C'est une œuvre que j'ai entendue depuis mon enfance en italien et c'est cette version-là qui m'est restée en mémoire. Je crois bien d'ailleurs n'avoir jamais entendu en français la deuxième version de l'air Je l'ai vue ; en tout cas, je serais bien incapable de la citer...
Don Carlos de Verdi a 150 ans
Re: Don Carlos de Verdi a 150 ans
Re: Don Carlos de Verdi a 150 ans
A votre service !Stefano P a écrit : ↑26 mars 2017, 20:39C'est une œuvre que j'ai entendue depuis mon enfance en italien et c'est cette version-là qui m'est restée en mémoire. Je crois bien d'ailleurs n'avoir jamais entendu en français la deuxième version de l'air Je l'ai vue ; en tout cas, je serais bien incapable de la citer...
https://www.youtube.com/watch?v=AkemF8CkWvY
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Re: Don Carlos de Verdi a 150 ans
On est bien d'accord que le texte Je l'ai vue ... je l'ai perdue ! date de 1883, et sa traduction italienne de 1884?
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884
Soyons précis, c'est assez compliqué comme ça. Le texte de l'air "Je l'ai vue" vient de l'original (pas la musique, révisée pour 1884). C'est le texte du nouveau récitatif "Je l'ai perdue" qui fait partie de la nouvelle rédaction du livret faite par Charles Nuitter en 1883. La traduction italienne de ce nouveau texte fait partie de l'adaptation par Angelo Zanardini (et destinée à La Scala, 1884) de la traduction d'Achille de Lauzières (celle-ci crée à Londres, trois mois après la création parisienne de l'original).David-Opera a écrit : ↑26 mars 2017, 23:06On est bien d'accord que le texte Je l'ai vue ... je l'ai perdue ! date de 1883, et sa traduction italienne de 1884?
Merci beaucoup d'avoir contribué à éclaircir ce point.
Reste un autre problème, difficile à résoudre : si, afin de raconter toute l'histoire dès son origine, on remet en place le I acte original, et dans sa totalité encore (les deux scènes - le collage de Modène, rappelons-le, ne restitue que la seconde, à partir du "Le cerf s'enfuit"), il faudra jouer l'air de Carlos dans la version 1867, en sacrifiant celle de 1884 qu'il est permis de trouver supérieure... Il faudra également, et c'est plus grave, obéir au collage de Modène, en sacrifiant également ce nouveau récitatif (sauf erreur ou omission, réservé au disque aux versions de 4 actes), à moins de suivre "le dernier mot" de Verdi, en sacrifiant celui d'origine ("Au couvent de Saint-Just") pour le remplacer par le nouveau, en y collant (au prix de manipulations suspectes) l'entrée de Rodrigue... Au disque, on peut mettre tout et son contraire, pas au théâtre.
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Re : Don Carlos de Verdi a 150 ans
OK, ce récitatif a été créé pour la version londonienne du 04 juin 1867 (version italienne en 4 actes) pour laquelle Achille de Lauzières, qui supprima l'Acte I et le ballet et effectua de multiples remaniements, anticipa les décisions que Giuseppe Verdi prendra quinze ans plus tard.Autolycus a écrit : ↑27 mars 2017, 09:13Soyons précis, c'est assez compliqué comme ça. Le texte de l'air "Je l'ai vue" vient de l'original (pas la musique, révisée pour 1884). C'est le texte du nouveau récitatif "Je l'ai perdue" qui fait partie de la nouvelle rédaction du livret faite par Charles Nuitter en 1883. La traduction italienne de ce nouveau texte fait partie de l'adaptation par Angelo Zanardini (et destinée à La Scala, 1884) de la traduction d'Achille de Lauzières (celle-ci crée à Londres, trois mois après la création parisienne de l'original).David-Opera a écrit : ↑26 mars 2017, 23:06On est bien d'accord que le texte Je l'ai vue ... je l'ai perdue ! date de 1883, et sa traduction italienne de 1884?
Mais Stefano P relève pourtant que le texte de l'air Io la vidi, al suo sorriso qui suit le récitatif est totalement modifié, ce qui se comprend puisqu'au début de l'acte I il est plein d'espoir, alors qu'en 1884, et sans doute Londres 1867, il est plein de désespoir puisque placé après les évènements de Fontainebleau.
1866/mars 1867 (Paris - traduit en italien)
Io la vidi, al suo sorriso
scintillar mi parve il sole;
come l'alma al paradiso
schiuse a lei la speme, il vol.
Tanta gioia a me prometto
che s' inebria questo cor;
Dio, sorridi al nostro affetto,
benedici un casto amor.
1884 (Milan)
Io la vidi, e il suo sorriso
nuovo un ciel apriva a me !
Ah! per sempre or m'ha diviso
da quel core un padre, un re !
Non promette un dì felice
di mia vita il triste albor...
m'hai rubato, incantatrice,
e cor e speme, e sogni e amor.
Ahimè ! io l'ho perduta ! io l'ho perduta !
Donc Charles Nuitter n'a rien foutu sur cet air en 1883.
Je me trompe? C'est en tout cas passionnant.
Il serait génial que la version parisienne qui sera montée en octobre prochain à Bastille inclut, juste pour le plaisir, cet air, ce qui permettrait d'entendre Kaufmann le chanter à l'acte I, et à l'acte II, comme sous la forme d'un bis, avec un texte et une expression différents. Mais il est vrai que cela ne se justifie pas dramatiquement.
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Re: Don Carlos de Verdi a 150 ans
Voici deux articles qui parlent de cet air.
http://villasperanza.blogspot.fr/2015/0 ... verdi.html
http://www.wikiwand.com/en/Don_Carlos
J'en comprends ceci :
1. La cavatine ' Je l'ai vue, et dans son sourire, dans ses yeux pleins d'un feu charmant,...Dieu bénit nos chastes amours!' est composée par Verdi en 1866 sur le livret de Mery et du Locle et interprétée au début du premier acte en mars 1867 à Paris.
2. Dès 1866, Achille de Lauzières traduit le texte en italien. Le texte de la cavatine présenté le 04 juin 1867 à Londres, pour la version 4 actes, devient 'Io la vidi, al suo sorriso scintillar mi parve il sole...benedici un casto amor', et est déplacé juste avant le trio. La forme musicale de l'air n'est pas modifiée.
3. En 1882/1883, Charles Nuitter révise le livret français pour la version 4 actes qui est traduit en italien par Angelo Zanardini. Le texte de la cavatine du premier acte est réécrit et traduit par 'Io la vidi, e il suo sorriso nuovo un ciel apriva a me !...e cor e speme, e sogni e amor' , le récitatif 'je l'ai perdue' est ajouté, traduit par 'Io l'ho perduta! Oh potenza suprema!'. La musique est, elle aussi, révisée par Verdi.
http://villasperanza.blogspot.fr/2015/0 ... verdi.html
http://www.wikiwand.com/en/Don_Carlos
J'en comprends ceci :
1. La cavatine ' Je l'ai vue, et dans son sourire, dans ses yeux pleins d'un feu charmant,...Dieu bénit nos chastes amours!' est composée par Verdi en 1866 sur le livret de Mery et du Locle et interprétée au début du premier acte en mars 1867 à Paris.
2. Dès 1866, Achille de Lauzières traduit le texte en italien. Le texte de la cavatine présenté le 04 juin 1867 à Londres, pour la version 4 actes, devient 'Io la vidi, al suo sorriso scintillar mi parve il sole...benedici un casto amor', et est déplacé juste avant le trio. La forme musicale de l'air n'est pas modifiée.
3. En 1882/1883, Charles Nuitter révise le livret français pour la version 4 actes qui est traduit en italien par Angelo Zanardini. Le texte de la cavatine du premier acte est réécrit et traduit par 'Io la vidi, e il suo sorriso nuovo un ciel apriva a me !...e cor e speme, e sogni e amor' , le récitatif 'je l'ai perdue' est ajouté, traduit par 'Io l'ho perduta! Oh potenza suprema!'. La musique est, elle aussi, révisée par Verdi.
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Re: Re : Don Carlos de Verdi a 150 ans
Mais non, la modification a d'abord été faite en français :David-Opera a écrit : ↑27 mars 2017, 10:09Donc Charles Nuitter n'a rien foutu sur cet air en 1883.
Je me trompe? C'est en tout cas passionnant.
Version de 1866 :
Je l'ai vue, et dans son sourire,
dans ses yeux pleins d'un feu charmant,
tout ému, mon cœur a pu lire
le bonheur de vivre en l'aimant.
Avenir rempli de tendresse !
Bel azur dorant tous nos jours !
Dieu sourit à notre jeunesse,
dieu bénit nos chastes amours !
Version modifiée de 1883, effectuée par Nuitter (voir la lettre que lui envoie Verdi en septembre 1882 : "Après quelques paroles d'un récitatif animé ("Il me l'a ravie..."), le Souvenir de Fontainebleau et la cavatine de l'ancien premier acte en changeant le texte.") :
Je l'ai vue et dans un sourire,
elle a pris mon âme à jamais,
je mourrai sous le doux empire
de sa grâce et de ses attraits.
Mon printemps n'a plus de promesses,
mon été sera sans beaux jours,
j'ai perdu dans l'enchanteresse,
mon cœur ma vie et mes amours !
Hélas, je l'ai perdue, je l'ai perdue !
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Re: Re : Don Carlos de Verdi a 150 ans
Oui, je me suis repris dans le post qui a suivi.Stefano P a écrit : ↑27 mars 2017, 15:21Mais non, la modification a d'abord été faite en français :David-Opera a écrit : ↑27 mars 2017, 10:09Donc Charles Nuitter n'a rien foutu sur cet air en 1883.
Je me trompe? C'est en tout cas passionnant.
David-Opera a écrit :
3. En 1882/1883, Charles Nuitter révise le livret français pour la version 4 actes qui est traduit en italien par Angelo Zanardini. Le texte de la cavatine du premier acte est réécrit et traduit par 'Io la vidi, e il suo sorriso nuovo un ciel apriva a me !...e cor e speme, e sogni e amor' , le récitatif 'je l'ai perdue' est ajouté, traduit par 'Io l'ho perduta! Oh potenza suprema!'. La musique est, elle aussi, révisée par Verdi.
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Re: Don Carlos de Verdi a 150 ans
Il faut préciser que toutes les modifications introduites à Londres (dont la suppression du 1er acte) l'ont été non pas par Verdi, mais par le chef Sir Michele Costa, sans que Verdi ait été consulté. Budden remarque combien certaines décisions anticipent celles de Verdi de 1883 - sauf celle touchant l'air qu'il a condamnée ex post.David-Opera a écrit : ↑27 mars 2017, 14:382. Dès 1866, Achille de Lauzières traduit le texte en italien. Le texte de la cavatine présenté le 04 juin 1867 à Londres, pour la version 4 actes, devient 'Io la vidi, al suo sorriso scintillar mi parve il sole...benedici un casto amor', et est déplacé juste avant le trio. La forme musicale de l'air n'est pas modifiée.