Technique de repérage des suraigus

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Re: Technique de repérage des suraigus

Message par valery » 04 août 2016, 07:25

En dehors du repérage de la fréquence d'un aigu, il y aussi un sujet annexe à ce thème "repérage des suraigus": deviner si le chanteur va le donner ou non. (Je mets de côté les enregistrements studio, car en studio le chanteur est en forme et chante tout; et en cas d'incident, les ingénieurs du son font des miracles.)
Exemple hier dans La Traviata d'Orange : si la soprano ne chante pas toutes les phrases finales du "Sempre libera", c'est qu'elle se ménage, assure ses arrières et prépare un contre-mi bémol. En revanche si le ténor chante toutes les mesures finales de "O mio rimorso", on peut faire une croix sur le contre-ut.
Bon, je sais, il y a des exceptions : certains chanteurs chantent toutes les notes et ajoutent le suraigu, mais en direct, ce n'est pas le cas majoritaire.
D'ailleurs il y a des exemples nombreux de chanteurs et de chanteuses qui ne chantent plus du tout leurs dernières mesures (écrites pourtant sur la partition) pour mieux balancer l'aigu... ou le tenir plus longtemps, c'est de bonne guerre.

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Re: Technique de repérage des suraigus

Message par jean-didier » 04 août 2016, 07:46

muriel a écrit :il faut que je réécoute
dans le CD Arias for Rubini, il y a un truc vachement haut :?
Dans une interview ou même dans le texte d'accompagnement du CD, il est dit qu'il fait un contre-mi bémol (ce qui serait un record pour Florez qui ne dépasse pas le ré) je crois dans l'air de Marino Faliero. Mais je ne l'ai jamais repéré.

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Re: Technique de repérage des suraigus

Message par jean-didier » 04 août 2016, 07:52

valery a écrit :En dehors du repérage de la fréquence d'un aigu, il y aussi un sujet annexe à ce thème "repérage des suraigus": deviner si le chanteur va le donner ou non. (Je mets de côté les enregistrements studio, car en studio le chanteur est en forme et chante tout; et en cas d'incident, les ingénieurs du son font des miracles.)
Exemple hier dans La Traviata d'Orange : si la soprano ne chante pas toutes les phrases finales du "Sempre libera", c'est qu'elle se ménage, assure ses arrières et prépare un contre-mi bémol. En revanche si le ténor chante toutes les mesures finales de "O mio rimorso", on peut faire une croix sur le contre-ut.
Bon, je sais, il y a des exceptions : certains chanteurs chantent toutes les notes et ajoutent le suraigu, mais en direct, ce n'est pas le cas majoritaire.
D'ailleurs il y a des exemples nombreux de chanteurs et de chanteuses qui ne chantent plus du tout leurs dernières mesures (écrites pourtant sur la partition) pour mieux balancer l'aigu... ou le tenir plus longtemps, c'est de bonne guerre.
Quand Gruberova chantait Roberto Devereux à Vienne au début des années 2000, il y avait quasiment un code : quand elle faisait le contre-ré à la fin du duo avec Roberto, elle ne faisait pas le contre-mi à la fin de l'acte 2 (pour garder des forces j'imagine). Un soir elle a fait le contre-ré du duo donc les aficionados avaient une croix sur le mi. Arrive la stretta du finale de l'acte 2 et elle tient indéfiniment le la aigu à la presque fin, elle prend une toute petite respiration et lance un contre-mi énorme et parfaitement placé. L'effet de surprise a rendu le public dingue !
Il y a aussi le cas inverse, le ou la chanteuse s'arrête de chanter sur les dernières mesures et change d'avis et ne fait pas d'aigu. ça me fait penser à un athlète qui a mal pris sont élan pour le saut en hauteur et qui renonce à sauter. Bryan Hymel a fait le coup récemment à Bastille dans la cabalette d'Alfredo. Dans l'enregistrement de la Traviata avec Zeani (studio pourtant), le ténor fait pire dans cet air : il chante les "l'a--vero" "l'a--vero" sur les syncopes fa----si do fa----si do et après ... plus rien ! (il ne fait même pas le sol tenu sur l"aaaaaaaaaaaaa-vero).

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Re: Technique de repérage des suraigus

Message par PlacidoCarrerotti » 04 août 2016, 08:38

enrico75 a écrit :et il faut rajouter pour Alfredo Kraus" je crois l 'entendre encore" des pécheurs de perles transcrit un demi ton plus haut avec un magnifique contre ré bémol final.
C'est ta platine qui tourne trop vite ...
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Re: Technique de repérage des suraigus

Message par PlacidoCarrerotti » 04 août 2016, 08:39

altini a écrit :
PlacidoCarrerotti a écrit :
jean-didier a écrit :
MariaStuarda a écrit :
jean-didier a écrit :Attendez, je vais transférer dans un autre fil que je viens de créer dans "On en parle".
OUI OUI et mets moi des extraits de Voldemort que je m'y retrouve dans cette forêt d'ut !
Quelques réponses à toi et à Jean-Didier ici : https://www.youtube.com/watch?v=ToUigvRR2ZQ (La Favorita, Madrid, 1992)

- Premier air de Fernando (un seul couplet) : ut dièse à 12.20.
- Pas d’ut dièse à la fin du duo avec Balthazar à 16.20 (l’aigu que fait Florez).
- Ut à l’unisson dans le duo avec Verrett à 32.30.
- Air « Oui, l’amour m’inspire » coupé (existe-t-il en italien ?).
- Cabalette de Verrett : ut à 1.17.42 et 1.18.29.
- Ut pour Kraus seul dans le finale du III à 1.39.19 (en concert à Carnegie Hall en 74, Verrett le fait).
- Ut quasi morrendo dans le grand air du IV à 1.56.56.
- Finale du IV ut à 2.21.30, ut dièse à 2.21.32, et ut rapide en redescendant à 2.21.34.
Le divin Alfredo avait quand même 65 ans :eyes: C'est vraiment ahurissant :Jumpy:
Et donc c'est à cette soirée que je lui avais demandé pour son aigu final, et qu'il m'avait dit "quand on vieillit il faut donner davantage si on veut continuer à surprendre".
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Re: Technique de repérage des suraigus

Message par altini » 04 août 2016, 12:22

En plus, il ne voulait plus chanter Les Puritains parce que c'était "inhumain". Quand on l'entend dans La Favorite, on se demande ce qu'il trouvait de plus difficile dans Les Puritains.(il ne faisait pas le contre-fa!) 8O

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Re: Technique de repérage des suraigus

Message par PlacidoCarrerotti » 04 août 2016, 12:57

altini a écrit :En plus, il ne voulait plus chanter Les Puritains parce que c'était "inhumain". Quand on l'entend dans La Favorite, on se demande ce qu'il trouvait de plus difficile dans Les Puritains.(il ne faisait pas le contre-fa!) 8O
Les Puritains, ça monte jusqu’au ré. Kraus les a chantés jusqu'en 78 je crois, comme Pavarotti qui était 8 ans plus jeune.

Mais je ne pense pas que ce soit ça le fond du problème : Blake, Merritt et Florez ont aussi eu du mal avec ce rôle (et les aigus de Pavarotti à la scène, ce n’était pas très beau).

Je pense que le problème vient de la grande scène « Corre a valle, corre a monte » qui est assez longue et très centrale. Elle réclame une certaine largeur de voix. Et puis, paf, derrière, il faut balancer deux contre ré et un contre ut dans le duo avec Elvira, puis ut dièse et fa (ou deux ut dièses) dans le dernier air du ténor. Comme disait Callas « Ma voix n’est pas un ascenseur » et quand on la tire trop vers le bas, la capacité à attraper l’aigu s’en ressent, ce que j’ai souvent constaté dès qu’un chanteur « aigu » s’attaque à un rôle trop grave.
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Re: Technique de repérage des suraigus

Message par PlacidoCarrerotti » 04 août 2016, 13:05

A propos des Puritains, il y a un truc indispensable à repérer dans le finale du I quand Elvira chante "Ah! vieni al tempio", ce sont les 3 contre ut suivi d'un contre ré sur "Ah vien !".

Ici à 1.13.15 : "I Puritani" di Vincenzo Bellini (opera completa) - Opera di Firenze 28-01-2014

Gruberova ne le faisait pas à sa prise de rôle à Bregenz (pas terrible, beaucoup de coupures) puis l'a fait par la suite (notamment au Met où elle a été magnifique ... mais c'était Bonynge qui dirigeait !).
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Re: Technique de repérage des suraigus

Message par jean-didier » 04 août 2016, 13:07

PlacidoCarrerotti a écrit :
altini a écrit :En plus, il ne voulait plus chanter Les Puritains parce que c'était "inhumain". Quand on l'entend dans La Favorite, on se demande ce qu'il trouvait de plus difficile dans Les Puritains.(il ne faisait pas le contre-fa!) 8O
Les Puritains, ça monte jusqu’au ré. Kraus les a chantés jusqu'en 78 je crois, comme Pavarotti qui était 8 ans plus jeune.
.... et même jusqu'en 1992 en studio dans l'air du Crociato in Egitto !
PlacidoCarrerotti a écrit : Mais je ne pense pas que ce soit ça le fond du problème : Blake, Merritt et Florez ont aussi eu du mal avec ce rôle (et les aigus de Pavarotti à la scène, ce n’était pas très beau).
Je pense que le problème vient de la grande scène « Corre a valle, corre a monte » qui est assez longue et très centrale. Elle réclame une certaine largeur de voix. Et puis, paf, derrière, il faut balancer deux contre ré et un contre ut dans le duo avec Elvira, puis ut dièse et fa (ou deux ut dièses) dans le dernier air du ténor. Comme disait Callas « Ma voix n’est pas un ascenseur » et quand on la tire trop vers le bas, la capacité à attraper l’aigu s’en ressent, ce que j’ai souvent constaté dès qu’un chanteur « aigu » s’attaque à un rôle trop grave.
Le rôle est dans une zone beaucoup plus tendue que celui de la Favorite et tout le temps, même dans la polonaise l'accompagnement d'Arturo est écrit quasiment que dans la quinte aiguë. Sinon je persiste et signe, ce sont des ré bémol dans Credeasi miseri (le morceau est en ré bémol majeur, ut dièse ça n'a pas de sens harmoniquement dans ce contexte). Le seul ut dièse c'est dans son entrée.

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Re: Technique de repérage des suraigus

Message par jean-didier » 04 août 2016, 13:09

PlacidoCarrerotti a écrit :A propos des Puritains, il y a un truc indispensable à repérer dans le finale du I quand Elvira chante "Ah! vieni al tempio", ce sont les 3 contre ut suivi d'un contre ré sur "Ah vien !".

Ici à 1.13.15 : "I Puritani" di Vincenzo Bellini (opera completa) - Opera di Firenze 28-01-2014

Gruberova ne le faisait pas à sa prise de rôle à Bregenz (pas terrible, beaucoup de coupures) puis l'a fait par la suite (notamment au Met où elle a été magnifique ... mais c'était Bonynge qui dirigeait !).
Après, elle a pris le pli, même sans Bonynge, toutes les chanteuses le font ... sauf Ricciarelli et Caballé bizarrement ! Mosuc chante un contre-fa tenu à la fin de la stretta.

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