Dans la salle hier soir, depuis le premier balcon, beaucoup de belles choses mais souvent des chanteurs que j'ai trouvés un peu sous-surdimensionnés pour leurs airs.
Goicoechea de beaux moyens, mais pas toujours maîtrisés et un peu trop couvert à mon goût.
Carpentier, je trouve que les Puritains et le Poison c'est trop tôt. La cabalette du premier air ne lui va pas encore et le second air, même si crânement affronté, dépasse pour l'instant ses moyens. J'ai un peu pensé en l'écoutant à Elsa Dreisig. Mais la maturité vocale et artistique de la jeune femme est assez exceptionnelle, surtout pour 22 ans. Espérons qu'elle sera bien conseillée quant aux engagements à venir.
Séguin mieux chantant que par la passé, plus mordant et moins engorgé, mais la voix n'est vraiment pas grande et ne porte pas très loin.
Posman assez transparente, c'est celle dont je me souviens le moins.
Boudeville souvent un peu placide, pas très expressive à mon goût et assez indifférente au texte dans Louise selon moi, mais une grande et belle voix, ça fait vraiment du bien. Elle chante superbement, l'aigu est déconcertant de facilité. Ernani un peu trop large pour elle, mais enthousiasmant... et avec cabalette. Le public s'est vraiment enflammé après, preuve qu'une grande voix fait toujours son effet.
Pancrazi, superbe styliste et musicienne, très beau début de Cenerentola, mais elle était malheureusement en difficulté à la fin. Superbe Conception en revanche.
Jestaedt pour moi la plus cohérente et juste entre sa voix, sa technique et son répertoire. Excellente Fée et surtout une Marie de haute école, parfaitement chantée d'un bout à l'autre et extrêmement émouvante. Une évidence pour moi, un plaisir, mon coup de coeur de la soirée.
Amiel très bon dans le deuxième air de Tonio, même si je trouve la technique pas forcément orthodoxe, et joli Rodolfo, même si je trouve l'air un peu lourd encore pour lui.
Zaïcik, vraiment rien d'un mezzo même si le matériau est splendide. Très belle berceuse de Psyché mais Isabella absolument pas pour elle, même si correctement chantée. Dans ce centre de gravité relativement bas, on entend clairement qu'elle est en réalité soprano. Et j'ai trouvé son imprévu capillaire en fin d'air assez déplacé. Dommage vraiment qu'elle ait choisi la voie mezzo, on tiendrait là un vrai soprano grand lyrique.
Melnik tout jeune et très sincèrement engagé, un beau potentiel... mais qui diable lui a dit de chanter Sigurd et Don José alors qu'il a une voix de ténor mozartien? Sigurd très musical mais avec rien de la voix du rôle et Don José très difficile, aucune note tenue et aigu complètement détimbré. J'espère qu'il s'agit d'une erreur de parcours, parce que la matériau est très prometteur, ce serait dommage de le compromettre aussi tôt.
Bré pas réellement mezzo pour moi non plus, mais l'entre-deux de la Desdémone rossinienne et Lazuli lui conviennent bien. La première superbement musicale et phrasée, et le second très bien fait, avec un aigu qui bouge moins que par le passé.
Lachiri c'est sympathique mais assez commun et pas très puissant ni très étendu, peu marquant.
Orchestre à la dérive par moment et Petitgirard qui ne sait visiblement pas du tout diriger certains répertoires, il a souvent mis les chanteurs en difficulté.
Pour ma part, enthousiasmé par Boudeville et ses magnifiques moyens, en fait la seule grande voix du plateau ; séduit par Bré ; et coup de foudre musical pour Jestaedt, vraiment splendide.