Les grandes interprètes d'Abigaille (Nabucco, Verdi)
Re: Les grandes interprètes d'Abigaille (Nabucco, Verdi)
Je crois qu'il faudrait ajouter à tous ces noms celui de Tatiana Serjan. Je ne l'ai jamais entendu in vivo dans ce rôle (et je ne sais pas si j'aurai cette chance, puisqu'elle semble se consacrer à Odabella et Lady Macbeth désormais), mais on trouve sur In Fernem Land le premier acte de Nabucco avec Serjan en Abigaille dans un enregistrement d'une production donnée à Chicago en 2016 et aussi sur Voldemort un enregistrement du grand air d'Abigaille, et c'est vraiment hallucinant ! Le saut d'octaves à la fin du « récitatif » du début de l'acte II est inouï (même si j'avoue que la voix de poitrine est faiblement soutenue).
Je sais que Scotto n'est pas très appréciée dans ce rôle, mais moi j'adore... À vrai dire je préfère largement là-dedans l'absolument sauvage et le chant débridé au certes sauvage mais plus tempéré et au chant plus maîtrisé (mais j'avoue que ce n'est pas systématique, j'adore Varady et j'apprécie Suliotis, après je connais moins ou pas). Dimitrova c'est très bien, j'aime beaucoup, c'est assez brillant, mais ça reste un peu trop statique à mon goût.
Je sais que Scotto n'est pas très appréciée dans ce rôle, mais moi j'adore... À vrai dire je préfère largement là-dedans l'absolument sauvage et le chant débridé au certes sauvage mais plus tempéré et au chant plus maîtrisé (mais j'avoue que ce n'est pas systématique, j'adore Varady et j'apprécie Suliotis, après je connais moins ou pas). Dimitrova c'est très bien, j'aime beaucoup, c'est assez brillant, mais ça reste un peu trop statique à mon goût.
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
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Re: Les grandes interprètes d'Abigaille (Nabucco, Verdi)
Et Sylvie Valayre ? Le peu que j'ai vu d'elle (YT toujours !) montre une remarquable Abigaïl qui triomphe même du ridicule dont le metteur en scène a osé l'entourer, la voyant comme une reine des abeilles et se montrant digne de sa Lady Macbeth ! Et puis Raffaella Angeletti, vue à Nancy même il y a quelques années et qui a fait plus que sauver le spectacle, beaucoup plus même. Plus qu'une remplaçante, c'était une soprano aguerrie aux rôles les plus exposés comme Turandot et Abigaïl
Mais, Jerôme, était-ce vraiment Gulin qui a chanté Abigaïl en 77 ou 78 ? En effet, dans les Opera International et Lyrica, ils disent qu'elle avait été remplacée (décidément !) par Claudia Parada...
Mais, Jerôme, était-ce vraiment Gulin qui a chanté Abigaïl en 77 ou 78 ? En effet, dans les Opera International et Lyrica, ils disent qu'elle avait été remplacée (décidément !) par Claudia Parada...
Re: Les grandes interprètes d'Abigaille (Nabucco, Verdi)
Ben c'est surtout qu'elle n'a ni de près ni de loin la voix de ce rôle terriblement éprouvant! Tout ce qui est au-dessus de la portée est horriblement tendu voire crié. La voix manque terriblement de la largeur vocale requise pour ce rôle.
Ah ben tu as plutôt raison de préférer ça sauf que ça c'est pas du tout Scotto!
Re: Les grandes interprètes d'Abigaille (Nabucco, Verdi)
L'expérience s'est limitée au disque non?
Re: Les grandes interprètes d'Abigaille (Nabucco, Verdi)
Je n'ai pas ces impressions. Tout dépend de ce qu'on entend par « largeur vocale ». À mes humbles oreilles, la voix de Scotto au disque (enregistrement de Muti) est très « large », car très charnue, et elle semble pouvoir démolir des temples en chantant (la voix de Dimitrova par exemple est plus acérée et métallique — les temples, elle les fend ; par contre Sinopoli derrière, dans « Salgo gia » notamment, il est complètement survolté : je rêve d'une version Scotto-Sinopoli).
Par ailleurs, tout ce qui est au-dessus de la portée n'est pas tendu, au-dessus du la un peu c'est vrai (ça n'est pas systématique), mais elle monte jusqu'au contre-ut sans trop de problème (et c'est presque juste !). Elle a un vibrato large très envahissant, c'est vrai, mais là-dedans j'adore ça. Dans ce Verdi-là, j'aime ce type de chant que je n'arrive pas à appeler autrement que « chant cadre » (c'est comme la Lady de Zampieri, mais pour des raisons différentes).
J'ai écouté ce week-end de nombreuses Abigaille dans la scène du II, et j'ai trouvé que Scotto était celle qui dans le récitatif notamment articulait le mieux le texte (Dimitrova n'étant pas très bonne à cette exercice).
Je crois que j'ai un peu « mauvais goût » .
Tu penses à qui ?
Suliotis j'adore aussi, mais ses graves lors de son entrée sont assez ridicules, et elle ne me fait pas peur .
En plus, on dirait qu'il y a un bidouillage à la fin de « Salgo gia », on entend deux voix. Enfin, c'est un détail, parce que c'est l'une des meilleures, incontestablement !
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Re: Les grandes interprètes d'Abigaille (Nabucco, Verdi)
Dans la série "mauvais goût", tu as Maria Guleghina dans le genre "je vais te péter le potentiomètre" et "où puis je rajouter des suraigus? Dans les récitatifs? chiche!" : une voix phénoménale qui a les moyens du rôle, elle, et avec une conception stylistique proportionnelle à la poigne du chef.
Il y a un enregistrement japonais avec Bruson .
Re: Les grandes interprètes d'Abigaille (Nabucco, Verdi)
Miam je vais écouter ça
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Re: Les grandes interprètes d'Abigaille (Nabucco, Verdi)
Bou Diou, en reparlant d'Abigaille je me suis souvenu d'Elizabeth Connel à Orange que j'avais appréciée (contrairement à Dimitrova la fois d'avant, aie pas sur la tête ) et viens de tomber sur une enregistrement sur Voldemort en 96 à Sydney :la mise en scène est absolument à voir, c'est à hurler de rire. On ne sait pas s'il s'agit d'une kermesse, du résultat d'une soirée de beuverie...
Re: Les grandes interprètes d'Abigaille (Nabucco, Verdi)
Ce n'est pas une question d'impressions ...Adalbéron a écrit : ↑09 mai 2017, 23:03Je n'ai pas ces impressions. Tout dépend de ce qu'on entend par « largeur vocale ». À mes humbles oreilles, la voix de Scotto au disque (enregistrement de Muti) est très « large », car très charnue, et elle semble pouvoir démolir des temples en chantant (la voix de Dimitrova par exemple est plus acérée et métallique — les temples, elle les fend ; par contre Sinopoli derrière, dans « Salgo gia » notamment, il est complètement survolté : je rêve d'une version Scotto-Sinopoli).
Par ailleurs, tout ce qui est au-dessus de la portée n'est pas tendu, au-dessus du la un peu c'est vrai (ça n'est pas systématique), mais elle monte jusqu'au contre-ut sans trop de problème (et c'est presque juste !). Elle a un vibrato large très envahissant, c'est vrai, mais là-dedans j'adore ça. Dans ce Verdi-là, j'aime ce type de chant que je n'arrive pas à appeler autrement que « chant cadre » (c'est comme la Lady de Zampieri, mais pour des raisons différentes).
J'ai écouté ce week-end de nombreuses Abigaille dans la scène du II, et j'ai trouvé que Scotto était celle qui dans le récitatif notamment articulait le mieux le texte (Dimitrova n'étant pas très bonne à cette exercice).
Je ne vais pas faire le listing (trop long) des rôles dont Scotto n'a jamais eu la voix et qui ont malmené sa voix de façon irréversible mais Mesdames Suliotis et Dimitrova avaient des voix autrement plus larges qu'elle (affaire timbre ET de volume ET de projection vocale enrobante à la fois).
Scotto, ce n'était pas petit comme voix mais ce n'était pas immense non plus! Les Caballé et Sutherland la dépassaient allègrement sur ce terrain là (largeur et projection) et pour cause, elle n'était à la base qu'un talentueux soprano lirico leggero qui se voyait pourtant l'égale de Callas (ce qu'elle n'a jamais pu être faute de moyens vocaux!).
En revanche, là où je peux te rejoindre, c'est sur les extraordinaires qualités de Scotto en tant que diseuse (c'est d'ailleurs son seul vrai point commun avec Callas!)
Re: Les grandes interprètes d'Abigaille (Nabucco, Verdi)
Je n'ai jamais entendu ces chanteuses qu'en CD (la projection et le volume, ça ne s'entend pas vraiment au disque).jerome a écrit : ↑10 mai 2017, 06:31Ce n'est pas une question d'impressions ...
Je ne vais pas faire le listing (trop long) des rôles dont Scotto n'a jamais eu la voix et qui ont malmené sa voix de façon irréversible mais Mesdames Suliotis et Dimitrova avaient des voix autrement plus larges qu'elle (affaire timbre ET de volume ET de projection vocale enrobante à la fois).
Scotto, ce n'était pas petit comme voix mais ce n'était pas immense non plus! Les Caballé et Sutherland la dépassaient allègrement sur ce terrain là (largeur et projection) et pour cause, elle n'était à la base qu'un talentueux soprano lirico leggero qui se voyait pourtant l'égale de Callas (ce qu'elle n'a jamais pu être faute de moyens vocaux!).
En revanche, là où je peux te rejoindre, c'est sur les extraordinaires qualités de Scotto en tant que diseuse (c'est d'ailleurs son seul vrai point commun avec Callas!)
Peut-être Scotto n'aurait-elle pas pu chanter Abigaille en salle, mais si le CD ne permettait pas de produire ce genre de miracle, nous n'aurions pas non plus l'Isolde de Price et la Salome de Studer.
Il est évident que certains rôles ont usé la voix merveilleuse qu'elle avait lors des premières années de sa carrière (sa Gilda avec Bastianini est sublime...). Mais d'où tiens-tu qu'elle se voulait l'égale de Callas ? C'est une déclaration qu'elle a faite ? (Elle y aurait aussi réussi en ayant le même vibrato dans les aigus que Callas à la fin de sa carrière ). Je demande cela, parce que Studer et Ricciarelli aussi ont vu leur voix détériorée par certaines prises de rôle, mais ça n'était pas tant la volonté d'être l'égale de qui que ce soit que la pression des chefs, des producteurs, des maisons de disques etc.
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