Le suicide à l'opéra
Re: Le suicide à l'opéra
je ne sais plus où j'ai lu ça, mais certains considèrent la mort de Senta (qui est dans le livret...) comme un suicide. Oui et non : elle sait qu'elle va mourir , mais c'est plus un sacrifice (elle ne se tue pas façon Tosca, Leonora ou Didon -Purcell, elle se met dans une situation qui conduit à la mort) qu'un suicide à proprement parler.
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)
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Re: Le suicide à l'opéra
Sur un coup de tête, pourquoi pas?
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"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
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Re: Le suicide à l'opéra
Soyons fous ! Pourquoi pas ?
On peut tout imaginer et réécrire si on s'ennuie tellement à vivre l'oeuvre telle qu'elle est.
Savoir se poser devant l'oeuvre et la regarder telle qu'elle est devient de plus en plus difficile tellement le besoin de renouveler son excitation est désespéré .
Il faut que ça saigne toujours plus, il faut "du nouveau" , il faut de la transgression pour que j'aie mon taff d'excitation.
Parallèlement l'époque ne crée presque plus rien, l'opéra contemporain est confidentiel et fort peu inspiré .
L'époque se contente de bricoler les génies disparus, de repeindre à la mode du temps leurs œuvres.
Au moins Duchamp en lui fichant des moustaches ne nous faisait pas croire qu'on était devant la Joconde.
Bernard
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v
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Re: Le suicide à l'opéra
Mais as-tu seulement réfléchi en profondeur à chaque phrase du texte de cette œuvre. Franchement, j'en doute fortement.Bernard C a écrit : ↑30 oct. 2017, 20:07Soyons fous ! Pourquoi pas ?
On peut tout imaginer et réécrire si on s'ennuie tellement à vivre l'oeuvre telle qu'elle est.
Tu confonds l'idée que tu t'en es toujours fait et ce qu'elle contient.
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Re: Le suicide à l'opéra
Dans la mise en scène de Warlikowski, ça n'a rien d'un coup de tête. Elle avale une fiole de poison qu'elle avait avec elle. Ca n'a rien d'impulsif, ce n'est pas comme si elle se jetait par la fenêtre, ou que, rentrée chez elle, elle décidait brusquement d'avaler le contenu d'un flacon de somnifères ou de se trancher les veines des poignets...Certes, dans le texte, elle dit qu'elle ne voit que la mort pour issue, mais ça ne veut pas dire qu'elle va passer à l'acte.
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Re: Le suicide à l'opéra
Elle est décidée dès qu'elle apparaît sur le seuil de la grande salle, effectivement.
On peut même penser qu'elle l'est dès la fin de l'acte IV où on la voit s'habiller totalement de noir, dans la cellule de Carlos.
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Re: Le suicide à l'opéra
Des princes qui se suicident, au XVIè siècle, ça ne devait pas courir les rues.
Sinon, avant Goethe, il y a Shakespeare et Hamlet : le prince y songe, mais ne franchit pas le pas.
Sinon, avant Goethe, il y a Shakespeare et Hamlet : le prince y songe, mais ne franchit pas le pas.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).
Re: Le suicide à l'opéra
Oui bien sûr, c'est bien plus " épais" que ça dans l'œuvre.micaela a écrit : ↑30 oct. 2017, 20:17Dans la mise en scène de Warlikowski, ça n'a rien d'un coup de tête. Elle avale une fiole de poison qu'elle avait avec elle. Ca n'a rien d'impulsif, ce n'est pas comme si elle se jetait par la fenêtre, ou que, rentrée chez elle, elle décidait brusquement d'avaler le contenu d'un flacon de somnifères ou de se trancher les veines des poignets...Certes, dans le texte, elle dit qu'elle ne voit que la mort pour issue, mais ça ne veut pas dire qu'elle va passer à l'acte.
Tout n'est pas acté , tout n'a pas de résolution .
C'est ce qu'on appelle en esthétique la sublimation.
Le signifiant n'a pas nécessairement de traduction dans le réel .
C'est bien ce qui me gène dans ces mises en scène, vouloir nous guider dans une figure : voyez ce qui est dessous je vous le mets au dessus de la pile.
( Et quand ça n'y est pas sous le texte on nous racontera que c'est dans les " racines" , dans les thèmes ou les textes d'origine , ou dans l'histoire etc... mais on nous racontera toujours que ça renvoie à une vérité révélée que nous n'avions pas su voir )
Bon je veux bien, ça m'amuse plutôt de lire ces débats sur les intentions du réalisateur ( plus que sur ce que l'oeuvre elle même nous donne) tant que le spectacle proposé ne contrarie pas trop cet état où la musique me transporte.
Bernard
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Re: Le suicide à l'opéra
La sublimation, c'est aussi la transformation d'un solide en gaz sans passer par la phase liquéfaction...
C'est intéressant, mais on s'éloigne du sujet, qui était : la présence du suicide (dans les livrets) sur les scènes d'opéra. Sinon, des mises en scène, même classiques, peuvent toujours rajouter des éléments au livret, ne serait-ce que dans les décors et accessoires, ou en ajoutant des figurants.
Et pour en revenir au sujet , quelques suicides scéniques de plus :
Butterfly , Herman et Lisa (la Dame de Pique -ce n'est pas un double suicide...), Ophélie (? pas 100% sûre que chez Ambroise Thomas ce soit un suicide), le suicide collectif des Vieux Croyants dans la Khovantchina...
C'est intéressant, mais on s'éloigne du sujet, qui était : la présence du suicide (dans les livrets) sur les scènes d'opéra. Sinon, des mises en scène, même classiques, peuvent toujours rajouter des éléments au livret, ne serait-ce que dans les décors et accessoires, ou en ajoutant des figurants.
Et pour en revenir au sujet , quelques suicides scéniques de plus :
Butterfly , Herman et Lisa (la Dame de Pique -ce n'est pas un double suicide...), Ophélie (? pas 100% sûre que chez Ambroise Thomas ce soit un suicide), le suicide collectif des Vieux Croyants dans la Khovantchina...
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Re: Le suicide à l'opéra
Impressionnant en effet le nombre de suicides dans l'opéra de la deuxième moitié du 19ème siècle....
Tout le problème est là en effet : le metteur en scène de ce DC prend le parti de tout prendre au pied de la lettre en quelque sorte et incontestablement dans les paroles d'Elisabeth, il y a la possibilité d'un suicide. Ce qui est plus discutable c'est qu'elle est bonne catholique pratiquante, très attachée à la religion et à ses obligations de reine et qu'il y a, dans son acte, une contradiction...David-Opera a écrit : ↑30 oct. 2017, 18:33A l'acte V, Elisabeth dit pourtant :"Qu'il suive mon chemin glorieux et béni!, Pour moi, ma tâche est faite, et mon jour est fini!", puis "Mon coeur n'a qu'un seul voeu, c'est la paix dans la mort!." - c'est à ce moment là que le metteur en scène fait apparaître le filtre et son poison. L'humeur suicidaire d'Elisabeth est très claire et permet une interprétation finale.
En même temps le meurtre de Scarpia est une vraie transgression pour la bonne catholique qu'elle est également (décidément ) et la mise en scène d'origine de Puccini lui fait poser religieusement deux cierges de chaque côté du corps de sa victime. Et elle ne se suicide que dans un état de désespoir total, acculée par les sbires au sommet d'un château sans issue. C'est presque une forme de fuite...
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
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