Verdi et vous (on se dit tout)

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13%
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34
43%
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3
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2
3%
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7
9%
 
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mariuszbartok
Mezzo Soprano
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Re: Verdi et vous (on se dit tout)

Message par mariuszbartok » 18 mars 2020, 08:20

Loïs a écrit :
29 juil. 2017, 14:39
Pour moi le problème que je vis avec cet opéra c'est tout simplement que Falstaff n'est absolument pas une comédie mais une tragédie humaine.
Cette histoire de ce troupeau de pouffiasses harcelant ce pauvre Sir John est édifiante : elles sont femmes , il est homme; elles sont bourgeoises, il est noble (et du plus haut lignage), la société leur refuse tout rôle non domestique, il est le bras droit du roi, elles sont épouses de petits bourgeois, il est richissime, elles n'ont reçu qu'une éducation domestique, il a une culture picdelamirandolienne, etc....
Leur harcèlement car il s'agit bien d'harcèlement au delà de la première vengeance n'est qu'une motivation mesquine de revanche sociale. C'est aussi la fin d'un monde basé sur l'amour courtois et les joutes culturelles, la victoire du médiocre populacier.
J'attends toujours le metteur en scène qui aura aussi cette vision (et qui se fera massacré par le public aux saluts ) :mrgreen:

Je suis extrêmement triste à chaque fois devant ce pauvre Sir John harcelé comme dans la fable du lion et du moucheron et je ressens beaucoup de tendresse comme Mrs Quickly à sa mort chez Shaespeare
Je déterre ce fil car je me rappelais ce message de Loïs, et hier, en lisant du Balzac, je suis tombé sur ce passage :

« Comment des personnages aussi célèbres que des rois ou des reines, comment des personnages aussi importants que des généraux d'armée deviennent-ils un objet d'horreur ou de dérision ? [...] Personne ne se doute combien l'imprimerie a donné de consistance et à l'envie qui s'attache aux gens élevés et aux plaisanteries populaires qui résument en sens contraire un grand fait historique. Ainsi, le nom du prince de Polignac est donné dans toute la France aux mauvais chevaux sur lesquels on frappe. Et qui sait ce que l'avenir pensera du coup d'État du prince de Polignac ? Par suite d'un caprice de Shakespeare, et peut-être fut-ce une vengeance comme celle de Beaumarchais contre Bergasse, Falstaff est, en Angleterre, le type du ridicule, son nom provoque le rire. C'est le roi des clowns. Au lieu d'être énormément replet, sottement amoureux, vain, ivrogne, vieux, corrupteur, Falstaff était un des personnages les plus importants de son siècle, chevalier de l'ordre de la Jarretière, et revêtu d'un commandement supérieur. À l'avènement de Henri V au trône, sir Falstaff avait au plus trente-quatre ans. Ce général, qui se signala pendant la bataille d'Azincourt et y fit prisonnier le duc d'Alençon, prit en 1420 Montereau, qui fut vigoureusement défendu. Enfin sous Henri VI, il battit dix mille Français avec quinze cents soldats fatigués et mourants de faim ! Voilà pour la guerre. Si de là nous passons à la littérature, chez nous Rabelais, homme sobre qui ne buvait que de l'eau, passe pour un amateur de bonne chère, pour un buveur déterminé. Mille contes ridicules ont été faits sur l'auteur d'un des plus beaux livres de la littérature française, le Pantagruel. »

Ce texte est extrait du début de l'Introduction qu'Honoré de Balzac accole aux trois fictions historiques qu'il réunit sous le titre Sur Catherine de Médicis, écrits dans les années 1830 et réunis pour la première fois en 1846. (dans la Pléiade, c'est le volume XI de La Comédie humaine, p. 168-169)
Dans l'Introduction, Balzac qui fait une sorte d'essai historique sur le devenir des personnages illustres dans la mémoire collective. Il cherche en effet à réhabiliter la figure de Catherine de Médicis, et avant d'en venir à son cas, nous parle de Falstaff, de Rabelais, de Napoléon Bonaparte, etc.

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