Bilan de S. Lissner à mi-mandat
Bilan de S. Lissner à mi-mandat
Pour moi, il a un point fort, son directeur de casting
Pour le reste, il y a fort peu de productions marquantes, peu d'audace en matière d'entrée au répertoire, de l"efficacité mais peu d'éclat.
Pour le reste, il y a fort peu de productions marquantes, peu d'audace en matière d'entrée au répertoire, de l"efficacité mais peu d'éclat.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Bilan de S. Lissner à mi-mandat
Pour moi :
- oui d'accord avec toi, son point fort est son directeur de casting. Munich excepté, c'est clairement à Paris que l'on trouve depuis 3 ans les distributions et propositions (chef, metteur en scène, ...) les plus excitantes... sur le papier du moins...
- ... car son point faible a été que quasiment aucun de ses spectacles ne s'est révélé aussi marquant que ce que le programme papier promettait. La raison principale en est, selon moi, le fait que Bastille vieillit mal et qu'il devient difficile d'y ressentir des émotions aussi fortes que dans d'autres salles (manque de proximité avec les chanteurs, observation "passive" du spectacle transformé en belles images de par la configuration de la salle, problèmes acoustiques à certains emplacements, etc.). Un vieux débat récurrent sur OdB, régulièrement relancé par Placido et moi, et qui me semble "la" circonstance atténuante qui explique que le mandat Lissner ne laissera aucun spectacle "mémorable", à l'exception peut-être de Don Carlos (malgré quantité de défauts)
- ceci étant, si on replace l'ONP dans le contexte international (ROH, Met, Munich etc.), je trouve que Lissner a redonné un lustre que l'ONP avait perdu sous le mandat Joël, et même sur la fin du mandat Mortier (déjà absorbé par ses projets madrilènes). Clairement, si on compare, sur le papier, les saisons en Europe 2017-2018 et 2018-2019, c'est à l'ONP qu'il y a le plus de propositions alléchantes (ce qui est encore plus sensible avec le déclin de salles comme le ROH - distributions faiblardes- ou encore la Monnaie - saisons réduites à la portion congrue-)
- si, par ailleurs, on se dit "mais qui à la place de Lissner ?", eh bien, euh... on réalise que finalement on n'est pas si mal loti avec lui...
- son échec concernant le ballet est patent. Mais le déclin du Ballet de l'ONP avait commencé bien avant lui et ne peut lui être imputé à 100%, même si la nomination de Mlle Dupont, prise trop rapidement sous un effet de panique, fut une grosse erreur stratégique.
- enfin, son second échec fut de ne pas avoir réussi à faire évoluer la mentalité de l'institution, qui reste irrémédiablement une administration coûteuse incapable de tisser des liens forts avec son public, ce qui à l'époque des réseaux sociaux est une vraie faiblesse. Il suffit de comparer avec ROH, Munich, Vienne, Bolchoi, Met, etc. pour mesurer le fossé qui s'est creusé en matière de politique vidéo, Youtube, réseaux sociaux, dans tous les domaines (préparation aux spectacles, échanges, retransmissions, répétitions publiques, événements collaboratifs etc.). A cela s'ajoute une charge toujours trop élevée de l'administration en comparaison du budget artistique, surtout si l'on compare, là encore, avec les autres institutions en Europe.
Mais malgré ces faiblesses, reste pour moi un mi-mandat très acceptable, de niveau international incontestablement, et en tous cas difficilement surpassable dans le contexte actuel de l'ONP. J'ajouterai que côté chefs d'orchestre, le mandat Lissner nous a redonné un brio, un prestige que l'ONP avait perdu depuis plusieurs décennies (je parle des chefs invités). Au point de dépasser largement ses concurrents européens dans ce domaine.
- oui d'accord avec toi, son point fort est son directeur de casting. Munich excepté, c'est clairement à Paris que l'on trouve depuis 3 ans les distributions et propositions (chef, metteur en scène, ...) les plus excitantes... sur le papier du moins...
- ... car son point faible a été que quasiment aucun de ses spectacles ne s'est révélé aussi marquant que ce que le programme papier promettait. La raison principale en est, selon moi, le fait que Bastille vieillit mal et qu'il devient difficile d'y ressentir des émotions aussi fortes que dans d'autres salles (manque de proximité avec les chanteurs, observation "passive" du spectacle transformé en belles images de par la configuration de la salle, problèmes acoustiques à certains emplacements, etc.). Un vieux débat récurrent sur OdB, régulièrement relancé par Placido et moi, et qui me semble "la" circonstance atténuante qui explique que le mandat Lissner ne laissera aucun spectacle "mémorable", à l'exception peut-être de Don Carlos (malgré quantité de défauts)
- ceci étant, si on replace l'ONP dans le contexte international (ROH, Met, Munich etc.), je trouve que Lissner a redonné un lustre que l'ONP avait perdu sous le mandat Joël, et même sur la fin du mandat Mortier (déjà absorbé par ses projets madrilènes). Clairement, si on compare, sur le papier, les saisons en Europe 2017-2018 et 2018-2019, c'est à l'ONP qu'il y a le plus de propositions alléchantes (ce qui est encore plus sensible avec le déclin de salles comme le ROH - distributions faiblardes- ou encore la Monnaie - saisons réduites à la portion congrue-)
- si, par ailleurs, on se dit "mais qui à la place de Lissner ?", eh bien, euh... on réalise que finalement on n'est pas si mal loti avec lui...
- son échec concernant le ballet est patent. Mais le déclin du Ballet de l'ONP avait commencé bien avant lui et ne peut lui être imputé à 100%, même si la nomination de Mlle Dupont, prise trop rapidement sous un effet de panique, fut une grosse erreur stratégique.
- enfin, son second échec fut de ne pas avoir réussi à faire évoluer la mentalité de l'institution, qui reste irrémédiablement une administration coûteuse incapable de tisser des liens forts avec son public, ce qui à l'époque des réseaux sociaux est une vraie faiblesse. Il suffit de comparer avec ROH, Munich, Vienne, Bolchoi, Met, etc. pour mesurer le fossé qui s'est creusé en matière de politique vidéo, Youtube, réseaux sociaux, dans tous les domaines (préparation aux spectacles, échanges, retransmissions, répétitions publiques, événements collaboratifs etc.). A cela s'ajoute une charge toujours trop élevée de l'administration en comparaison du budget artistique, surtout si l'on compare, là encore, avec les autres institutions en Europe.
Mais malgré ces faiblesses, reste pour moi un mi-mandat très acceptable, de niveau international incontestablement, et en tous cas difficilement surpassable dans le contexte actuel de l'ONP. J'ajouterai que côté chefs d'orchestre, le mandat Lissner nous a redonné un brio, un prestige que l'ONP avait perdu depuis plusieurs décennies (je parle des chefs invités). Au point de dépasser largement ses concurrents européens dans ce domaine.
Re: Bilan de S. Lissner à mi-mandat
Grand merci Paco, j'adhère complètement et valide chacun de tes mots
j'y ajoute juste un point, pour moi sa personnalité de chef d'entreprise aura aussi infléchi la politique de la Garnde boutique avec une approche plus commerciale et respectueuse du public.
j'y ajoute juste un point, pour moi sa personnalité de chef d'entreprise aura aussi infléchi la politique de la Garnde boutique avec une approche plus commerciale et respectueuse du public.
Re: Bilan de S. Lissner à mi-mandat
oui, dans tous ses mandats, depuis toujours (sauf peut-être au Châtelet) les propositions de SL ont été beaucoup plus brillantes sur le papier que dans leur concrétisation
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Bilan de S. Lissner à mi-mandat
Sauf du public qui aime attendre les artistes à l'issue du spectacle alors...Ce qui déplait aussi à certaines grandes stars habituées à un tout autre accueil à leur sortie (j'y vais pour ma part 2 fois par an en moyenne aux beaux jours puisqu'il est inconcevable d’attendre dans le froid derrière une barrière)
Après oui, il y a eu des gestes commerciaux forts et très agréables comme après l'annulation de JK pour Hoffmann ou le récent Trovatore à décor unique
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Re: Bilan de S. Lissner à mi-mandat
Comme je suis d'accord avec tout ce qui a été écrit ci-dessus je me dépêche de répondre, mais je mets un bémol sur les distributions.
Ce n'est pas parce qu'on a eu Kaufmann (le directeur du casting ne doit pas y être pour grand chose) qu'elles sont si formidables que ça.
Rien que pour les ténors, hors JK, c'est Hymel ou Alvarez le plus souvent. Un peu de Grigolo et de RA (parfois pour quelques soirées !). Beczala est rare. Osborn : une fois. Beaucoup de pointures manquent à l'appel : Florez, Calleja, Camarena, Polenzani, Kunde.
L'ONP sera passé complètement à côté de Gould et de Stemme (comme par le passé, à côté de Sctotto, Horne, Kraus, Norman...).
En revanche, nous avons eu notre lot de chanteurs sous-dimensionnés.
Alors, certes, c'est en net amélioration depuis Nicolas Joel, mais il n'y pas non plus de quoi se taper le cul par terre sur l'air de la Traviata.
Ce n'est pas parce qu'on a eu Kaufmann (le directeur du casting ne doit pas y être pour grand chose) qu'elles sont si formidables que ça.
Rien que pour les ténors, hors JK, c'est Hymel ou Alvarez le plus souvent. Un peu de Grigolo et de RA (parfois pour quelques soirées !). Beczala est rare. Osborn : une fois. Beaucoup de pointures manquent à l'appel : Florez, Calleja, Camarena, Polenzani, Kunde.
L'ONP sera passé complètement à côté de Gould et de Stemme (comme par le passé, à côté de Sctotto, Horne, Kraus, Norman...).
En revanche, nous avons eu notre lot de chanteurs sous-dimensionnés.
Alors, certes, c'est en net amélioration depuis Nicolas Joel, mais il n'y pas non plus de quoi se taper le cul par terre sur l'air de la Traviata.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).
Re: Bilan de S. Lissner à mi-mandat
Ca je reconnais que cela ne fait pas partie de mon univers et que j'ai abandonné l'idée d'attendre depuis la mort de Caruso qui chantait sur le toit de sa voiture pour le petit public italien qui n'avait pas pu entrerJdeB a écrit : ↑11 sept. 2018, 08:45Sauf du public qui aime attendre les artistes à l'issue du spectacle alors...Ce qui déplait aussi à certaines grandes stars habituées à un tout autre accueil à leur sortie (j'y vais pour ma part 2 fois par an en moyenne aux beaux jours puisqu'il est inconcevable d’attendre dans le froid derrière une barrière)
Re: Bilan de S. Lissner à mi-mandat
C'est très peu répandu en France contrairement en Autriche ou au Japon par exemple mais on y trouve les hyper spectateurs qui font l'objet essentiel de mon enquête.Loïs a écrit : ↑11 sept. 2018, 09:13Ca je reconnais que cela ne fait pas partie de mon univers et que j'ai abandonné l'idée d'attendre depuis la mort de Caruso qui chantait sur le toit de sa voiture pour le petit public italien qui n'avait pas pu entrerJdeB a écrit : ↑11 sept. 2018, 08:45Sauf du public qui aime attendre les artistes à l'issue du spectacle alors...Ce qui déplait aussi à certaines grandes stars habituées à un tout autre accueil à leur sortie (j'y vais pour ma part 2 fois par an en moyenne aux beaux jours puisqu'il est inconcevable d’attendre dans le froid derrière une barrière)
Puis j'aime bien les autographes pour moi et en offrir
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Bilan de S. Lissner à mi-mandat
j'ai reçu une interview par écrit truffée de fautes mais jamais en dédicace
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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