56

Oui je suis d'accord et il est préférable de s'en tenir aux cas prévus par les librettistes, sinon on ne va pas s'en sortir.
Quant à José, il ne demande qu'à être convaincu, non ?
Micaëla est sa régulière mais il se laisse vamper par cette cochonne de Carmen sans trop de résistance, résistance qui est, à mon sens, un des ingrédients du harcèlement.
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
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Re: Le harcèlement sexuel à l'opéra...mais sur scène.

Message par Bernard C » 11 nov. 2017, 17:15

pingpangpong a écrit :
11 nov. 2017, 16:56
Oui je suis d'accord et il est préférable de s'en tenir aux cas prévus par les librettistes, sinon on ne va pas s'en sortir.
Quant à José, il ne demande qu'à être convaincu, non ?
Micaëla est sa régulière mais il se laisse vamper par cette cochonne de Carmen sans trop de résistance, résistance qui est, à mon sens, un des ingrédients du harcèlement.
Il y a plusieurs choses :
-Il a peur du regard des andalouses et préfère éviter leur regard.
-Carmen commence à se moquer de lui, forçant l'échange
-elle arrache de son corsage une fleur
-elle la jete sur Don José

Don José est aussitôt agressé et l'exprime : " quelle effronterie !"

Après il y a moulte répétitions des avances, invites et promesses ( à connotation érotique) pour obtenir un avantage : l'évasion.
Au grave préjudice de Don José en service.

Etc...

CQFD

:wink:
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Re: Le harcèlement sexuel à l'opéra...mais sur scène.

Message par pingpangpong » 11 nov. 2017, 18:24

Agressé par une fleur...quel poète tu fais!
Mais le harcelé ne cède jamais; or, José oui, il cède (par faiblesse, par fascination, trop plein d'énergie sexuelle refoulée par sa relation chaste avec Micaëla....).
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
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Re: Le harcèlement sexuel à l'opéra...mais sur scène.

Message par Bernard C » 11 nov. 2017, 19:08

Si , si , le harcelé sexuel cède souvent .
C'est la victime la plus sévère , c'est le fait de l'agression par ascendance.
On s'en remet très difficilement.
Mais je ne sais pas si on doit porter cette discussion ici, c'est une discussion grave et hors sujet.

Ceci dit la passion de Don José est incluse dans cette structure .
Sujet sur la réserve, non entreprenant, peut être timide, il cède à la séduction pathogène qui fait effraction, subit des préjudices successifs ( des pertes) , il est sous dépendance .
Il perd son job, sa liberté, son honneur, sa fiancée, enfin l'objet du désir et pour finir subit l'humiliation du mépris.
( De surcroît , la mort de la mère en rajoute une couche... mais ça c'est un phénomène intercurrent)
C'est un processus rencontré dans la vie réelle.
Non rare .
À cet égard l'opéra de Bizet n'a rien d'imaginaire .

Le meurtre ou le suicide sont des issues ( ou des dépressions résistantes , véritables marasmes invalidant)

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Re: Le harcèlement sexuel à l'opéra...mais sur scène.

Message par Bernard C » 11 nov. 2017, 19:20

pingpangpong a écrit :
11 nov. 2017, 18:24
Agressé par une fleur...quel poète tu fais!
...
Ce n'est pas une "fleur".
C'est une metonymie.
Elle ne vient pas de n'importe où et n'est pas destinée à n'importe quoi , elle prolonge le corps de Carmen.
Elle est un signe sexuel direct.Elle a la puissance d'un objet fétiche ( d'ailleurs le principe magique est tout de suite énoncé dans l'opéra, et ça, ça a des effets dans le Réel immédiat.
Ce n'est pas le bouquet de violettes que tu offres à ton amoureuse aux premiers jours du printemps.)

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Re: Le harcèlement sexuel à l'opéra...mais sur scène.

Message par paco » 11 nov. 2017, 20:22

Je citerai :
- Don Giovanni (Zerlina)
- le Comte des Nozze di Figaro (Susanna)
A sa façon, même si on en rit, Falstaff est aussi un harceleur...

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Re: Le harcèlement sexuel à l'opéra...mais sur scène.

Message par Bernard C » 11 nov. 2017, 21:08

paco a écrit :
11 nov. 2017, 20:22
Je citerai :
- Don Giovanni (Zerlina)
- le Comte des Nozze di Figaro (Susanna)
A sa façon, même si on en rit, Falstaff est aussi un harceleur...
Je ne crois pas Paco qu'à propos de Falstaff on puisse le dire , non.

Les "lettres d'amour" qu'il expédie à Meg et à Alice n'ont pas de caractère directement agressif et elles ne sont pas susceptibles d’entrainer un grave préjudice pour leurs destinataires. Elles ne sont pas victimes . Elles seraient victimes de harcèlement sexuel s'il y avait eu répétition des sollicitations de la part de Sir John (par exemple l'envoi de lettres - à notre époque ce seraient des textos ou des coups de fils ou des emails à répétition ) , ce qui n'est pas le cas du tout , puisqu'au contraire , elles vont devenir elles-mêmes par renversement de situation , persécutrices , et à répétition .

Le harcèlement sexuel est défini soit par une pression suffisamment grave en vue d'obtenir un acte de nature sexuelle ( ce qui n'est pas le cas avec ces lettres sans conséquence et qui ne comportent aucune menace ou pression susceptible de lui permettre d'obtenir une satisfaction ) ou des comportements ou des propos répétés à connotation sexuelle ( ce qui n'est pas le cas chez Falstaff à l'égard des commères )

Ce qui va se passer après la réception des lettres est de l'initiative délibérée des femmes qui donnent de faux rendez-vous pour piéger Falstaff .

Par contre il va subir des agressions physiques et des harcèlements répétés d'ordre moral ( qui tomberaient eux sous le coup des lois actuelles de notre République :lol: )

àmha

Bernard

( le Comte et DG exercent eux un pouvoir , un ascendant pour obtenir des faveurs explicitement sexuelles ...c'est autre chose )
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