Le suicide à l'opéra
Le suicide à l'opéra
Vu que dans le fil Don Carlos on a beaucoup parlé du tempérament suicidaire du personnage, et du suicide (non prévu au livret) d'Elisabeth, j'ai eu envie d'aborder le thème d'une façon générale.
Il me semble que le suicide est très présent tout particulièrement dans l'opéra du XIXème (pour le baroque, je ne sais pas), peut-être sous influence d'une certaine tendance du romantisme (le côté sombre du "romantisme noir"), qu'il s'agisse de suicide à proprement parler (Werther par exemple) ou de personnages allant volontairement à la mort (Norma, Maddalena de Coigny), ou de personnages ayant un comportement dont ils savent bien qu'il peut mener à la mort (Carmen-c'est encore plus net dans la nouvelle de Mérimée). Et ceci y compris dans des adaptations d'œuvres bien antérieures au XIXème siècle (Otello ou Roméo et Juliette, par exemple).
Il me semble que le suicide est très présent tout particulièrement dans l'opéra du XIXème (pour le baroque, je ne sais pas), peut-être sous influence d'une certaine tendance du romantisme (le côté sombre du "romantisme noir"), qu'il s'agisse de suicide à proprement parler (Werther par exemple) ou de personnages allant volontairement à la mort (Norma, Maddalena de Coigny), ou de personnages ayant un comportement dont ils savent bien qu'il peut mener à la mort (Carmen-c'est encore plus net dans la nouvelle de Mérimée). Et ceci y compris dans des adaptations d'œuvres bien antérieures au XIXème siècle (Otello ou Roméo et Juliette, par exemple).
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)
Re: Le suicide à l'opéra
Pour le baroque ce serait bien surprenant, quand Goethe publie les souffrances du jeune Werther à la fin du XVIIIe (en 1774, merci Wikipedia), le suicide est encore un sujet "tabou", en tout cas très peu représentable et représenté.micaela a écrit : ↑30 oct. 2017, 17:48Vu que dans le fil Don Carlos on a beaucoup parlé du tempérament suicidaire du personnage, et du suicide (non prévu au livret) d'Elisabeth, j'ai eu envie d'aborder le thème d'une façon générale.
Il me semble que le suicide est très présent tout particulièrement dans l'opéra du XIXème (pour le baroque, je ne sais pas), peut-être sous influence d'une certaine tendance du romantisme (le côté sombre du "romantisme noir"), qu'il s'agisse de suicide à proprement parler (Werther par exemple) ou de personnages allant volontairement à la mort (Norma, Maddalena de Coigny), ou de personnages ayant un comportement dont ils savent bien qu'il peut mener à la mort (Carmen-c'est encore plus net dans la nouvelle de Mérimée). Et ceci y compris dans des adaptations d'œuvres bien antérieures au XIXème siècle (Otello ou Roméo et Juliette, par exemple).
Re: Le suicide à l'opéra
Effectivement. Mais le baroque a beaucoup puisé son inspiration dans les textes antiques et le suicide 'y est pas absent. Ca m'étonnerait qu'on n'y trouve aucun personnage ayant un comportement suicidaire (même si ça se passait hors champ). Ca devait pouvoir mieux passer avec des personnages antiques. Mais on doit davantage trouver de personnages se sacrifiant (mais sans se tuer ). C'est surtout que je n'y connais rien en opéra baroque.
Je n'en sais d'ailleurs pas plus à propos de l'opéra du XXème siècle.
Je n'en sais d'ailleurs pas plus à propos de l'opéra du XXème siècle.
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)
Re: Le suicide à l'opéra
Tiens c'est vrai je n'y avais pas pensé, mais dans Didon et Enee de Purcell il me semble bien qu'elle se suicide, donc les sources antiques doivent constituer un bon prétexte pour contourner la bienséance!micaela a écrit : ↑30 oct. 2017, 18:02Effectivement. Mais le baroque a beaucoup puisé son inspiration dans les textes antiques et le suicide 'y est pas absent. Ca m'étonnerait qu'on n'y trouve aucun personnage ayant un comportement suicidaire (même si ça se passait hors champ). Ca devait pouvoir mieux passer avec des personnages antiques. Mais on doit davantage trouver de personnages se sacrifiant (mais sans se tuer ). C'est surtout que je n'y connais rien en opéra baroque.
Je n'en sais d'ailleurs pas plus à propos de l'opéra du XXème siècle.
Re: Le suicide à l'opéra
Oui, elle avale du poison, si je me rappelle bien. C'est d'ailleurs mourante qu'elle chante son When i'm laid in earth. Les règles de bienséance ne sont sans doute pas les mêmes suivant les pays et les périodes (dans le théâtre classique français, les morts étaient toujours hors champ, alors qu'on meurt beaucoup sur scène chez Shakespeare, y compris par suicide, à une époque où les femmes -en Angleterre- étaient bannies des scènes).
Par contre, au XIXème (et début du XXème, c'est après que je ne sais pas), les suicides sur scène abondent : en plus de ceux déjà cités, Tosca, évidemment, Leonora (du Trouvère) qui avale du poison, par exemple...
Par contre, au XIXème (et début du XXème, c'est après que je ne sais pas), les suicides sur scène abondent : en plus de ceux déjà cités, Tosca, évidemment, Leonora (du Trouvère) qui avale du poison, par exemple...
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)
- David-Opera
- Basse
- Messages : 7823
- Enregistré le : 06 févr. 2004, 00:00
- Localisation : Boulogne Billancourt
- Contact :
Re: Le suicide à l'opéra
A l'acte V, Elisabeth dit pourtant :"Qu'il suive mon chemin glorieux et béni!, Pour moi, ma tâche est faite, et mon jour est fini!", puis "Mon coeur n'a qu'un seul voeu, c'est la paix dans la mort!." - c'est à ce moment là que le metteur en scène fait apparaître le filtre et son poison. L'humeur suicidaire d'Elisabeth est très claire et permet une interprétation finale.
http://fomalhaut.over-blog.org/
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.
Re: Le suicide à l'opéra
Ah je ne sais pas... qu'elle soit d'humeur suicidaire pourquoi pas, qu'elle passe à l'acte c'est une autre paire de manches! Elle semble si raisonnable cette reine, si forte (finalement dans le couple Carlos/Elisabeth, c'est elle qui est "virile"!), certes brisée par un destin contraire, mais pas tellement du genre à fuir son devoir, si?David-Opera a écrit : ↑30 oct. 2017, 18:33A l'acte V, Elisabeth dit pourtant :"Qu'il suive mon chemin glorieux et béni!, Pour moi, ma tâche est faite, et mon jour est fini!", puis "Mon coeur n'a qu'un seul voeu, c'est la paix dans la mort!." - c'est à ce moment là que le metteur en scène fait apparaître le filtre et son poison. L'humeur suicidaire d'Elisabeth est très claire et permet une interprétation finale.
Re: Le suicide à l'opéra
A l'époque baroque, l'antiquité devait faire passer la pilule puisque les personnages n'étaient pas chrétiens comme dans Catone in Utica ou L'incoronazione di Poppea.
Bien plus tard, Tosca se suicide mais elle a déjà une profession qui la prédispose au péché. Liù n'est pas chrétienne, Abigaïlle non plus. Mais Leonora du Trovatore file un mauvais coton, Roméo et Juliette aussi.
Bien plus tard, Tosca se suicide mais elle a déjà une profession qui la prédispose au péché. Liù n'est pas chrétienne, Abigaïlle non plus. Mais Leonora du Trovatore file un mauvais coton, Roméo et Juliette aussi.
Re: Le suicide à l'opéra
Tosca et Abigaille, ainsi que Leonora, datent d'une époque où le sujet n'était plus aussi tabou. Du moins sur scène : en Grande Bretagne, jusqu'à une époque pas très ancienne -que je ne date pas exactement, rater sa tentative de suicide pouvait vous mener devant la justice, ou du moins donner lieu à une enquête-si je me fie à la littérature et au cinéma.
Les œuvres de fiction qui nous occupent ne se préoccupent d'ailleurs pas du sort post-mortem des suicidés. Ils se tuent, point barre. Il y a quand même au moins une œuvre '(je ne sais plus laquelle), où dans les dialogues, le personnage reconnaît faire là un acte qui mène en enfer...Les tabous scéniques ne sont pas forcément ceux de la société ...
Les œuvres de fiction qui nous occupent ne se préoccupent d'ailleurs pas du sort post-mortem des suicidés. Ils se tuent, point barre. Il y a quand même au moins une œuvre '(je ne sais plus laquelle), où dans les dialogues, le personnage reconnaît faire là un acte qui mène en enfer...Les tabous scéniques ne sont pas forcément ceux de la société ...
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)
Re: Le suicide à l'opéra
Oui il n'y a guère qu'à l'opéra que le suicide soit si simple comme dénouement.
Et même quand ce n'est pas prévu combien de fois on trouve le moyen d'en inventer !
Combien de Tristan et de Siegmund se sont suicidés ces dernières années !
Maintenant on suiciderait les Don Carlos et les Elisabeth !
Bernard
Et même quand ce n'est pas prévu combien de fois on trouve le moyen d'en inventer !
Combien de Tristan et de Siegmund se sont suicidés ces dernières années !
Maintenant on suiciderait les Don Carlos et les Elisabeth !
Bernard
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v